Cela faisait quatre heures. Quatre putains d'heures que je contemplais ce sachet rempli de poudre blanche qui se trouvait sur ma table de nuit, alors que j'étais assis contre le flanc gauche de mon lit, genoux rempliés contre moi-même et bras posés dessus.
La journée avait été plus rude de ce que j'avais prévu et depuis le chemin de retour à Fairfield, je n'avais cessé de penser au fait de me shooter afin d'oublier tout ce qui s'était déroulé pendant ma visite au cimetière de Mountain View, à Oakland.
J'étais tellement à cran que j'avais à nouveau fait une crise de panique alors que je conduisais, m'obligeant encore une fois à m'arrêter sur le côté de route pour ne pas avoir un accident. J'étais tellement en colère que j'aurais pu faire un massacre, sentant cette haine grandir en moi à chaque nouvelle respiration, à chaque nouveau battement de cœur.
Elle était venue, elle avait osé. Cette femme n'avait vraiment honte de rien. Lorsque j'étais arrivé près de la tombe de ma sœur, après avoir acheté un bouquet de violettes – ses fleurs préférées –, quelle n'avait pas été ma surprise en retrouvant celle qui m'avait donné la vie en compagnie d'une équipe de tournage en train de verser ses larmes de crocodiles.
Cela faisait sept années que je n'avais plus vu sa tête, hormis à la télévision, mais en voyant ces caméramans et cette femme en train de l'interviewer devant le tombeau de ma jumelle, j'avais pété un câble. Elle se servait de la mort de sa propre fille pour se faire bien voir auprès du public. Ils voulaient connaître la vraie Beverly Hutton ? Je leur avais donné de quoi faire. Ainsi, je les avais menacés de les poursuivre en justice si jamais ils osaient diffuser l'interview de ma génitrice en se servant de la mort de ma sœur. Et je ne bluffais jamais.
Lorsqu'elle m'avait vue, Beverly ne m'avait même pas reconnu. Elle m'avait regardé pendant quelques instants et n'avait su qui j'étais que lorsque j'avais déposé les fleurs sur la pierre tombale et que j'avais dit à cette journaliste de la NBC de ne pas croire une seule des paroles de cette femme. Au moment où j'avais dit que c'était une personne égoïste qui n'en avait jamais rien eu à foutre de ses enfants, elle avait saisi qui j'étais.
À cause d'elle, je n'avais même pas pu me recueillir sur la tombe de ma sœur et lui rendre hommage, elle avait absolument tout gâché.
J'étais parti le premier, mais elle m'avait suivie en sautillant sur ses talons vertigineux qui s'enfonçaient dans la terre du cimetière. Oui, on pouvait dire que cette femme avait le sens pratique. Elle était habillée sur son trente-et-un avec des vêtements qui n'étaient pas dignes d'une personne frôlant la cinquantaine. Elle avait également étiré son visage, on aurait dit un masque. À chaque année qui passait, elle ressemblait plus à une poupée de cire sans la moindre expression. Elle était refaite de la tête aux pieds et refusait de vieillir, c'était vraiment désolant.
Elle m'avait hélé, mais je ne m'étais pas arrêté un seul instant, ni n'avait jeté de regards en arrière. Elle ne signifiait absolument rien pour moi, si elle avait envie de donner une interview pour se faire plaindre de sa vie « dure » et « éprouvante », elle pouvait parfaitement le faire, mais pas aux dépends de ma sœur. Elle n'utiliserait pas sa mort pour se faire de la pub, surtout lorsqu'elle était majoritairement responsable de ce qui lui était arrivé.
— Jayden ! avait-elle dit en m'attrapant par le bras au moment où j'arrivais près de ma voiture. Nous devons parler !
Je m'étais dégagé si brusquement qu'elle avait vacillé en arrière. Parler ? Après sept ans... elle voulait causer ? J'étais parti d'un fou rire, avant de lui dire d'aller voir ailleurs si j'y étais.
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Si Jamais... (Tome 1) ©
Любовные романыLiv est une jeune fille ouverte, souriante, qui n'hésite jamais à faire le premier pas ni à dire ce qu'elle pense. Arrivée dans une nouvelle ville pour des raisons plus ou moins sombres, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour s'intégrer et ne...