Chapitre 76 Cole

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Couché sur mon lit, les mains derrière la tête, je fixai le plafond de ma chambre en cette fin de journée.

Olivia était rentrée du lycée et s'était immédiatement enfermée dans la pool-house, sa mère l'ayant punie à cause de ce qui était arrivé vendredi. Non seulement elle ne lui avait pas dit où elle allait, mais elle avait également éteint son portable. Lorsque nous étions rentrés samedi après notre visite à la prison de Vacaville, à des intervalles différents afin de ne pas éveiller les soupçons, Olivia m'avait écrit pour me dire qu'elle était punie jusqu'à nouvel ordre à cause de son imprudence. Mais heureusement, elle avait pu parler avec sa mère de Graham Porter, l'avocat vers qui l'avait dirigé Sheppard.

Ça faisait quatre jours que nous nous voyions seulement pendant le temps de trajet de la maison au lycée et que nous faisions profil bas, sécher encore les cours n'était pas une option. Nous ne devions pas nous faire remarquer et avec Piper sans cesse dans les parages, il fallait que nous soyons plus prudents que jamais auparavant. Je ne pouvais même pas la rejoindre une fois la nuit venue dans sa chambre, c'était bien trop risqué et je n'étais pas assez débile pour l'exposer de la sorte. Je crevais d'envie de passer mes nuits avec elle, allongé à ses côtés, même si je ne dormais pas, la voir le faire m'apaisait suffisamment pour me permettre de me reposer, mais je devais me montrer malin et me laisser porter par mes émotions ne le serait nullement.

Mon téléphone se mit à vibrer et je vis qu'il s'agissait d'un appel d'Elijah, à qui j'avais dit pour ma relation avec Liv. Sa réaction ? Il avait éclaté de rire et n'avait cessé de répéter qu'il le sentait depuis la fête chez Greg, qu'il y avait autre chose entre nous que de la révulsion. Cependant, il avait été beaucoup moins amusé lorsque je lui avais raconté pour Jake et Alex et qu'Olivia était la personne que son frère devait trouver. Là, il était devenu complètement livide et franchement, je le comprenais. C'était dingue comment nos vies étaient liées les unes aux autres, je n'en avais jamais été aussi conscient.

Après avoir poussé un soupir, je décrochai :

— Quoi ?

— J'ai pas le droit de t'appeler maintenant ?

— Qu'est-ce qu'il y a ? Je te manque ? ironisai-je en me redressant et en m'asseyant au bord de mon lit.

Il ricana et se racla la gorge avant de poursuivre.

— Je croyais avoir été clair, tu n'es pas mon genre !

Ce fut à mon tour de rire à gorge déployée. Nous charrier mutuellement était une habitude désormais, jamais je n'aurais pu demander un meilleur ami pareil. Je me souvenais de la première fois où l'on s'était rencontrés, près de deux ans auparavant, à mon arrivée au lycée de Fairfield. Je m'apprêtai à sécher un cours lors de mon premier jour et lorsque je m'étais fait prendre en plein couloir par le concierge des lieux, il était venu à mon secours en disant à l'homme que c'était ma première journée et que je m'étais perdu. En effet, je ne l'avais pas remarqué, mais il était au secrétariat lorsque je m'y étais rendu ce matin-là, accompagné par mon père.

Voilà comment avait commencé notre amitié, alors qu'il m'avait sauvé la peau des miches. Elijah était l'homme de toutes les situations, grâce à son charisme et son air bon enfant, il arrivait à embobiner n'importe qui.

— C'était juste pour te dire qu'un gars de mon lycée va faire une fête ce vendredi, ça te dit de venir ?

Je grimaçai, pour être honnête, je n'en avais pas vraiment envie.

— J'en sais rien, ronchonnai-je en me mordant l'intérieur de la joue.

Cela faisait quelques semaines que je me retrouvais éloigné de l'alcool, et franchement, je ne tenais pas spécialement à déraper comme à chaque fois que je me rendais dans l'une de ces soirées. Je m'étais débarrassé de la bouteille de whisky que j'avais dans ma chambre, en plus du sachet de coke, mais cela ne voulait pas dire que ce n'était pas dur pour autant. Je ne pouvais pas changer du jour au lendemain, pas alors que c'était ancré en moi depuis un certain temps. L'alcool m'avait aidé depuis mes quatorze ans à gérer mes états d'âme ainsi qu'à faire taire cette petite voix dans ma tête qui, depuis désormais plus de deux semaines, semblait s'être évaporée. Toutefois, j'avais peur de retomber dans ce cercle vicieux et pour m'en sortir, je devais admettre que j'avais un problème avec la boisson. Sans doute ne pourrais-je plus jamais retoucher une seule goûte de ma vie.

Si Jamais... (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant