Chapitre 60 Olivia

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Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien, aussi légère. Au fond de moi, je savais que j'aurais dû me sentir coupable, mais il n'en était rien. Lorsque j'étais auprès de Cole, tous mes soucis quittaient mon esprit et je ne faisais que vivre l'instant présent. J'ignorais comment l'expliquer, mais c'était ce que je vivais à ses côtés.

Chaque nuit depuis quatre jours, je laissai la fenêtre de ma chambre ouverte pendant la nuit et à partir de minuit, heure à laquelle ma mère était officiellement dans son lit au manoir, il fuguait pour venir me rejoindre. C'était excitant, ainsi qu'amusant.

Nous parlions, de tout et de rien, racontions des anecdotes qui nous donnaient le sourire, en rapport à notre passé, lorsque tout allait bien. Jayden parlait beaucoup d'Amara et des souvenirs qu'il avait avec elle, ce n'était jamais des choses tristes, mais joyeuses qui me renvoyaient toujours vers ma propre expérience de jumelle. Mon cœur se serrait à l'idée de devoir lui cacher l'existence d'Alex, à chaque jour qui passait, j'avais de plus en plus envie de lui raconter toute la vérité... sauf que tous les mensonges que j'avais proférés jusqu'à maintenant me l'empêchaient. Que penserait-il une fois qu'il saurait de quoi il était véritablement question ? Je savais qu'il m'en voudrait, alors je gardais le silence, même si j'avais l'impression que ce dernier me consumait un peu plus chaque jour.

Mais sous ses caresses et ses baisers, j'en oubliais jusqu'au fil de mes pensées. Lors de ces moments, plus rien n'avait d'importance, hormis lui et moi.

Je le découvrais sous divers aspects, il est doux, tendre, rigolo... il me faisait vraiment tourner la tête. Il adorait les livres et le cinéma, mais avec un gros problème avec les adaptations cinématographiques de livres, il était pointilleux jusqu'au moindre détail. Ainsi, il m'avait avoué, il ne regardait aucun film issu d'un livre qu'il aurait lu avant. Et il ne lisait jamais de livre s'il avait déjà vu le film. Pour lui, c'étaient deux univers différents qui ne devaient pas être mélangés, au risque de ne plus apprécier.

Il m'avait beaucoup questionné par rapport à ma passion pour la photographie. Quand cela avait commencé et pourquoi. Je lui avais tout raconté sans omettre le moindre détail, hormis tout ce qui avait un rapport avec Alex bien évidemment. Pour faire court, lorsque j'étais petite, je croyais vraiment qu'en prenant un cliché, ce dernier resterait à jamais gravé dans ma mémoire et qu'il me serait donc impossible de l'oublier. Je pensais que l'appareil photo était un objet magique qui saisissait ces instants et les gravait à jamais dans notre mémoire.

Les croyances d'une petite fille, rien de plus. En réalité, tout avait commencé lorsque ma grand-mère avait été diagnostiquée de la maladie d'Alzheimer. Nous étions petits, Alex et moi, pas plus de cinq ans si ma mémoire était bonne. Cela faisait quelque temps déjà qu'elle oubliait certaines choses ou en faisait d'autres très bizarres, comme ne pas éteindre le gaz ou encore se promener dans la rue et ne pas être capable de rentrer à la maison. Certains détails que ma mère avait remarqué au fil du temps et qui avaient fini par prendre de l'ampleur, à un tel point, qu'elle n'avait plus pu prendre soin de ses petits-enfants.

Après son diagnostic, ma mère nous avait expliqué au mieux à Alex et à moi ce qui lui arrivait. Nous étions peut-être petits, mais nous avions compris que c'était quelque chose de très grave et que notre mamie bientôt n'aurait plus aucun souvenir de nous. À l'époque, j'étais tellement triste que ma mère m'avait offert ma première caméra jetable en me certifiant qu'elle était magique et que tous les clichés que je prendrais, perdureraient pour l'éternité. Alors j'avais commencé à tout photographier et à chaque fois que j'allais voir ma grand-mère dans sa résidence, je les lui montrais. Chaque semaine pendant un an, jusqu'à ce qu'elle cesse de parler ainsi que de marcher. La maladie l'avait frappée de plein fouet et l'avait ravagée. Elle s'était éteinte à petit feu pendant trois ans. À la fin, elle était en état végétatif. J'avais huit ans à l'époque.

Si Jamais... (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant