Chapitre 62 Olivia

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Je n'arrivais pas à quitter Ivy du regard.

Ce que Jake m'avait dit à peine trois heures plus tôt ne cessait de me turlupiner l'esprit. Était-ce vrai ? Avait-elle menti quant à l'agression de mon protecteur pour couvrir son père ? Cela me semblait tout bonnement insensé, Ivy n'était pas ce genre de personne, je le savais. Elle était douce, bienveillante, alors pourquoi faire quelque chose d'aussi mesquin à quelqu'un ?

— Je suis vraiment contente de te connaître enfin, Ivy, dit ma mère, aux anges.

Mon amie et moi donnions en cet instant un coup de main en cuisine. J'avais certes promis qu'il y aurait des pizzas, mais ma génitrice voyait les choses autrement. Elle avait accueilli Ivy les bras ouverts et ne m'avait posé aucune question quant à sa venue, je lui avais simplement annoncé qu'elle resterait dormir et que nous utiliserions sans aucun doute la salle de cinéma du manoir. Je m'étais attendue à ce qu'elle réplique, mais au contraire, elle m'avait souri et serrée dans ses bras.

Elle savait que j'avais perdu tous mes amis à L.A, par conséquent savoir que je m'intégrais à Fairfield devait sans aucun doute lui enlever un poids considérable des épaules. Bien qu'elle le cache à la perfection, elle s'inquiétait énormément pour ma vie sociale, et connaître Ivy lui certifiait que petit à petit, je trouvais ma place dans cette nouvelle ville.

— Que font tes parents dans la vie, ma belle ?

— Mon père est inspecteur de police et ma mère est femme au foyer.

En entendant le métier de son paternel, ma mère qui était en train de couper des carottes en lamelles, s'arrêta un instant et je la vis retenir son souffle ainsi que perdre un peu de couleur. Toutefois, elle se ressaisit rapidement.

— Tu as des frères ou des sœurs ? demanda-t-elle en reprenant sa tâche.

— Une sœur aînée, elle étudie à l'UCLA depuis quatre ans, je ne la vois pas souvent.

Chaque fois qu'Ivy parlait de sa sœur Kelly, je sentais comme une espèce d'angoisse la submerger. Je savais que depuis qu'elle était partie faire ses études supérieures, sa sœur avait évité de retourner chez ses parents, elle les esquivait, même en laissant de côté Ivy, qui semblait pourtant avoir son aînée en très grande estime.

— Ce ne doit pas être aisé pour tes parents non plus, je me doute, continua ma mère en ouvrant le four pour sortir le rôti et en insérant un récipient rempli de divers types de légumes.

Je me doutais que c'était pour Cole, étant donné que nous, nous allions manger du rôti de porc avec de la purée de pommes de terre et des haricots vers. J'en connaissais une qui allait sauter de joie et qui allait tout faire pour narguer son frère.

— Ils s'y font, ils comprennent que ses études sont très importantes, finit par répondre mon amie après un bref moment d'hésitation.

Elle avait beau dire ça, mais je sentais que ce n'était pas du tout ça. Elle m'avait une fois dit que sa sœur vivait avec un garçon et qu'ils n'étaient pas mariés, ça ne devait pas du tout faire plaisir à ses parents si croyants et stricts. Je me doutais qu'ils n'avaient même pas envie de voir leur fille tant qu'elle vivrait dans le « pêché ». Parfois, j'avais vraiment du mal à croire qu'encore à notre époque certaines personnes continuent à voir les choses ainsi, je trouvais ça tellement démodé et ancien. Je n'arrivais pas à comprendre comment des parents pouvaient renier un enfant juste parce qu'il décidait de suivre sa propre voie.

— Eastridge Hills n'a pas vraiment changé, remarqua Ivy. Je venais beaucoup autrefois, il y a quelques années, mais depuis, je n'y ai plus remis les pieds. Le quartier est exactement comme dans mes souvenirs.

Si Jamais... (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant