Les années passent, mais ton souvenir perdure, du moins, dans mon esprit même si ce dernier me fait souvent défaut.
Je nous revois, âgés de sept ans, courant dans le jardin de notre maison à San Francisco. Ta main dans la mienne, promettant de toujours nous soutenir l'un l'autre, malgré le fait que nos parents se séparent. Pardonne-moi petite sœur, je t'ai fait défaut.
Je revis tous les jours cette journée, il n'y a pas une seconde de ma vie où je ne pense pas à toi, à ce que nous avons subi. À ce que tu as enduré. À comment on nous a volé notre innocence et cette vie qui nous appartenait de droit. À comment le silence peut détruire à ce point quelque chose que l'on aime.
Je ne cesse d'y penser, encore et encore... Mais je ne trouve pas de réponses, car tout simplement, il n'y en a pas. J'ai essayé de pardonner, de passer outre, mais cela m'est tout bonnement impossible. Jamais je ne pourrai pardonner cet homme pour ce qu'il nous a fait.
La haine dans mon cœur ne cesse d'accroitre à chaque journée qui passe, je n'arrive pas à m'en défaire et je sens qu'elle est en train de me tuer de l'intérieur. J'ai toujours autant de mal à concilier le sommeil, à vrai dire, je le crains. J'ai peur de mes rêves, car je sais qu'ils n'en sont pas. Mon subconscient prend un malin plaisir à faire ressortir à la surface des moments de ma vie que je donnerais tout pour effacer.
Tout serait beaucoup plus simple si tu étais là, mais à cause de moi, de ma lâcheté, ce n'est pas le cas. Si seulement j'avais ouvert la bouche et crié... mais j'avais peur, terriblement. Cet homme hante encore mes cauchemars et dans ces derniers, j'entends seulement sa voix, mais elle suffit pour me terrifier.
Malgré le fait que je grandisse, tu seras toujours une enfant pour moi, Amara. Jamais je ne pourrais t'imaginer autrement qu'avec tes couettes et ton uniforme scolaire. Lorsque je pense à toi, c'est la première image qui me vient à l'esprit.
L'amour que je te porte grandit à chaque journée qui passe. Notre père me dit de tourner la page, que cela fait sept ans que tu es partie, mais comment le pourrais-je ? Cela m'est juste inconcevable. Pour lui, oublier est la seule solution. Pour moi ? Faire comme si tu n'avais jamais existé est sans aucun doute la plus grande des traitrises.
Voilà pourquoi je t'écris aussi souvent que possible.
Je considère ce journal comme une connexion directe avec toi, avec ton esprit, même si je sais que tu ne peux pas me lire ni me comprendre, étant donné que tu n'es tout simplement plus. Mais le fait de parler à ma sœur m'apaise et me réconforte, comme lorsque nous étions petits. Nous nous disions tout.
Tu t'en souviens, Amara ? Tu étais toujours celle qui venait me réconforter lorsque je me blessais ou me défendais lorsque quelqu'un s'en prenait à moi à l'école. Tu étais la lumière de mon existence, celle qui égayait mes journées et éclairait mes nuits. Depuis, j'erre dans les ténèbres, ne pouvant trouver mes repères, avec une sensation perpétuelle de manque. C'est un vide constant, comme si j'avais été privé d'une partie de moi-même.
Mes journées à Fairfield n'ont aucun sens, ma vie n'en a aucun. Plus d'une fois, j'ai pensé à en finir, l'idée ne m'est pas désagréable, après tout, je ne manquerais à personne. Je crois même que père serait heureux d'être débarrassé de ma personne si nuisible pour lui et sa nouvelle petite famille parfaite. Si tu savais à quel point je le déteste.
Je l'ai en horreur, ne voyant que le bout de son nez, comme toujours, désormais n'ayant de yeux que pour sa jeune harpie de femme.
Amara, j'étouffe ici. J'ai l'impression de mourir à petit feu à chaque journée qui passe et tout le monde s'en fiche. J'ai beau dire que je n'ai besoin de personne, j'aimerais que quelqu'un me tende la main et s'intéresse véritablement à moi.
Mes libertés diminuent dans cette maison, me donnant l'impression d'être un oiseau en cage.
Et après, il y a Olivia. Tu t'entendrais sans aucun doute bien avec elle. Une fille de feu au caractère bien trempé, elle n'hésite jamais à me remettre à ma place ou même à me faire du chantage. Au début, elle m'insupportait, mais je me suis rendu compte qu'en réalité j'aimais nos prises de bec. La sortir de ses gonds est pour ainsi dire mon nouvel hobby. L'arrivée d'Olivia Vega est sans aucun doute la chose la plus excitante qui se soit passé dans ma vie depuis un bout de temps.
Elle chamboule absolument tout autour de moi et même si je fais semblant de ne pas pouvoir la supporter, dans le fond, je l'apprécie... un peu. Elle dit toujours ce qu'elle pense et quelque chose me dit que sa vie avant d'arriver à Fairfield n'a pas été du tout aisée. J'ai la sensation qu'elle cache quelque chose, tout comme moi.
Et même si je sais que je dois me tenir loin d'elle, ma curiosité l'emporte sur tout le reste. Tu me connais, tu sais bien que j'ai toujours aimé découvrir les vérités cachées. Elle m'attire à chaque journée qui passe un peu plus, tel un papillon de nuit séduit par la lumière.
Il n'empêche que cette fille me tue. Sais-tu que lors de notre première rencontre, elle m'a fichu en coup de poing en plein nez ?
Je le redis, tu t'entendrais bien avec elle, j'en suis certain.
Ça me fait du bien de t'écrire, je me sens toujours un peu plus léger, même si le mal-être finit inexorablement par revenir. Je suis désolé de ne pas l'avoir fait ces dernières semaines, mais "quelqu'un" avait pris mon journal en otage, tu peux très bien deviner de qui il s'agit maintenant.
Je dois te laisser, encore une nuit blanche, mais je dois tout de même aller en cours. Et il vaut mieux que je ne traine pas, sinon Olivia me fera la peau si nous sommes en retard.
Ton frère qui t'aime,
Jay.
*********************************
J'espère que cet "extrait" du journal de Cole vous a plu. J'avoue avoir eu la gorge serrée en écrivant ce passage, je suis trop émotive sans doute.
Donc oui, le journal de Cole est sa manière de "parler" à sa soeur, de lui raconter tout ce qui lui arrive et tout ce qu'il subit. Seulement là, il peut vraiment être lui-même, couchant tout ce qui le torture. Voilà pourquoi il avait tellement peur qu'Olivia ou n'importe qui d'autre puisse les lire, car non seulement il écrit ses pensées, mais en plus il parle à sa soeur décédée. C'est l'une des raisons pour lesquelles il brûle le cahier une fois celui-ci terminé.
Bref, j'espère que cette petite surprise vous a fait plaisir.
On se retrouve MERCREDI pour la publication du chapitre 47.
Bon week-end !
Tamar. 😘
VOUS LISEZ
Si Jamais... (Tome 1) ©
Roman d'amourLiv est une jeune fille ouverte, souriante, qui n'hésite jamais à faire le premier pas ni à dire ce qu'elle pense. Arrivée dans une nouvelle ville pour des raisons plus ou moins sombres, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour s'intégrer et ne...