Chapitre 64 Olivia

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J'avais pris le bus ce matin avec Ivy afin de nous rendre au lycée. J'aurais voulu parler à Cole avant de partir, mais j'avais comme la nette impression qu'il ne sortirait pas de sa chambre. L'envie d'entrer dans le manoir et de me rendre dans sa chambre tandis que les autres déjeunaient m'avait traversé l'esprit, mais je l'avais vite balayé.

Après son aveu de la nuit passée, j'étais vraiment confuse. Est-ce qu'il avait également fait semblant d'être ivre cette nuit-là ? Pourquoi avoir fait une telle chose et surtout, pourquoi me supplier de le laisser entrer ?

Sur le moment, j'avais pensé qu'il ne s'agissait ni plus ni moins qu'un délire d'une personne saoule, mais... et si ça allait au-delà ? Je me souvenais parfaitement bien des mots qu'il avait employés, il avait dit ne pas avoir la force, qu'il le ferait le lendemain, mais pas cette nuit-là. Qu'avait-il voulu dire ? Y avait-il quelque chose qui m'échappait ?

— Olivia ? m'interpella mon prof de mathématiques.

Je levai le regard vers Mr Jackson et le contemplai. C'était l'une de mes matières préférées, j'arrivais toujours à être concentrée et à faire mon boulot avec efficience, mais il fallait croire qu'aujourd'hui n'était pas mon jour. Même les maths ne pouvaient m'empêcher de penser à Jayden et à tout ce qui était arrivé la veille.

— Tu te sens bien ? Tu es blafarde.

Il y avait de quoi, je n'avais pas fermé l'œil de toute la nuit, je n'avais cessé de me tourner et me retourner dans mon lit, réveillant ainsi Ivy à plus d'une reprise, vu que nous partagions le même matelas. J'avais fini par aller me poser sur le canapé du salon afin de ne pas troubler son sommeil. Elle n'avait pas à payer ma frustration et mon énervement.

— Ça va, Mr Jackson, me contentai-je de répondre en tentant de lui sourire pour le tranquilliser.

Peu convaincu par ma réponse, il se retourna à nouveau vers le tableau pour continuer à expliquer le développement correct d'une équation, qui en cet instant m'échappait complètement.

Pendant le petit-déjeuner, ma mère m'avait lancé quelques regards en coin pendant qu'elle papotait bien gentiment avec Ivy, en lui demandant comment s'était déroulée notre soirée et si elle avait bien dormi.

En parlant de notre soirée, je n'avais pu m'empêcher de penser à Jake. Est-ce qu'il m'avait menti? Ça me mettait vraiment hors de moi de ne pas pouvoir prendre sa défense, car j'étais certaine qu'il n'hésiterait pas une seule seconde à prendre la mienne. J'aurais aimé en vouloir à Ivy d'avoir menti et d'avoir fait une chose aussi horrible, mais surtout, de n'avoir aucun remord, du moins, en apparence. Elle semblait sûre d'avoir fait le bon choix.

Toutefois, elle avait raison sur un point : il s'agissait de son père, jamais elle n'aurait pu le balancer, même s'il avait commis un tel acte. Après tout, dans une famille, on se serrait les coudes. Et je savais de quoi je parlais.

Alors même si ça m'agaçait de l'admettre et même si je trouvais l'acte assez ignoble, je comprenais pourquoi Ivy avait menti. J'aurais fait n'importe quoi pour mon frère, tout comme il l'avait fait pour moi. C'était ainsi, on était une famille et n'ayant jamais eu de père, nous nous étions toujours protégés entre nous.

En parlant de ça, j'étais heureuse que personne pour l'instant ne m'ait posé la question : que fait ton père dans la vie ?

En toute honnêteté ? Je n'en savais rien et je n'avais vraiment aucune envie de le découvrir. D'après le peu de choses que ma mère m'avait raconté pour me contenter, mon géniteur n'était rien d'autre qu'une petite racaille qui volait des voitures lors de son temps libre. Une mauvaise influence qu'elle regrettait avoir fréquenté. Selon elle, lorsqu'elle avait appris qu'elle était enceinte, mon géniteur se trouvait déjà derrière les barreaux et elle avait saisi cette opportunité pour s'éloigner de lui et de la vie qui l'attendait si elle restait à ses côtés. Alors elle avait quitté la Floride avec ma grand-mère et elles étaient venues vivre à Los Angeles, où elle s'en était sortie grâce à la sueur de son front.

Si Jamais... (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant