Comme je m'en été douté, cette nouvelle journée fut tout aussi agitée que les précédentes. Tôt le matin, il avait fallu s'organiser pour préparer l'expédition tant redoutée. Quatre groupes composés de six personnes avaient été créés, chacun ayant son propre itinéraire, et une liste de fournitures à ramener.
Mon groupe avec Dimitris était chargé d'inspecter une armurerie au sud-est, et avec l'excellente idée de Mélissa, une ancienne cavalière de 13 ans, il avait été convenu de remonter jusqu'au ranch de la ville, voir si les chevaux s'y trouvaient toujours. Si tel était le cas, l'ancien garage à vélos et le parking du collège pouvaient être aménagés pour faire de parfaites écuries. Le second groupe avait pour objectif de dévaliser les magasins de vêtements du centre-ville, ainsi que les grandes surfaces pour faire le plein de provisions. Le troisième était chargé d'une pharmacie plus au nord, et le quatrième avait pour objectif d'inspecter une bibliothèque pour y ramener tous les livres pouvant être utiles à notre survie, car il était évident que désormais, le savoir serait notre meilleur atout pour survivre.
Une fois le matériel préparé, une des dernières étapes avant le départ était de monter sur le toit pour contrôler les environs ainsi que le chemin que chacun prendrait. Et c'est là, que tout devint soudainement plus clair... La brume s'étant dissipée et la neige ayant fondue, le monde tel qu'il était devenu nous apparut enfin : c'était une véritable jungle qui se dressait devant nous, la ville étant littéralement noyé sous une épaisse couche de végétation. La tempête avait frappé il n'y a que quelques jours de cela, et pourtant les bâtiments que l'Homme avait mis tant de temps à ériger, disparaissaient à présent, engloutis sous des lianes et des racines toujours plus imposantes les unes que les autres. Des ruines, voilà ce qu'il restait de l'ancien monde de la semaine dernière.
Je fus dans un premier temps dans l'incapacité de bouger face à ce panorama terrifiant tout droit sorti d'un film de science-fiction. Tout cela était affolant et en même temps... Incroyablement spectaculaire ! J'étais en admiration jusqu'à ce que la réalité me rattrape d'un coup. Comment faire pour se repérer à présent ? La ville était méconnaissable et elle s'était transformée en un véritable labyrinthe aux couleurs verdâtre. Redoubler d'attention et se fier à son sens de l'orientation ou aux quelques personnes sachant se servir d'une boussole, c'était tout ce qu'il restait à faire.
Avant de partir, comme à mon habitude, ma priorité était de faire mon injection. Je n'avais pu emmener qu'une douzaine de médicaments, à peine de quoi tenir quelques mois. Je ne savais pas ce qu'il adviendrait par la suite, mais je préférai ne pas y penser et me concentrer sur le moment présent.
Nous étions enfin prêts. Les portes du collège s'ouvrirent et chaque groupe partit dans sa direction. Chaque pas qui nous éloignait de notre abri était pesant. Bientôt le bâtiment n'était plus visible, nous laissant seul dans cette nature hostile et inconnue.
Arrivé à l'armurerie s'avéra bien plus rapide qu'on avait pu l'imaginer, et cela grâce aux prouesses en matière d'orientation dont Evan, ancien scout de 14 ans avait fait preuve. Une fois à l'intérieur, alors qu'on croyait avoir décroché le jackpot, notre joie s'écroula quand la triste réalité nous apparut une nouvelle fois là où on ne l'attendait pas : les armes à feu avaient subi le même sort que les voitures, et elles avaient "fondu", ne laissant plus que les armes blanches en vitrine. C'était cependant mieux que rien. Désormais nous avions des couteaux, des haches, des arcs et même des gilets de protection ainsi que des vêtements de camouflage pour tout le monde, et chaque membre du groupe put choisir son arme de prédilection. Le choix de Dimitirs s'orienta vers un katana extrêmement bien affûté lui rappelant la culture asiatique qu'il admirait tant. Quant à moi, j'avais trouvé mon nouveau meilleur ami. Une lance de combat m'arrivant à la nuque, à l'extrémité si pointue qu'un simple contact avec avait suffi à me faire saigner. "Tête en acier trempé inoxydable avec un revêtement d'oxyde dur de couleur noire. Poignée en nylon moulé par injection, avec 30% de fibre de verre et renfort en nylon." Je n'avais pas tout compris mais cette description avait suffi à me convaincre que c'était l'arme qu'il me fallait. Elle était cependant bien plus lourde que mon manche à balai, et il était évident qu'il me faudrait du temps pour arriver à la manier convenablement.
Une fois la boutique dévalisée, nous pouvions reprendre notre trajet en direction du centre équestre qui fort heureusement était juste à côté. Une fois sur les lieux, l'espoir remonta de plus belle. Même si les chevaux n'étaient plus dans leurs box, certains étaient restés sur la plaine à brouter l'herbe, et étaient aussi surpris de nous voir arriver que nous de les trouver là. Après des caresses, quelques coups de brosse, et les avoir attaché en file indienne, les 13 chevaux présents nous suivirent sans trop de problèmes. Une fois de retour, comme convenu des écuries furent aménagé, et des promenades dans la cour ainsi que des sauts d'obstacles improvisés pour les quelques cavaliers expérimentés parmi nous furent organisés. Des leçons d'équitation commençaient même à être négociées. Notre mission était un succès complet.
Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Le groupe chargé de la bibliothèque était rentré un peu avant nous, et avait ramené 2 nouveaux adolescents à qui Tim était déjà en train de faire la visite guidée. Puis quand il m'aperçut, il me désigna du doigt en s'exclamant "Ah et voilà Elio, c'est lui notre chef !". Sur le coup je n'avais pas fait attention au mot employé, sinon je l'aurais contredit sur-le-champ. Moi chef ? Mais qui en avait décidé ainsi ? Personne, surtout pas moi ! Je n'avais fait que ce qu'il était nécessaire, et si ça n'avait pas été moi, un autre s'en serait chargé. Tout cela me fit réfléchir, mais une nouvelle d'une tout autre importance interrompit ma réflexion. Le groupe des vivres et des vêtements arriva en début de soirée, lui aussi ayant accompli sa mission avec brio. Cependant ils nous informèrent qu'eux aussi avaient croisé d'autres enfants, mais qu'ils avaient refusé de nous rejoindre en expliquant dans un anglais approximatif et avec un fort accent français qu'ils avaient également une "base", bien plus au nord. Mais oui ! Le château du maire de la ville abrite chaque vacances des étudiants étrangers ! Les pauvres, être si loin de chez soi au moment de la tempête, quelle malchance... Il faut néanmoins tenter de s'entretenir avec eux, car il est évident que l'entraide est désormais une nécessité absolue.
Il est actuellement 23h, le groupe chargé de la pharmacie n'est toujours pas rentré, et cela inquiète tout le monde. Je me disais bien que tout ne pouvait pas se dérouler à merveille. Ils ont sûrement dû se perdre, c'est déjà un miracle que cela ne soit pas arrivé à un plus grand nombre d'entre nous. J'espère juste qu'ils ont pu se mettre à l'abri, car la nuit étant jugée trop dangereuse, un commando avait été organisé pour aller les chercher demain matin à la première heure. Evidemment j'en ferai partie avec Lucas. Je crois bien que je saute sur toutes les occasions pour sortir découvrir un peu plus ce nouveau monde. Si j'ignorais tout de l'ancien monde que j'observais depuis ma fenêtre, j'ai l'envie de connaitre ce nouveau par cœur, d'en percer tous les secrets, et à chaque fois j'ai un pincement au cœur en quittant le collège, en réalisant que je n'entends pas ma mère me crier de ne pas trop m'éloigner.
Ilfaut être honnête, si la tempête m'a privée de ma famille, il y avait bien unechose qu'elle m'a offerte en échange : ma liberté.
VOUS LISEZ
Autre Monde - Journal d'un long marcheur
FanfictionLa grande tempête a frappé. D'étranges éclairs bleus ont emporté les adultes, ainsi que toutes traces de technologies. Les enfants, désormais seuls dans ce monde où la nature semble avoir repris ses droits, doivent s'organiser pour survivre. Mais po...