La vie n'était pas facile pour Killian ces derniers jours. Suite à l'échec de la tentative d'invasion des cyniques sur le collège, il se retrouvait désormais seul au milieu d'une vingtaine de pans, le considérant en grande partie responsable de tous leurs malheurs. Même ses deux compagnons, tout aussi fautifs que lui, avaient profité du retrait des troupes pour se faire la malle. La fureur des pans était sans limites à son égard, et il ne devait sa survie qu'à la protection de Lucas, qui préférait attendre que je me réveille avant d'entamer toute sanction. En attendant sa sentence, il était menotté à un coin de bureau d'une salle de classe. Il ne pouvait plus que patienter, tout en encaissant les remarques de ceux qui passaient près de lui : « le traître », le « sans honneur », voilà de quoi on le qualifiait lorsque ce n'était pas tout simplement des insultes ou des crachats jetés en plein visage. Mais depuis quelques jours, il avait pu relever une véritable agitation au sein du bâtiment. Les pans enchaînaient les aller-retours en toute hâte, sous une certaine forme d'organisation. En tirant sur ses entraves, Killian parvint à entrevoir ce qui se tramait dans la cour : la dizaine de chevaux restants étaient attelés en file indienne, chargés de toutes les provisions, soins, et armes qui restaient aux habitants du collège. Un départ était clairement en préparation. Et comme il n'avait plus rien à perdre, Killian se mit à écouter les conversations qui pouvaient parvenir jusqu'à ses oreilles.
— Vous êtes sûrs que le manoir des Français est le meilleur endroit où s'installer ?
— Oui, on ne peut plus rester ici de toute façon...
Au bout du cinquième jour, la porte de sa cellule provisoire s'ouvrit en grand. Enfin réveillé, je lui faisais face ; l'heure du jugement avait sonné.
— Comme tu as pu le remarquer, nous partons.
— Et vous allez où ?
— Crois-tu vraiment que je vais te répondre ?
— ... Et moi dans tout ça ? me demanda-t-il finalement après une hésitation.
— Toi ? Tu restes ici. Avec un peu de chance tes amis reviendront te chercher, mais vu comment ils t'ont abandonné, je ne miserais pas trop là-dessus.
Son sort était scellé, il allait lentement pourrir ici, c'était tout ce qu'il méritait. Mais Killian n'avait pas encore dit son dernier mot. Aussi, le septième jour, alors que tous les pans venaient de quitter probablement à tout jamais le collège, il s'empressa de se débattre pour se défaire de ses liens. S'il y avait une chose qu'il savait bien faire, c'était crocheter les serrures, et celles des menottes n'étaient guère un problème pour un expert tel que lui. Une fois libre de ses mouvements, il se déplaça silencieusement dans les couloirs déserts du bâtiment. Il n'avait plus qu'un endroit où se rendre, mais il ne pouvait se présenter ainsi aux cyniques, qui ne se montreraient en aucun cas hospitaliers envers lui. Il lui fallait une assurance pour ne pas que les cyniques le criblent de flèches dès son apparition au campement. C'est pourquoi il se mit désespérément à parcourir toutes les salles qui avaient pu contenir un quelconque matériel utile. Malheureusement, les pans avaient veillé à ne rien laisser à l'abandon lors de leur déménagement ; à l'exception d'un détail, qui était tout ce dont Killian avait besoin pour espérer se racheter auprès de ses nouveaux amis.
Il ne mit pas longtemps à rejoindre l'installation des cyniques situé juste aux limites de la ville. Leur bivouac avait tout d'un camp de guerre. Des tentes provisoires étaient soigneusement dressées, et des gardes aux aguets lourdement armés quadrillaient la zone. Si les adultes avaient perdu la mémoire, il n'en était rien de leur rigueur militaire. Killian, dès son arrivée, fut immédiatement stoppé par les sentinelles qui le conduisirent jusqu'à une toile en plein centre du campement. À l'intérieur, un cynique occupé à aiguiser sa hache, se redressa lorsqu'on vint lui annoncer le retour du jeune pan parmi eux. Une masse de muscle, des cheveux gras coupés courts et une barbe mal entretenue : aucun doute à avoir quand a l'identité de ce cynique. Il s'agissait de celui qui avait ôté la vie de Zac d'un violent coup de hache.
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Autre Monde - Journal d'un long marcheur
FanfictionLa grande tempête a frappé. D'étranges éclairs bleus ont emporté les adultes, ainsi que toutes traces de technologies. Les enfants, désormais seuls dans ce monde où la nature semble avoir repris ses droits, doivent s'organiser pour survivre. Mais po...