J'ai si froid, je ne sens plus que les courbatures qui parcourent mon corps. J'ai peur, tellement peur, tout mon être frissonne. Je n'arrive plus à m'arrêter de pleurer sans même après quoi je verse des larmes. Et puis ce calme !... Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi est-ce arrivé ? Et surtout, pourquoi je suis encore en train d'écrire sur ce stupide journal ?!...
Non, je sais pourquoi j'écris, j'ai besoin de mettre les choses à plat, pour faire le point, pour me calmer, alors reprenons... La tempête a bien atteint ma maison, et elle a frappé si fort que j'en ai perdu connaissance. À mon réveil, tout était saccagé, plus rien n'était à sa place. Les vitres brisées, les étagères renversées, et l'électricité n'est toujours pas revenue, donc pas de téléphone, de lumière ni même de montre. Mais ce n'est pas ça le pire, ma mère est introuvable ! Impossible qu'elle soit partie quelque part sans moi, jamais elle n'aurait pu m'abandonner, ce n'est pas normal ! Et puis j'ai regardé à ma fenêtre pour voir s'il y avait sa voiture, et elle n'est plus là...Comme toutes les autres voitures du quartier ! Je n'en vois plus aucune, c'est surréaliste ! Rien qu'une épaisse couche de neige recouvrant la rue. Ils seraient tous partis se mettre à l'abri en me laissant pour mort ? Non, je refuse de le croire. Je pense que c'est l'idée qu'on m'ait abandonné qui me fait le plus pleurer. Mais à vrai dire, m'en rendre compte et en parler me fait du bien. Mettre des mots sur ce qui fait souffrir suffit généralement à apaiser la douleur. C'est à ça que servent les psychologues, même si là, je n'ai qu'un journal, ce qui signifie que personne n'apportera de solutions à mes problèmes, si ce n'est moi-même.
Assez pleuré. Le froid commence à quitter mon corps grâce à la couverture que j'ai mise autour de moi, et les courbatures se sont grandement apaisé, terrassé par ma soudaine motivation. Il est l'heure d'agir et d'arrêter d'attendre sagement que l'on vienne me chercher. Si je suis réellement seul maintenant, alors je n'ai rien à craindre. Puis s'il y a d'autres personnes, ça sera l'occasion de se regrouper, car jusqu'à preuve du contraire, l'union a toujours fait la force.
Je vais m'habiller, puis faire mon sac. Je verrais ce que je vais y mettre : de la nourriture, des trucs de survie comme une boussole, une lampe, une carte ou je ne sais quoi, je dois bien avoir ça quelque part dans mon garage. Des photos ! j'emporterai un album on ne sait jamais. Puis des médicaments ! Merde, j'en avais oublié ma maladie, comment faire sans mon traitement ? Bon ce n'est rien je n'aurais qu'à être prudent, ne pas me blesser, je ne pars pas en guerre non plus. Je vais tout de même faire une injection avant de partir. D'ailleurs il me faudrait une arme. Ma lance, enfin, j'adore la qualifier de lance mais à vrai dire ce n'est qu'un manche à balai auquel j'ai fixé un couteau émoussé au bout, pour me battre dans mon jardin contre des ennemis sortis de mon imagination quand ma mère avait le dos tourné... Mais je crois que là je ferais mieux de remplacer ce vieux couteau par une lame tranchante, mieux vaut être trop prudent que pas assez.
Il me semble que j'ai fait le tour. Il me reste à trouver une destination...Chez Lucas ! Voir si mon meilleur ami est toujours là, ça me parait évident. Aller ! Je ne pleure plus c'est un bon début ! En revanche, je tremble toujours, et ce n'est pas le froid cette fois, mais bien la peur. Si j'ai réussi à calmer mon esprit, mon corps lui reste terrorisé par ce qui peut m'attendre à l'extérieur, et quelque chose me dit qu'il a bien raison d'être effrayé à ce point.
Fin prêt, je fais face à ma porte d'entrée grande ouverte donnant sur l'épaisse couche de neige recouvrant la rue. Me voilà confronté aux limites de ma maison, aux limites de ma prison...Quelle étrange sensation que celle de partir sans savoir où aller, ni même si je reviendrai ici un jour. Maman, si tu veux m'empêcher de sortir comme tu l'as déjà trop souvent fait, je crois que c'est maintenant ou jamais. Pas de réponse ? Alors je crois qu'il est temps de souffler un coup et de franchir seul cette porte.
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Autre Monde - Journal d'un long marcheur
FanfictionLa grande tempête a frappé. D'étranges éclairs bleus ont emporté les adultes, ainsi que toutes traces de technologies. Les enfants, désormais seuls dans ce monde où la nature semble avoir repris ses droits, doivent s'organiser pour survivre. Mais po...