17 Juin - Comme au bon vieux temps

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Passé ce rapide moment de renaissance, il nous fallait nous recentrer sur notre objectif initial, à savoir, retrouver Sam. Inutile de préciser que j'avais emporté ma lance, et Lucas ses doubles poings américains aiguisés. Bien que les gilets de kevlar que nous avions à disposition avaient sauvé la vie de plus d'un pan lors de nos dernières batailles, aucun de nous deux n'avait souhaité s'encombrer d'une quelconque protection. Nos styles de combats, bien que grandement différents, privilégiaient tout deux l'agilité, ainsi que la liberté de mouvement. Au bout de quelques mètres à peine, le collège n'était déjà plus perceptible. La flore nous entourait de toute part. Si un danger venait à surgir, il pouvait arriver de n'importe où. Chaque craquement de branche nous crispait davantage. Mais alors qu'il y a quelques mois, je tremblais comme une feuille dans ce genre de circonstance, aujourd'hui, je faisais preuve d'un tout autre sang froid. Il en était de même pour Lucas, à la seule différence que lui, avait toujours été de nature assuré. Nous avancions silencieusement, sur ce qui pouvait encore apparaître comme un sentier, communiquant par signaux de la main, pour ne pas attirer l'attention. Sam pouvait être n'importe où, et il nous était impossible de crier son nom au travers de la ville. Mais alors que nous commencions à douter de l'utilité de notre mission, un détail sur l'un des arbres devant nous, attira notre attention. Une flèche blanche, tagué sur l'écorce, indiquant une direction à suivre.

– C'est Sam qui l'a faite, indiquai-je à Lucas. C'est un ancien tagueur, il a toujours une bombe de peinture dans son sac.

– Ça prouve qu'il a tout de même veillé à ce qu'on puisse le retrouver, si jamais il lui arrivait malheur.

La suite de cette traque devint rapidement plus évidente. Régulièrement, sur notre chemin, se trouvaient des flèches indiquant la direction à suivre. Cela nous mena directement au centre-ville. Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, une embouchure nous amena sur la place centrale d'Edison. L'endroit était désert. Comme une clairière, la végétation semblait avoir épargné cet espace. Au centre, se trouvait une fontaine en pierres anciennes, où le soleil se reflétait dans l'eau stagnante de cette dernière. Mais, au revers de ce décor enchanteur, c'est la silhouette d'un corps allongé au sol, un peu plus loin, qui attira notre attention.

– Non... Pensais-je tout bas.

Abandonnant toute la furtivité dont nous avions fait preuve jusqu'à présent, je me précipitai vers ce qui ne pouvait être que mon ami. Et une fois à sa hauteur, je saisis la tête de l'individu pour l'orienter vers moi, afin de découvrir de qui il s'agissait. C'était bien Sam. Les yeux fermés, le visage et la peau livide, et les vêtements imbibés de sang séché, mais bel et bien lui.

– Sam ! Sam, c'est nous ! Tu m'entends ? On est venus te chercher...

Aucune réponse.

– Réponds-moi je t'en prie... Je t'en supplie, dis quelque chose !!

– Elio arrête, tu vois bien que cela ne sert plus à rien, me coupa Lucas en arrivant à ma hauteur.

Je refusais de le concevoir. C'était impensable, par encore, pas cette fois, pas Sam.

– Non, non... NON !

Cette fois-ci, c'était bien plus que je ne pouvais en supporter. Les poings fermés, je posai ma tête contre la sienne, serra fort mes dents, et ferma les yeux pour me retenir de ne pas craquer. Mais en vain. Je ne pouvais plus contenir ce désespoir qui brûlait en moi. Tout en me redressant, je me mis à hurler toute la rage que j'avais au fond de mon être. Mon cri retentit dans toute la ville. Rompant un calme instauré depuis bien longtemps, il fit s'envoler un grand nombre d'oiseaux des arbres qui nous entourait. Lucas se précipita pour me placer sa main contre ma bouche, afin de me faire taire. Mais ma détresse était trop grande, j'étais littéralement hors de moi. Il se mit à me secouer, asseyant vainement de me faire reprendre mes esprits.

Autre Monde - Journal d'un long marcheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant