29 Juillet (soir) - L'opération

73 7 27
                                    

Une aile entière de l'infirmerie avait été privatisée pour l'occasion. Au milieu d'une vaste pièce aménagée de sorte à ce qu'une panoplie d'ustensiles diverses puissent se trouver à portée, une table d'opération n'attendait plus que la personne qui allait devoir s'allonger dessus au moment fatidique. Lou et moi, attendions patiemment dans le hall que l'installation soit fin prête, et que l'on vienne nous chercher. Bien que Lou n'avait de cesse de me rassurer, je ne pouvais m'empêcher d'angoisser, et de me ronger les ongles nerveusement.

Rien ne sert de le nier, j'avais plus d'une fois songé à quitter la ville au cours de la journée, pour fuir cet instant tant redouté. Mais Lou avait été formelle : que cela soit au péril de sa vie n'y changeait rien, elle s'était résolue à en finir avec ce fardeau pour de bon. J'avais été aveuglé par la peur de la perdre, et avoir ignoré son choix une première fois fut déjà d'un extrême égoïsme, je ne pouvais me comporter une nouvelle fois de la sorte. Sa décision, bien que me lacérant le cœur, je devais la respecter. Je l'avais donc changé durant l'après-midi pour qu'elle puisse porter ses vêtements décontractés, et qu'elle soit ainsi disposée à se faire opérer.

Au bout d'une interminable attente, une pan du nom de Flora, en charge de l'infirmerie du fait de son altération de soin, nous invita à la suivre. Je me levai, pris Lou par la main, et nous la suivîmes le long d'un couloir menant tout droit à la pièce où tout allait se dérouler.

Une fois sur place, je pris enfin connaissance des personnes qui allaient assister à cette opération à risque. Il y avait trois pans en charge d'effectuer l'opération, un représentant du conseil, à savoir Melchiot, et enfin Dimitris, qui avait insisté pour être à mes côtés dans cette nouvelle épreuve.

– Nous allons dans un premier temps tâcher d'amoindrir la douleur, à l'aide de différents remèdes et médicaments, puis une fois que le tout aura fait effet, nous passerons à l'ablation, m'informa Flora.

– Très bien...

Bien qu'ils mettaient incontestablement tout en œuvre pour que l'ensemble se passe dans les meilleures conditions possibles, je ne parvenais pas à cacher mon état de stress intense.

– Vous pouvez l'installer, m'indiqua l'un des autres pans médecins, après avoir vérifié une dernière fois son matériel.

Je portai Lou dans mes bras, et allai l'installer sur la table d'opération. Là, je soulevai légèrement son t-shirt, afin de faire apparaître l'anneau à l'origine de tous ses malheurs. Le bout de métal était visiblement bien ancré dans sa chair, et rien que l'idée de l'arracher me fit frissonner.

– Pourrais-je lui tenir la main au moment où... ?

– Bien sûr, me rassura Flora.

Nous y étions. Lou était allongée sur cette table, tandis que trois apprentis médecins s'agitaient au-dessus d'elle, apposant diverses pommades et substances sur son ventre. Melchiot et Dimitris, qui ne souhaitaient nullement interférer, se tenaient de l'autre côté de la pièce, en tant que simples spectateurs. Quant à moi, je me tenais debout, juste à côté d'elle, tenant fermement sa main entre les miennes. Cette préparation était anxiogène, et je pouvais entendre le cœur de Lou battre à l'unisson avec le mien, dans un rythme démesuré. Ma respiration devint de plus en plus saccadée, et des gouttes de sueurs, commencèrent à apparaître sur mon front.

– Tout est fin prêt, annonça le troisième pan médecin. Nous allons pouvoir commencer.

Mon corps se mit à trembler. Je tentai de réguler ce surplus de stress, en émettant de longues et profondes respirations.

– Ça va aller, ça va aller... Me répétai-je incessamment tout bas à moi-même.

L'un des médecins, se saisis du petite scie, qu'il plaça contre l'alliage. Un autre, s'empara d'une imposante pince, qu'il alla placer au niveau de la boucle de l'anneau ; il ne lui restait plus qu'à tirer.

Autre Monde - Journal d'un long marcheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant