18 juillet - Détention

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Pris d'une douleur soudaine, je m'extirpai du sommeil dans lequel ce coup en traître venait de me plonger. Nul besoin de la voir pour comprendre qu'une blessure béante devait s'être ouverte à l'arrière de mon crâne. Je voulus apposer mes mains sur cette blessure pour en évaluer l'importance, mais je me rendis vite compte d'une chose : j'étais attaché. Pas simplement par une corde, non. Mes deux bras étaient tendus et retenus au niveau de mes poignets par des entraves en fer rouillés clouées à un mur, dont seule l'ouverture d'un loquet pouvait me permettre de m'en défaire. Ainsi suspendu, mes jambes devaient à elles seules porter l'entièreté de mon poids, ce qui n'était pas sans effort. Ayant pris conscience de la situation, je me mis à inspecter l'endroit dans lequel je me trouvais. Au vu de l'absence de fenêtre et de la noirceur tapissant la pièce, il était clair que j'étais dans une cave ou un sous-sol. Il fallait laisser du temps à mes yeux pour s'habituer à l'obscurité. Ainsi, après une analyse plus minimaliste, je pus réaliser que les murs étaient toujours composés de ce mélange de planches et de bois, voir même de racines tortueuses, soigneusement taillées pour qu'elles ne puissent empiéter sur cet espace aménagé. J'étais bel et bien toujours chez Syrius, visiblement sous l'arbre qui lui servait d'abri. Ce que je faisais là et pourquoi j'étais retenu prisonnier de la sorte, ça, je n'en savais rien. Cependant, il était hors de question que je me laisse faire, et que Syrius s'en sorte impunément. Voilà pourquoi je tentais de m'extirper de mes entraves en me débattant, le plus silencieusement possible pour ne pas attirer l'attention. Soudainement, une voix dans l'ombre me chuchota quelques avertissements.

— Arrête, tu vas l'attirer ici !

Avant que je ne puisse identifier la provenance de ces chuchotements, une autre voix bien plus affirmée s'adresse à moi.

— Il ne sert à rien de t'agiter de la sorte. Bien qu'elles aient été rongées par la rouille, les entraves qui te retiennent captif ne sont pas près de céder aussi facilement.

Même si c'était bien la voix de Syrius, son timbre d'ordinaire si chaleureux était cette fois ci bien plus froid et inquiétant. J'interrompis mes débats, et levai la tête du mieux que j'ai pu en direction de cette interpellation. Descendant un escalier de terre et de douelle, Syrius arriva dans cette curieuse pièce et me fit face, tout sourire.

— Bienvenu ! Désolé pour l'accueil, mais pour ma défense, il faut dire que je ne m'attendais pas à recevoir ta visite.

— Qu'est-ce que ça veut dire, pourquoi tu m—

Avant que je ne finisse ma phrase, Syrius s'avança vers moi et me décolla une forte claque au visage.

— Première règle ici, tu ne parles pas sans que je ne t'y autorise. Est-ce clair ?

Encore sous le choc de la violence du coup, je ne parvins pas à rétorquer quoi que ce soit.

— Parfait. De toute façon, Khélios t'apprendra les bonnes manières qui sont d'usages ici, n'est-ce pas ?

Il désigna un individu tapi dans l'ombre à l'autre bout de la pièce, qui tout comme moi, était retenu captif par ces entraves de tortionnaire. Il semblait bien plus amoché que moi, car torse nu et simplement vêtue d'un large pantalon délavé, son corps était parsemé d'entailles de toutes tailles, pour la plupart superficielles. Mais ce qui me frappait le plus chez lui, c'était sa couleur de cheveux singulière, ses ongles et ses lèvres verdâtres, ainsi que ses yeux qui brillaient dans le noir, exactement comme le faisaient ceux des chats.

Sans perdre davantage de temps, Syrius me présenta l'objet qu'il tenait dans les mains, que je reconnus dans la seconde.

— Très intéressant ton journal, ajouta t'il. Très touchant également, j'ai failli verser une larme au moment de la mort de... Comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui, Zac.

Autre Monde - Journal d'un long marcheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant