28 Juin - Départ sous la pluie et les larmes

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La solitude... Cette condition si particulière, affectant le moral d'une manière ou d'une autre. Pour certains, cet état les plonge dans une profonde dépression, pour d'autres, c'est une façon de se retrouver, se ressourcer, et pour quelques-uns, cela les faits simplement basculer vers la folie la plus totale. J'aurais préféré faire partie de n'importe laquelle de ces catégories, hormis la dernière, mais encore une fois, je n'ai pas eu mon mot à dire lorsque le destin a apposé sa marque sur moi, en me plaçant du côté des fous.

La mort de Zac avait laissé un vide en moi, qui me rongeait progressivement. De plus, notre victoire sur les cyniques n'avait ni ramené nos amis à la vie, ni arrangé la situation. Je pensais sincèrement que ce massacre me permettrait d'avancer, mais la triste réalité était tout autre. Nous étions désormais sans abri, et tour à tour, des pans venaient me voir me questionnant sur ce qui allait nous advenir. Je n'avais aucune réponse à leur apporter. J'avais seulement focalisé mon attention sur la façon dont nous nous vengerions, mais passé cet événement, j'étais incapable d'incarner le leader qu'on me demandait encore d'être.

Je ne voulais plus endosser ce rôle, pourquoi tout le monde se reposait sur moi, comme si j'avais une solution à tout ?

— Elio, je me fais du souci pour toi, je te sens mal depuis quelques jours, tu es sûr que tout va bien ?

Non Dimitris, rien ne va plus. Ouvre les yeux bon sang ! Nous ne sommes plus qu'une poignée, parvenant difficilement à se maintenir en vie, et pour combien de temps encore ?! Ta bienveillance étouffante n'a jamais rien arrangé. Parfois je me demande ce que tu sais faire à part chouiner.

—Oui... Oui tout va bien merci, ne t'en fais pas pour moi ! répondais-je en souriant.

Au bout d'un moment, l'isolement n'était plus une envie, mais un besoin.

— Elio, si t'as besoin que je t'épaule ou que je prenne un peu les devants en ce moment je comprendrai, donc n'hésites pas à me demander d'accord ?

Bien sûr Lucas, comme ça tu pourras prouver à tous quel meilleur leader tu fais, c'est ça ? Me rabaisser, c'est ce que tu as toujours aimer faire au fond, arrête d'essayer de le cacher, ça t'a toujours fait kiffer de m'exposer tous tes plans d'avenir tout en sachant que je ne pourrais jamais en faire de même en dépit de ma maladie, avoue ?!

— C'est gentil de proposer, mais je peux gérer, prends soin de tes frères et sœurs surtout. Le rassurais-je d'un clin d'œil.

Je mentais, constamment. Ce mal qui me hantait commençait à m'envahir progressivement.

— Elio, alors, tu as pensé à un nouveau plan ? Où est ce qu'on va, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?!

Lâche-moi, tu es faible, tu n'as pas ta place ici. Savoir tous les valeureux qui ont péri pour préserver ta misérable existence me répugne. Je ne te donne pas trois jours à survivre là dehors, alors va-t'en, je ne parle pas aux fantômes.

— Je... Je ne sais pas encore, j'y réfléchis, et je vous teindrais informés dès qu'une idée me traverse l'esprit. Voilà ce que je répondis à ce jeune pan tout en lui ébouriffant les cheveux amicalement.

Cela allait bientôt faire trois jours que le combat avait touché à sa fin, et que nous nous étions abrités provisoirement dans ce gymnase, en attendant de nous mettre d'accord sur une potentiel destination. Je ne parlais presque plus à personne, et cela commençait à se faire ressentir. A force d'exercer autant de pression sur mes épaules, ils étaient parvenus à me faire sombrer.

— Elio ! On a besoin de toi !

Si vous me parlez encore de plan et de responsabilité, je jure de vous massacrer un à un jusqu'à ce que mes nerfs finissent enfin par se détendre.

Autre Monde - Journal d'un long marcheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant