Ayant passé de nombreuses années à contempler des paysages au travers de simples descriptions rédigées dans des romans d'aventures, il m'était difficile de me dire que désormais c'était cette vie d'explorateur que je menais. Ce qui n'était depuis toujours que simple rêvasserie inenvisageable était maintenant devenu réalité. Le statut de long marcheur me seyait à merveille, et c'est avec fierté que je portais cette cape verte, propre aux personnes de ce rang.
Même si mes premières semaines en solitaire se révélèrent extrêmement éprouvantes du fait de mon manque de connaissances en matière de survie, j'avais su apprendre au fil du temps à m'adapter à toute situation. Car bien que grandement fantasmé par les pans, la carrière de long marcheur était loin d'être de tout repos. Rarement dans des endroits sécurisés, nous étions en proie au moindre danger susceptible de nous coûter la vie. Je ne compte plus les fois ou par réflexe, je dégainais ma lance à l'écoute d'un son lointain que je ne parvenais pas clairement à identifier. De la vie de mon cheval dépendait également la mienne, car la fuite était une solution qui m'avait déjà sauvé la mise plus d'une fois, et à pieds au milieu d'une forêts hostile, les chances de survies étaient minces. La faim et la soif étaient aussi mon quotidien, mais je n'y prêtai rapidement plus attention. Le réel problème de ce manque de vivres, était le danger que j'encourais si par m'égare, je venais à ingurgiter une baie ou un champignon toxique. La tempête avait littéralement bouleversé l'écosystème, et chaque jour, je découvrais de nouvelles espèces de plantes encore inconnues, qui venaient compléter mon répertoriage de la faune et de la flore.
Mais s'il y a bien une chose qui valait le coup de braver tous ces dangers, c'était la reconnaissance des pans. Les regards admiratifs qu'ils t'adressaient lorsque tu venais dans leurs abris, leur compter les nouvelles du monde. Chaque fois, c'est comme un héros que j'étais accueilli. Au début, cela me surprit quand je découvris après trois jours de cheval mon premier site panesque. Il s'agissait d'une poignée de pans relativement âgés, se terrant dans un motel miteux loin de tout. Cela m'étonnait de ne pas les avoir trouvés au milieu d'une ville, et de ne pas compter plus de jeunes enfants parmi eux. Mais je compris bien vite que les plus jeunes avaient en toute logique eu moins de chances de survie que les plus âgés, et que les ruines des anciennes villes étaient devenues le repère des prédateurs. Moi-même je les évitais par précaution, et ne m'y approchais que lorsque j'avais besoin d'un matériel précis.
Pour revenir sur ce groupe de pans, ils avaient déjà reçu des longs marcheurs par le passé, et en attendaient beaucoup de moi. Bien que les prises de paroles en public n'étaient plus un problème depuis longtemps, je ne savais pas exactement comment m'y prendre. Je m'étais contenté de leur lire les notes que j'avais pu écrire durant mon voyage, mais en réalité, c'est eux qui m'en apprirent bien plus. Avant tout on m'informa de l'existence d'une ville entière de pans nommée Eden, qui avait vu le jour depuis peu. Elle se composait du regroupement de nombreux sites panesques provenant d'un peu partout dans le pays, et ne cessait de se développer.
VOUS LISEZ
Autre Monde - Journal d'un long marcheur
FanfictionLa grande tempête a frappé. D'étranges éclairs bleus ont emporté les adultes, ainsi que toutes traces de technologies. Les enfants, désormais seuls dans ce monde où la nature semble avoir repris ses droits, doivent s'organiser pour survivre. Mais po...