18 septembre - L'ennemie de mon ami

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LE DIABLE SUR MON EPAULE


Dans les méandres de la solitude

Se tapit un être

Tout aussi sinistre

Avide de quiétude


Perfide et sournois

Sa présence vous rongera

À l'exil il vous condamnera

Affichant un sourire narquois


Le combat sera ardu

face à ce diable malvenu

Se repaissant d'amertume


Prenez garde mortel

Car si l'abandon est cruel

C'est ce qu'il engendre qui vous consume


La détention s'éternisait, sans jamais avoir raison des ardeurs d'Olie. Du fond de sa cellule, il patientait, étrangement calme, hanté par l'envie de sortir répandre souffrance et désolation. Une simple psychose ne suffisait plus à définir mon état actuel ; c'était un véritable diable, dépassant de loin les énigmes de la psychologie, qui s'était emparé de moi. Olie, était ce que le cerveau d'un enfant malheureux pouvait élaborer de pire : la personnification d'une hantise, un cauchemar, qui avait eu raison de moi.

Plusieurs fois, Dimitris était venu me rendre visite, jusqu'au jour où, s'étant approché de trop près des barreaux, sa négligence faillit lui coûter la vie. Suite à ça, Lucas décida d'interdire tout accès à ma geôle, affirmant que je n'étais plus qu'une bête assoiffée de sang.

Les jours défilèrent, et je me fis rapidement oublier des pans d'Eden, bien trop préoccupés par la guerre se rapprochant dangereusement d'eux.

Grâce à un informateur, ils avaient pu se procurer l'intégralité des plans d'attaques de Malronce, et c'est ainsi qu'en nous cueillant un à un lors de diverses embuscades, ils étaient parvenus à décimer entièrement notre première armée en seulement trois jours.

Je devais le reconnaître, les pans avaient plus de ressources que les cyniques ne voulaient l'admettre, et le plus surprenant, était qu'une partie d'entre eux se battaient à dos de chiens géants. Leur organisation, si elle n'était pas parfaite en raison de leur jeune âge, tenait la route.

Un soir, Dimitris brava l'interdiction de Lucas, en venant me rendre une visite clandestine.

– Nous partons demain à l'aube, m'informa-t-il. La guerre se déroulera à la Passe des Loups, si nous sortons victorieux, il faudra qu'on ait une discussion.

– Fais attention à toi...

Dimitris se stoppa, soudainement convaincu qu'il m'avait retrouvé, avant d'entendre Olie ajouter :

– Si tu meurs là-bas, je regretterais toute ma vie de ne pas t'avoir moi-même planté un couteau dans la gorge.

Affecté par ce faux espoir outrageux, il s'éloigna silencieusement, m'adressant un ultime regard. C'était peut-être là la dernière fois que je le voyais, mais cette pensée ne suffit pas à me faire reprendre le dessus sur Olie.

Le lendemain, une agitation folle s'empara d'Eden, et dès le départ des troupes, le calme s'installa dans la capitale désormais déserte. Seuls les blessés et les enfants trop jeunes pour porter une arme étaient restés, condamnés à patienter dans la crainte de voir revenir leurs camarades amochés, ou une armée d'adultes déterminés à les écorcher vifs.

Autre Monde - Journal d'un long marcheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant