T1: Mutilation

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Texte by : bibille86

Depuis quelques temps, je ne me sentais pas très bien. À la sortie du collège, un homme était dans sa voiture. Il me regardait chaque jour avec un regard de désir et d'autre chose de tout aussi malsain. À chaque fois que je passais, il était là. Je sentais aussi son regard pesant sur mon dos. Il me dégoûtait. Son regard, son apparence, son être tout entier.

Dans la semaine, sa voiture à démarrée lorsque je passais à côté. J'ai commencé à m'éloigner mais j'avais tout de même entendu son rire et aussi le fait qu'il m'avait sifflé.

Un peu plus tôt, sa fenêtre était ouverte et il m'a lancé.

- Hey chérie ! Je te ramène quelque part ?

Je l'ai ignoré comme je le fais toujours.

Ce ne fut que plusieurs semaines après qu'il devînt menaçant. Un jour, il ouvrit sa portière et m'ordonna de monter. Je suis partie vers un groupe d'adultes dans rien leur dire mais leurs protection me semblait obligatoire.

Le premier pire jour, ce fut quand je constatai qu'il connaissait mon trajet. Il m'attendait visiblement. Il s'approcha de moi tandis que je marchais de plus en plus vite. Il a posé sa main sur mon épaule pour me retenir.

- T'es mignonne. J'aime beaucoup ton t-shirt.

Je me suis dégagée rapidement et suis partie en courant mais sa phrase flottait encore dans ma tête. Le t-shirt en question était légèrement décolleté. En rentrant, je m'étais mise sous la douche et avais frotté de toutes mes forces sur mon épaule pour tenter d'effacer la trace imaginaire du contact. J'avais aussi pris mon compas et traçais des sillons sanglants sur ma peau. Des larmes roulaient sur mes joues mais elles n'étaient pas dues à la douleur. Je voulais oublier ce monstre qui allait même jusqu'à hanter mes cauchemars.

J'allais maintenant au collège qu'avec des t-shirts amples et manches longues. Je voulais cacher mon corps ayant peur que l'attirance de cet homme avait pour moi. Je me renfermai et essayais de me faire plus que discrète.

Mais l'homme n'avait pas décidé de s'arrêter là. Un soir, il m'attendait de nouveau. Cette fois il m'attrapa le bras et m'entraîna de force dans sa voiture.

- Tu ne devrais pas cacher ton corps. Il est magnifique ce serait dommage de ne pas en profiter.

Ce deuxième pire jour, il mit sa main sur ma cuisse et tenta de m'enlever mon haut. Je suis parvenue à me débattre et à sortir avant qu'il n'aille plus loin.

Cette soirée là, j'ai fais la connaissance avec la lame de cutter. Le fait de perdre du sang me fascinait et m'engourdissait. Je ne sentais presque plus le contact de ses mains. Je suis restée pendant des heures prostrée dans la baignoire.

Je changeais de trajet ce qui me laissa quelques jours de répit. Mais au final, il vit quel chemin je prenais en suivant ma piste à partir du collège. C'est ainsi que le troisième pire jour arriva. Je suis sortie du collège, les épaules voûtées et mon pull couvrant bien mes cicatrices. Je marchais les yeux rivés vers le sol, plongée dans mes pensées quand il m'aborda.

- Hey chérie je t'ai manqué ?

Sa voix me fit tressaillir et immédiatement je tentais de partir dans la direction opposée à la sienne. Comme toujours, personne dans la rue. C'est ça les petites villes...

Il me rattrapa et m'emmena à nouveau dans sa voiture. Il verrouilla les portières et sa main vint rapidement se poser sur ma cuisse. Je pleurais et mes larmes s'écoulaient en silence. Il releva mon haut sans que je ne fasse rien, de peur de le mettre en colère. Je répétais juste un mot en boucle.

- Arrête.

Mais il s'en fichait. Alors cette fois-ci, il me touche les seins. Tout mon corps tremblait tandis que ses mains effleuraient ma peau nue sous mon t-shirt. Je fermais les yeux alors qu'il continuait à me détruire mentalement. Je m'imaginais avec la lame en train de me soulager de ce nouveau poids.

Une dizaine de minutes plus tard, il me laissa sortir en insinuant qu'il irait plus loin la fois suivante. Ces minutes m'avaient parue si longue que j'avais l'impression que des heures s'étaient écoulées.

Une fois chez moi, je prenais l'objet que je voulais avoir dans mes mains depuis que le monstre m'avait à nouveau abordée.

La lame s'enfonça doucement dans ma peau. Je fermais les yeux pour pouvoir savourer cet oubli, cet instant d'envol pour moi. J'hésitais encore à aller plus loin, à aller jusqu'au veines. Je ne veux pas encore en arriver là mais je sais que bientôt, je ne tiendrais plus.

Je décidais de prendre chaque jour un trajet différent et d'essayer de faire en sorte qu'on ne me reconnaisse pas. Je me coupais les cheveux de sorte qu'ils soient plus que court. Je voyais les mèches dont j'avais été si fière tomber par paquet par terre. Les cheveux restant faisaient des épis et étaient irréguliers. Je changeais aussi de sac et trouvais une tunique à manches longues afin de passer pour une autre. Je pris aussi une vieille paire de lunettes à laquelle j'ôtai les verres.

Mon stratagème marcha un peu moins d'un mois. Il avait fini par me reconnaître et m'intercepta une nouvelle fois.

Mon quatrième pire jour était arrivé. Il était énervé contre moi. Pour avoir coupé mes cheveux et m'être cachée tout ce temps. Mes yeux n'affichaient plus que du désespoir et de la résignation. Il m'avait fait monter à l'arrière. Les portières étaient bien sûr fermées.

Il mit sa main sous ma tunique et je fermais à nouveau les yeux.

- T'aimes ça chérie hein ?

Je continuais de lui dire d'arrêter mais il n'y faisait pas attention.

Il m'embrassa et remonta la tunique jusqu'à ma taille. Je tentais de le repousser tandis qu'il me plaquait contre la portière. En élevant mon bras, il découvrit le bout d'une de mes cicatrices. Il fit une moue dégoûtée et me dît que j'étais stupide, que je devais arrêter.

Quand enfin il me libéra, je su que quelque chose en moi s'était brisé. Ou plusieurs choses même. Parmi elles, l'espoir et l'envie de vivre.

Ce fut comme ça que je me retrouvais à écrire une lettre à mes parents. Je leur racontais tout en détails puis je fermais l'enveloppe. J'avais encore plusieurs heures devant moi avant leur réveil.

Je m'installais dans la baignoire, la lame à la main. J'avais écris mes derniers mots et mes dernières paroles avaient été adressées au monstre. Ma confession sur papier, je pouvais partir en paix. Mon histoire servirait peut être à d'autre filles. Peut être seront-elles moins sottes et qu'elles pourront en parler et se reconstruire.

J'admirai les reflets sur ce qui était devenu mon addiction ces derniers temps. Je l'enfonçais lentement et bientôt elle atteint les veines de mes bras. Je faisais des entailles en longueur pour chaque bras. Le même engourdissement merveilleux me saisit pour m'emporter à jamais. Mes pensées furent bientôt vides. La seule sensation qui me restait était celle vague du sang s'écoulant de mes bras. Je m'endormis. Le dernier somme, la dernière ligne droite.

Concours d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant