Darley et moi

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Texte by Laurane_luna

Darley est un garçon de ma classe. Il est de loin le premier duclassement tandis que moi je suis le premier en partant de la fin.C'est pathétique pour un sorcier d'être si mauvais que moi enmagie. C'est sûrement pour ça que je n'ai pas d'ami. C'est évident,qui veut pour ami un garçon qui peut mettre ta vie en danger car ila deux mains gauches. Sans compter sur le fait que j'ai un prénomqui sonne féminin, en tout cas pour les sorciers. Il n'a encorejamais choqué les humains quand j'ai eu une conversation de près oude loin avec l'un d'eux. Astré. Mes parents m'ont nommé ainsi enhommage à la femme qui a aidé ma mère à me mettre au monde alorsqu'elle était seule à ce moment-là.

Je dois admettre que jevoue une passion pour Darley et sa réussite. J'aimerais tellementlui ressembler. Il a ce charisme que les autres n'ont pas et ce quile rend beau à mes yeux, c'est qu'il ne se vente jamais d'avoirréussi là où les autres comme moi ont échoué. En fait, j'aitoujours été seul dans ma bulle de protection, à l'écart desélèves de ma classe qui, pour se rassurer se compare à moi et monéchec.

Pour ne pas changer dansmes habitudes, j'ai encore obtenu une piteuse. Ça a amusé mescamarades quand le professeur m'a posé une colle pour le soir même.Je suis seul dans la salle de permanence, même le pion est parti. Mapunition est de recopier une dizaine de fois la correction del'exercice, mais à quoi bon ?

Alors que je soupire uneénième fois devant ma copie saturée par l'encre, quelqu'un frappeà la porte déjà ouverte pour capter mon attention. Ce quelqu'un,c'est Darley. Que fait-il ici ? Je le regarde avec un airinterrogateur, vient-il à son tour se moquer de moi ?

— Besoin d'aide ? Medemande-t-il.

— Euh, non merci...Répond-je avec gêne alors qu'il vient s'installer à côté de moi.

— Dis-moi Astré,est-ce que tu te sens bien au quotidien ?

— Oui, je crois.Pourquoi cette question ?

— Parce que tu as l'airtriste. Et que chaque jour qui passe n'arrange pas les choses.

Je me tais face à cetterévélation. J'ai l'air triste et je ne le savais même pas. Suis-jetriste ?

— J'ai lu dans unbouquin que les sorciers n'arrivent pas à développer leur potentielquand ils sont malheureux dans leur quotidien. Je me dis que c'estpeut-être ton cas, avoue Astré.

— Non ne pense pas ça,je suis juste nul, dis-je en lui souriant.

— Tu n'es pas nul, tut'es convaincu que tu l'es.

— Je l'ai toujours été.Je ne me suis pas convaincu, ça a toujours été une évidence.

— C'est faux.Rappelle-moi quand est-ce que tu as reçu ta première piteuse ?

— Je crois que j'avais11 ans.

— Je me souviens qu'àcette période tu venais de perdre ton grand-père Astré. Et queceux qui étaient censé être tes amis n'étaient pas là pourt'épauler.

— C'est vrai, j'ai étéabsent pendant trois semaines et ils m'avaient déjà oublié en sefaisant de nouveaux amis. Mais en y repensant, tant mieux que cespersonnes soient parties.

— Là où je veux envenir, c'est que j'ai raison. Tu es en détresse et tu t'es persuadéque tout va bien.

— Tu n'as peut-êtrepas tort. Mais pourquoi tu viens me parler de ça ?

— Parce que ça a tropduré. J'ai de la peine de te voir comme ça. Personne ne remarque tasouffrance parce que tu as accepté de vivre comme ça. Je veuxt'aider à t'en sortir.

— Et comment comptes-tut'y prendre ? Dis-je avec un peu d'ironie dans la voix.

— En te rendantheureux, sourit-il.

Darley n'a aucune raisonde faire ça pour moi, il n'a rien promit et il a pourtant respectéses dires. Il n'avait pas tort ce jour-là, j'étais au fond dugouffre. J'ai eu beaucoup de mal à m'avouer que sans lui, je ne saispas si je serais encore là. Il a réveillé quelque chose en moi.Sans savoir pourquoi, sa présence m'a apaisé. Ses bras m'ontréconforté et ses paroles m'ont donné de la force.

Je ne sais pas commentdéfinir notre relation, je le considère bien plus qu'un ami. Messentiments sont indéfinissables pour lui, est-ce de l'amitié ? Dela fraternité ? Je pense que ce n'est aucun des deux. Et s'est bienplus que de l'amour. Il n'y a pas de mots pour définir lessentiments en réalité car nous ne contrôlons pas ces choses.

Auparavant, je pense queje suis déjà tombé amoureux mais jamais mes sentiments ont étéaussi puissant pour qui que ce soit à par lui. J'aime ce garçon etje sais que c'est réciproque. Bien que ça ressemble à de l'amour,je doute fort que ça soit ça.

 Puis comme chaquedimanche matin, il sonne à ma porte pour me donner des coursparticuliers, chose qui lui tient à cœur, il m'accueille sur le pasde ma porte en me donnant un baisé. J'ai d'abord été surpris maisj'ai compris qu'encore une fois je me voilais la face. Je suisamoureux de lui. Et je l'ai embrassé à mon tour tandis que mon cœurpalpitait. Pour une fois depuis longtemps j'irradie de bonheur.Grâce à lui.

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