Texte by : solinemia
Je me souviens de ce moment. C'était pour fêter nos cinq mois ensemble. Tu avais loué un petit bungalow pour deux près de ton village d'enfance. Tu sautillais de joie rien qu'à l'idée de me montrer tous les endroits que tu aimais tant. On avait passé le trajet à rigoler de tout et de rien ou à danser dans la voiture. On s'amusait déjà bien. Puis une fois arrivé et installé, nous nous dirigions vers la piscine du camping. Tu avais passé ton temps à m'éclabousser avant de me pousser dans l'eau. On avait fait des milliards de photos. Puis nous étions retournés à notre bungalow, fatigués, mais satisfaits.
Puis vint le lendemain.
Tu avais décidé de m'emmener au marché. Le plus beau marché selon toi. Nous nous étions préparé après notre petit déjeuné au soleil et nous étions parti. Il y avait peu de trajet depuis notre logis, on y était donc allé à pied. Pendant toute notre petite marche, tu me racontas des anecdotes que tu avais vécu dans cet endroit. Tu me contas toutes tes aventures avec tes parents, surtout celles avec ton père. Il était ton idole, tu t'étais construit par rapport à lui et je l'avais bien compris.
Nous arrivâmes à destination. C'était le lieu le plus agréable et convivial que j'avais vu. De grands draps étaient étendus de part et d'autre de la rue, créant ainsi une protection contre le soleil matinal. Il y avait plusieurs stands qui bordaient la rue, tous étaient colorés et rangés dans l'ordre des couleurs de l'arc-en-ciel. Ils étaient tous différents, certains vendaient de la nourriture, d'autres des bijoux ou des gadgets en tout genre. Sur chaque stand, on pouvait voir les marchands discuter avec leur client, mais pas de manière abrupte ou trop commerciale, non. Ils discutaient de manière amicale et conviviale. On voyait bien que c'était un petit village et que tout le monde se connaissait. Cette ambiance était agréable.
Tu me pris soudainement la main, avec un grand sourire et tu me traînas sur tous les stands du marché. On n'avait pas prévu d'achats spécifiques, on était là pour la beauté du lieu. Néanmoins, près d'un étal de bijoux, tu ne pusses t'empêcher de m'acheter ce bracelet. Il était magnifique. C'était une petite chaîne ornée de plusieurs perles bleues chacune habillée d'une spirale en fil aluminium. En m'offrant ce bijou, tu m'avais dit qu'il serait le souvenir de ce moment, du jour où l'on avait vu le plus bel endroit à tes yeux.
Au bout de l'allée arc-en-ciel, se trouvait une grande plage. Nous nous étions promené tout le reste du temps. Tu t'étais même amusé à me pousser dans l'eau. Nous étions revenus sur cette même plage l'après-midi. Nous étions repassés sur la rue du marché, mais cette fois-ci, elle était vide. Les vendeurs étaient partis et avaient laissé cette place, qui était pleine de vie, vide et morose. Puis une fois sur la plage, nous étions retournés nous amuser dans l'eau, jusqu'à la fin de l'après-midi.
Nous regardions le coucher de soleil assis sur la plage quand ton téléphone sonna. Quand j'ai entendu la sonnerie sur cette plage, je n'aurais pu me douter des ravages qu'elle allait faire. C'est après cet appel que toute la vie dans ton regard avait disparu. Ton père venait de mourir, et c'est la dernière fois que je t'ai vu heureux. Depuis ce jour, et malgré ce que tu me fais maintenant subir, je ne peux m'empêcher de me rappeler. Et je sais qu'en touchant ce bracelet, je me souviendrai toujours de l'homme que tu étais avant.