Klo

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Texte by : PlumeNoire666

 Mes pieds tapent contre le béton froid à chacun de mes pas, résonnant au milieu de la rue vide, à l'exception d'un pauvre SDF suppliant les quelques passants de faire preuve de bonté en cette période de l'année. Mécaniquement, je fis tomber trois pièces de deux euros dans son vieux chapeau mité, et partis sans écouter les remerciements qu'il devait servir à tout le monde, sans distinction.

Je regarde autour de moi, exaspéré par l'amour et la joie flottant dans l'air. Toutes les vitrines des magasins sont décorées de guirlandes colorées, et les fenêtres des habitations m'entourant sont lumineuses de milles nuances de vert et de rouge.

Je n'aime pas Noël.

Je n'aime pas Noël, car cela rime avec "vacances" et que je n'ai donc plus aucun échappatoire.

Je n'aime pas Noël, car on est obligé d'être heureux même quand tout va mal.

Je n'aime pas Noël car c'est le détournement immonde et cupide d'une fête religieuse et sacrée.

Je n'aime pas Noël car tout n'est que mensonge, de la neige aux pardons miracles.

Je n'aime pas Noël, et je ne pense pas que cela pourra changer un jour.

Tremblotant, je resserre mes bras autour de mon torse, espérant ainsi me réchauffer grâce à ma propre chaleur corporelle. Peine perdue, je le sais bien, mais ce geste me réconforte. Comme si une personne extérieure me faisait un câlin. Mais ce n'est que moi. Comme toujours...

Je réfléchis un instant à rentrer, à rebrousser chemin et retrouver l'ambiance à la fois glauque et chaleureuse de chez moi. Tout dépend de comment il est. Je me souviens avoir entraperçue une bouteille d'alcool dans ses mains alors que je sortais.

Je vais rester dehors encore un petit moment.

J'ai froid, les yeux humides et les doigts insensibles. Il ne neige pas, non, ce serait trop beau, mais la température est telle qu'on se retrouve avec tous les inconvénients sans aucun avantage. Je décide de m'arrêter de marcher, et me pose sur un banc, dont la peinture verte foncée est quasiment cachée derrière tous les tags au correcteur liquide et au feutre noir. Je tremble encore plus, essayant de ressentir la moindre petite sensation dans mes pieds frigorifiés. Une larme coule, et me paraît brûlante sur ma peau froide.

Je n'aime pas Noël, car j'ai l'impression d'être la seule personne malheureuse à ce moment-là.

Je veux partir. Loin, très loin de cette ville, de cette vie. De ce froid, de ces coups à répétitions, de cette peur constante. Oui, partir loin de ma peur. Partir sans me retourner, tout laisser, tout abandonner, tout comme ils m'ont abandonné en premier.

Une deuxième larme coule, rapidement suivie d'une troisième et ainsi de suite. Elles s'écroulent en silence sur mon pantalon élimé ne me protégeant aucunement de cette atmosphère glaciale. Je reste stoïque, attendant que cette crise passe.

Ce n'est pas la première, et ce ne sera sûrement pas la dernière non plus. Alors autant essayer de garder bonne figure.

Une fois ces gouttes taries, j'essuie mes yeux d'un revers de main, priant pour qu'ils ne soient pas trop rouges. Je me force à respirer profondément, calmement, avant de me lever et de recommencer à marcher. Où ça ? Je n'en sais rien, avançant au pur hasard. De toutes façons, tous les immeubles se ressemblent en ce soir, arborant un bonhomme obèse rouge et blanc tentant de monter à leur fenêtre tel un piètre voleur et distribuant leur gaîté dégueulasse aux alentours. Les rires résonnent dans la rue vide, et paraissant insupportables à mes oreilles. Quelle est la dernière fois où j'ai rie ? Je ne m'en rappelle pas...

Concours d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant