Lorsqu'il rouvrit les yeux, Renwyck était allongé sur un lit de paille dans un dortoir du repaire magian. Il était vêtu d'un pagne et recouvert d'une lourde couverture de laine. On avait placé sur son front un linge humide et on l'avait également lavé du sang et de la crasse accumulée dans les égouts. Son corps était encore las, mais la douleur à l'arrière de son crâne avait complètement disparu.
— Renwyck, tu es réveillé !
C'était la voix de Lasica, assise à son chevet, un long chapelet de billes noires entre les doigts. La prêtresse de Dra l'avait veillé. Renwyck en fut touché.
— De l'eau... murmura-t-il.
Elle lui apporta aussitôt une cruche et un godet. Renwyck se redressa et but avec avidité avant de la remercier. Elle posa la main sur son front avec délicatesse et récupéra le linge humide.
— Nous t'avons trouvé inconscient devant la porte du tunnel de la Maison des Fleurs de Lys, lui raconta-t-elle. Nous étions tellement inquiets de te savoir prisonnier ! Akhbar était déjà en train de planifier une mission de sauvetage.
Renwyck remarqua que les bocaux-lanternes diffusaient la lueur bleutée qu'ils arboraient la nuit. Combien de temps était-il resté inconscient ? Était-il déjà trop tard pour avertir Aulirath du complot qui se tramait à la Citadelle ?
— Quelle heure est-il ? demanda-t-il à Lasica avec fébrilité. Combien de temps ai-je dormi ?
Elle sembla surprise par son agitation soudaine.
— Quelques heures tout au plus. Il doit être un peu avant minuit.
— Je dois absolument voir Aulirath !
— Maintenant ? Mais...
Renwyck était déjà debout. Il se vêtit rapidement, s'empara de la fiole de poison posée à côté du lit et sortit du dortoir en courant. La grande salle était vide mais, plus loin, une traînée de lumière orangée s'échappait de sous la porte de l'étude, jurant avec la pénombre indigo qui régnait là. Sans hésiter, Renwyck avança et poussa la porte. Quelques chandelles de suif étaient allumées et éclairaient Akhbar et Aulirath en pleine conversation. À la vue de Renwyck, ils s'interrompirent aussitôt mais leurs visages affichèrent un réel soulagement.
— Ah ! s'exclama Akhbar. Tu es debout, mon garçon !
— Nous t'avons trouvé à la porte dans un tel état, lui dit gentiment Aulirath. Lasica s'est bien occupée de toi. Nous étions tous inquiets, surtout après les événements d'hier soir.
Une ombre de tristesse passa sur tous les visages. Le souvenir de Vills était douloureux.
— Vous aviez tenté de me prévenir, regretta Renwyck avec amertume.
Aulirath lui rendit un sourire triste, plein de compassion. Elle semblait fatiguée et des rides de souci marquaient le coin de ses yeux.
— Il est toujours plus aisé de trouver le sens des prophéties une fois qu'elles se sont réalisées. Nous avons toutefois une bonne nouvelle : Hègre nous a fait parvenir un message. Bakalar, Erigone et elle ont réussi tous les trois à quitter le Val de Nacre.
Cette annonce emplit Renwyck d'un soulagement doux-amer. Ils avaient réussi leur mission. Erigone s'était échappée. Ils avaient payé un lourd tribut, mais Vills n'était pas mort en vain.
— Hatyāri et Torska ont réussi à filer eux aussi, continua Akhbar d'une voix sombre. Nous avons perdu leur trace. Je ne pense pas qu'ils s'attendaient à être démasqués : ils ont laissé toutes leurs affaires derrière eux. Comment t'es-tu enfui ? ajouta-t-il à l'attention de Renwyck.

VOUS LISEZ
L'Herboriste - Les Thaumaturges I
AventuraDeux destins. Renwyck, jeune herboriste, part à la recherche de son père inconnu, guidé par une mystérieuse prophétie. Si magie et complots se dressent sur son chemin, il faudra bien y faire face. Pour Niédar, valeureux elfe déchu, c'est la vengean...