Une Dernière Vie

72.

Je porte le cercueil de mon cousin sur l'épaule. Je m'avance vers le cimetière, le regard vide.

- ... Je n'ai pas de mère. J'ai grandis sans elle, sans avoir bu de son lait au moins une fois, sans avoir pu voir son visage. Et ça me fait mal Rehan... dit-il en baissant sa tête.

...

- Baba... moi et Yûsuf, on va conquérir le monde. Mais on sera gentil, pas méchants. Dis-je à mon père.

- Oui ! On sera toujours ensemble, pas vrai cousin ? Me dit Yûsuf en souriant.

...

Je me mets devant la tombe de mon père. Je garde la tête baissée, sans bouger. Je sens alors une main sur mon épaule.

- Qu'Allah lui fasse miséricorde. Il a quitté ce monde, il est partit pour son repos. Il est délivré. Me dit-il.

Je me tourne vers lui.

- Comment peux-tu dire ça, Yûsuf ? Lui demandais-je, les larmes aux yeux.

- Il a vécu dix-sept ans dans la souffrance sans elle. Il a rejoint la femme qu'il aime, cousin. Me dit-il tristement.

On se fait une accolade, moi, toujours pleurant.

Il était un homme discret, toujours dans son coin. Il ne faisait de mal à personne. Il gardait tout pour lui, c'était mon cousin mais aussi mon frère. Son père était l'unique frère de ma mère.

On pose son corps au sol puis on se met à prier sur lui. Une prière sans inclinaison ni prosternation. Une prière d'adieu pour mon frère...

Une fois finis, ils mettent le corps de Yûsuf dans la tombe puis mettent des planches en bois. Ils mettent ensuite de la terre et le couvre. Les hommes commencent à quitter le cimetière un par un.

- Qu'Allah te pardonne, mon frère. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je devrais être triste pour ton départ ou déçu de ce que tu me cachais ? Lui demandais-je, pendant que j'étais avec Reham, tu rêvais de l'avoir... mais finalement, tout ça n'a plus d'importance dans le monde où tu es.

Je pose ma main sur le sol.

- Tu vas te faire questionner par Mounkar et Nakir (deux anges questionneurs de la tombe), puis tu vas avoir sois une porte du paradis sois une porte de l'enfer ouverte. Je prie qu'Allah te facilite la plus grande des épreuves et t'accepte dans Son Paradis. Chuchotais-je.