Nabil Andrieu (2013)
« 𝐶𝑜𝑛𝑑𝑎𝑚𝑛𝑒́, 𝑗'𝑣𝑒𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑚𝑖𝑓' »
𝐅𝐞́𝐯𝐫𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟏𝟑, 𝐌𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐝'𝐀𝐫𝐫𝐞̂𝐭 𝐝𝐞 𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐲-𝐌𝐞́𝐫𝐨𝐠𝐢𝐬, 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞
T A R I K
- Tarik t'iras après moi OK ?
Je répondait d'un simple de hochement de tête à Bilel, mon co-detenu de cellule. On avait le droit d'utiliser le PC de la salle commune 30 minutes, comme chaque dimanche. Bilel allait passer un appel par Skype, pour donner des nouvelles à sa mère. Moi j'avais prévu de me connecter un peu sûr Facebook pour donner aussi des nouvelles à tout le monde.
Je me levais de ma couchette pour aller mettre un t-shirt. Les choix étaient réduits, entre quatre ou cinq hauts différents. Je soupirais en enfilant mon maillot du PSG. J'crachais dans ma main et la passait dans mes cheveux pour les arranger un peu. Ça me rappelai automatiquement que c'était une habitude que j'avais depuis petit avec mon frère. Sentant la nostalgie revenir, je me lassais tomber sur une chaise et allumait mon joint déjà roulé, pour penser vite à autre chose. Ici, j'avais pas le choix. Quand on voit pas la porte de sortie, faut éviter de penser au passé pour pas tomber encore plus bas. Depuis que j'étais à Fleury, je m'étais mît à fumer régulièrement. Ici, le shit passait encore mieux que dans la rue, et ça m'avait étonné au départ. Avec quelques connaissances que j'm'étais faites dans ce placard, on étaient tous devenus un peu camés. J'avais ralenti un peu ces dernières semaines, mais j'me permettait un teh par jour.
Mon regard vide traversait la cellule. Cette petite pièce qui était devenue ma nouvelle chambre. Une chambre étroite, froide, sombre et humide. Devant mon lit, il y avait une petite table avec quelques objets, adossés à un mur gris et moisi, dû aux fuites. Je fronçais les sourcils en sentant au loin, une odeur de toilettes sales. Je tirai sur mon joint en continuant d'observer cette pièce que je connaissais trop bien. Un cafard sortait par la grille qui servait de porte. Conditionné au fond d'un hall sur une chaise, j'étais habitué à cette misère. Mais le trou c'était encore autre chose. J'étais en cage comme un lion qu'on veut tranquilliser, en lui imposant des barreaux. Les premiers mois, c'était les plus difficiles. Les porcs faisaient que de me surveiller, comme si j'étais le plus pourri ici. Au fond, j'faisais que vendre pour sortir les miens de la de-mer, j'me retrouvais pas ici. Comme mon co-détenu, qui vendait pour essayer de quitter sa cité avec sa daronne.
La prison j'avais toujours trouvé ça con. Chez moi on dit : « Au fond du trou, jette un homme il ressort avec une arme ». Et maintenant je comprenais encore mieux ces mots. Tout le monde ici avait la haine, leur haine avait grandit et poussée encore plus qu'avant. Et un peu plus qu'avant, certains pétaient les plombs. Dans la cellule voisine, y'avait un gars qui avait purgé sa peine deux fois; la première c'était juste pour vente de stup', et la deuxième pour avoir blessé un keuf qui l'avait coincé. Ce genre de parcours, c'était fréquent. J'voulais être plus intelligent que ça et pas sombrer dans ça, mais c'était chaud. Difficile de se sentir vivant dans cette noirceur étouffante.
VOUS LISEZ
n.o.s | 𝐏𝐀𝐑𝐋𝐄 𝐀̀ 𝐌𝐎𝐍 𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑
Fanfiction𝗻𝗮𝗯𝗲̈𝗹𝗮 🤍 "on devait tout faire à deux, on a grandit ensemble, on devait tout faire à deux. impossible que la vie nous sépare, on se demande encore pourquoi on s'est menti dans les yeux" 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐯𝐫𝐚𝐢𝐞 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞.