-37-CHARLIE

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« La marche des vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l'oeuvre du malin. »

Pulp Fiction

Charlie

Je m'étais occupée de faire un double des clés pour Connor, le lendemain de cette soirée. Quand je lui avais mis dans les mains, son visage s'était éclairé d'un sourire radieux puis le voir les accrocher à son trousseau, ce qui m'avait donné du baume au cœur. Tout se passait pour le mieux pour nous, rien n'aurait pu troublé ce bonheur que je pouvais ressentir, pratiquement rien.

Mon ciel prit une teinte de noire quelques jours après. Le jour où je croisais la route de quelqu'un que j'aurais préféré ne plus voir.

Sortie d'une librairie, les mains chargés, je pilais nette face à une silhouette reconnaissable prêt de ma voiture. Je cherchais une échappatoire mais il n'y avait pas moyen, j'étais repérée. Son regard dardé sur moi et ce sourire de cafard placardé sur sa gueule ne laisser pas de doute sur le sujet. J'avançais  lentement essayant de garder toute ma constance, la tête droite, pas comme la dernière fois.

Paul. Il était là face à moi, les mains dans les poches m'empêchant de continuer ma route ou de pouvoir monter dans ma voiture. Un sourire idiot sur le visage. Toujours dans ce même genre de fringues usées, ses cheveux sombres et sales, il puait la complaisance, ravi de sa petite mise en scène. Je le détestais depuis le premier jour où je l'avais vu.

J'avais été repéré, de loin où me suivait-il depuis des jours? Je ne savais pas et ça m'inquiétait. Je restais silencieuse face à lui, je ne lui ferais pas le plaisir d'engager une conversation. Sa présence ici n'était pas dénuée d'intérêt. Paul ne faisait jamais rien par altruisme. Connaître ses plans était tout autre chose cependant.

—Décidément, commença t-il, un sourire idiot sur les lèvres. Toi et moi, on ne se quitte plus. Tu disparais pendant des années et ensuite, je te vois plusieurs fois en quelques semaines. Je te manque ?

S'il se trouvait drôle, ça n'était pas le cas. Son petit jeu pourrait vite avoir raison sur ma patience.

—Ce n'est pas ton quartier ici, alors abrège Paul et dis moi ce tu veux ?

Regardant dans mon dos, il ne m'écoutait même pas.

—Il est pas là ton petit copain, le flic ?

Comment pouvait-il le savoir que j'étais en couple avec Connor depuis que nous l'avions croisé? Ou était-ce un jeu pour savoir justement? Je décidais de ne pas répondre, ne voulant pas lui donner du grain à moudre.

—Que me veux-tu, je me répétais un brin plus brusque.

—Je prend des nouvelles, ça se fait entre amis, non ?

Il se foutait ouvertement de ma gueule, quelle petite sous merde. Je tournais la tête de droite à gauche pour être sûre qu'aucune personne ne se trouvait trop prêt de nous. Je lui fis mon regard le plus obscur que je pouvais pour lui faire passer le message. Je commençais à en avoir marre de faire la discussion avec lui, cela ne m'apportait rien de bon.

—On est pas amis, toi et moi. Nous ne l'avons jamais été.

Il pencha la tête sur le côté, son air sadique toujours affiché. Je rêvais de lui faire bouffer ses chaussures sans aucun remord.

—C'est vrai. Tu ne m'aimais pas beaucoup, je n'ai jamais compris pourquoi d'ailleurs.

Il osait poser la question en plus, je ne savais pas si j'allais pouvoir me retenir plus longtemps de le frapper.

Fallen "In love" TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant