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« Ce que je veux dire, c'est qu'elle avait des yeux où il faisait tellement bon de vivre que je n'ai pas su où aller depuis. »

Romain Gary -  La  promesse de l'aube

Connor

Je n'avais pas pu conduire l'interrogatoire de Greer, ce qui me foutait en rogne mais je le laissais dans les mains de Jared qui savait très bien y faire et le reste de l'équipe aussi. La raison était qu'il m'avait vu avec Charlie. Ce type avait parfaitement bien compris qui elle était pour moi et il n'était pas nécessaire de lui donner du grain à moudre et de le laisser se servir de mes émotions contre moi. J'étais entraîné à ce genre de chose, de rester imperméable mais concernant ma petite amie, je dépassais souvent les limites, comme dans la ruelle. J'étais prêt à lui mettre une balle dans le crâne pour qu'il s'éloigne de Charlie, pour ne pas voir ses sales paluches sur elle qui avait pris trop de risques pour m'aider.

Jared m'avait convaincu de le laisser faire au vu des propos que l'ancien sniper m'avait tenu une fois Charlie éloignée. Il s'agissait de menaces trop insistantes pour ne pas y prendre garde. Surtout quand on connaissait le pedigree du bonhomme, il valait mieux ne pas prendre de risque. Il m'avait fait tout un tas de compliments en la nommant de tous les noms possibles et promettant de lui faire sa fête si leurs chemins venaient à se recroiser, en gros. Moi aussi j'avais envie de lui faire voir un feu d'artifice à ce con mais pas de la même manière qu'il envisageait ma femme. Je ne voulais pas y penser parce que ça me foutait dans une rage folle rien que de les imaginer de nouveau dans la position dans laquelle j'avais trouvé ma petite amie, à la merci de ce gars.

Du coup, je ramenais ma copine à son domicile mais avant nous allions avoir une longue et pénible conversation, je pensais. Furieux était au delà des mots pour définir mon humeur. J'avais cru bondir d'horreur en la voyant s'approcher du Smoke Club dans sa robe trop courte et brillante. Je savais que ma colère était diriger par ma peur, c'était toujours le cas avec Charlie.

Avec ce que je venais de vivre, elle aurait dû y penser, merde! Comprendre que je ne voulais plus de drame dans ma vie. Le dernier avait été de trop et je n'étais pas capable d'en subir d'autre. Ouais, j'avais la capacité émotionnelle d'une petite cuillère mais j'étais fais ainsi. La perdre elle, c'était me perdre moi même. Je ne m'en remettrais jamais.

Mes arguments n'avaient pas dû être assez fort pour qu'elle imprime dans son cerveau brillant ce que je ressentais. J'allais en remettre une couche et pas pour rien. Pas de doute, ça allait grincer entre nous.
On avait l'habitude maintenant de se hurler dessus comme des chiffonniers. C'était sûrement ainsi que ça allait finir même si je ne voulais pas que ça se passe de cette manière. Je détestais toujours autant entrer en conflit mais depuis l'arrivée de Charlie dans ma vie, j'avais l'impression de l'être en permanence. Je me battais contre elle, pour elle, mes proches et moi même. Là en revanche, je savais que j'avais parfaitement raison de mon état de nerfs même si ce n'était pas bon de bouillir ainsi.

Je conduisais ma voiture avec un endroit en tête où nous amener. S'eloignant un peu du tumulte de la ville, je prenais le temps du voyage pour me calmer et respirer longuement. Charlie me guettait du coin de l'oeil, attendant que je lui saute dessus pour crier.
Pas question de lui faire plaisir en m'exécutant tout de suite, j'allais la laisser mariner dans son jus. Nous avions continué ce petit manège sur quelques kilomètres encore jusqu'à ce que je gare la voiture près de la plage dans un endroit exempté de toute population surtout à cette heure tardive.

Fallen "In love" TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant