-52-CHARLIE

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"La famille, c'est comme les godasses, plus elles vous serrent et plus elles vous font mal."

Affreux, sales et méchants -
Film d'Ettore Scola

Charlie

Nous nous étions mis en route très tôt le matin pour profiter de la fraîcheur matinale afin de rejoindre Santa Barbara et la famille de Connor. Je ne pouvais dissimuler une petite pointe d'appréhension parce que j'ignorais où je mettais les pieds. Je gardais la main de Connor posée sur ma cuisse dans les miennes, tout le long du voyage. Je le sentais emprunt d'anxiété et il avait besoin de moi pour ces quelques jours. Il ne m'avait rien dit de concret à ce sujet durant le voyage mais je le sentais au fond de lui. Plus nous avalions les kilomètres et plus mon ours de petit ami devenait grincheux. Cette poignée ferme en était le signe ainsi qu'une demande silencieuse de sa part de rester à ses côtés. Je deviendrais son bouclier. Une fois n'est pas coutume, je l'aiderais à dépasser ses angoisses et il me permettait de le faire.

Une fois arrivée sur les lieux, pas de doute, sur la paternité de Patrick Heasley, ses fils étaient son portrait craché. Grand, brun, les yeux verts, cette force qui émanaient d'eux. Il avait de très beau reste pour un homme d'une cinquante d'années. Aydan n'avait pas changé en l'espace de quelques mois et nous nous saluions de notre poignée de main que nous avions mis en place aux vacances de printemps.

La belle mère qui me donna l'ordre de l'appeler Mary était extrêmement chaleureuse. Elle prit Connor dans ses bras avant de le couvrir de baisers sur chaque joues alors qu'avec son père, ils se serraient brièvement la main avant de me présenter. Je sentais la tension qui émanait de Connor au moment où nous nous installions sur les canapés devant des rafraîchissements. Il était mal à l'aise et moi donc.

Mary et Aydan nous permettaient de ne pas plonger dans un plus grand malaise alors qu'ils parlaient du coin, de la météo et nous demandait si nous avions fait bon voyage. Des conversations bateaux certes mais je les remerciais gracieusement dans mon fort intérieur. Si on attendait que mon bougon petit ami prenne les devants alors c'était croire au père noël.

Il bouillonnait de l'intérieur, je le sentais. Les bras croisés sur sa poitrine, la tête enfoncée entre les épaules, il ressemblait à une tortue en colère. Je savais bien qu'il avait des relations tendus avec son père mais de là, à garder bouche close, c'était un monde. Il aurait dû se réjouir de la présence de son petit frère au moins. A sa visite au printemps, tout c'était bien passé et j'en étais témoin. Les deux avaient passé leur temps à se jouer de moi en parlant en gaélique jusqu'à ce que je mette Aydan dans ma poche. Nous avions accrochés tous les deux sous les yeux contrariés de Connor pour finir par nous moquer à notre tour de « monsieur grognon ». Aydan imitait très bien son frère. Je comprenais l'attitude de Connor en revanche. J'espérais juste qu'il se dériderait avant la fin du séjour sous mes coups d'œil. J'en avais marre d'entendre de sa bouche ses grincheux « ouais »,
« nan » et « j'sais pas ».

Après les boissons fraîches et ce minimum de conversation, nous avions gagner notre chambre. La maison était vraiment belle, située près de la plage jouissant d'une énorme piscine.

—Tu vas bien, je demandais à mon beau ténébreux.

Il hésitait entre garder ses affaires dans son sac et les mettre dans la commode. Son corps balançait de l'un à l'autre comme son humeur d'un équilibre précaire.

—Mouais.

Cette satané réponse. Il n'y mettait pas du sien et me soûlait tout doucement mais je prenais sur moi. Décidément, il mettait mes nerfs à rude épreuve.

Fallen "In love" TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant