Fallen "In love" TOME 2

-58-CONNOR

"Donne moi la force de faire mon devoir"

Amsterdam Vallon - Gang of New-York

Connor

Mon réveil était brutal. Je ne savais plus où je me trouvais et il me fallait quelques secondes pour comprendre d'où venait cette lumière bleutée et oppressante. Je n'étais pas dans mon appartement, pas chez moi mais dans le penthouse de ma mère. La clarté venait des immenses baies vitrées dépourvues de volet ou même de simple rideaux. Même dormir paisiblement n'était pas possible chez elle. Il fallait que tout soit éclairé, aucun droit à une petite obscurité sauf la sienne et elle prenait une trop grande place alors il fallait bien compenser par son intérieur cliniquement lumineux mais sans âme. Je reposais ma tête sur l'oreiller complètement déphasé, je me mettais à me raconter des conneries. Plusieurs rêves avaient pourris ma nuit et c'était tout sauf joyeux. J'attrapais mon portable pour y lire une heure trop matinale. Le ciel était chargé d'épais et lourds nuages grisonnant me faisant comprendre que nous allions nous prendre une grosse lampée sur la tête et je haïssais la pluie.

Le corps de Charlie bougeait contre moi me rappelant qu'elle était bien présente. Toute cette merde qui me tombait sur la tête me faisait oublier ma copine, un comble. Ses yeux gris bien plus clairs que les nuages de l'extérieur me regardaient avec intérêt et une certaine appréhension.

Même si je faisais tout pour l'oublier, je savais parfaitement quel jour nous étions et il était venu trop vite. Trois jours que nous étions à New-York et tout avait défilé à la vitesse de l'éclair. Je ne pourrais repousser ce moment dans ma tête parce que nous y étions et je ne pouvais pas me défiler, je n'en avais pas le droit malgré mon corps qui s'évertuait à vouloir échapper à la tourmente. Tous les moyens étaient bons pour oublier mais une fois les pieds dedans, difficile d'ignorer pourquoi j'étais venu dans ma ville natale. J'aurais préféré amener Charlie en d'autres circonstances. Nous aurions pu parcourir la ville de long en large comme de parfaits touristes, visiter les lieux emblématiques alors que là, elle avait dû jouer les femmes d'intérieure à m'attendre. Je ne voulais pas lui imposer la tristesse d'une maison en deuil alors je la laissais seule de longues heures et ça m'emmerdait mais je n'avais pas le choix.

Nous nous étions levés dans le silence pour vite avaler des cafés et quelques viennoiseries préparer par les bons soins de Rosa qui ne serait pas présente à l'appartement aujourd'hui. Je lui avais demandé de rester chez elle auprès des siens pour ne pas s'imposer un aller-retour fatiguant avant de nous rejoindre à la cérémonie. Ici, nous n'avions pas besoin d'être chouchoutés après tout. Ma mère brillait elle aussi par son absence. A croire qu'elle vivait dans son bureau au sein de son cabinet d'avocats. Evidemment pourquoi être présente pour son fils, un jour si difficile. C'était sûr que les notions de compassion et d'altruisme lui étaient inconnus. Un vrai bâton de glace cette femme, aussi raide que la justice.

Il fut venu le temps de nous fringuer et je râlais tout ce que je savais de devoir enfiler ces vêtements inconfortables. Un costume que je n'avais pas envie de mettre ni même cette fichue cravate qui m'en faisait baver. Charlie se portait à mon secours avant que j'envoie l'objet de torture au fond des chiottes, sa place légitime. Elle n'avait pas beaucoup parler depuis que nous étions levés, je préférais ruminer dans mon coin comme toujours quand ça n'allait pas et Charlie le savait parfaitement. C'était aussi pour cela que je l'aimais, elle savait toujours comment se comporter selon mes humeurs, elle s'adaptait. Je voyais ses yeux faire l'aller retour sur ses mains qui s'agitait dans un geste sûr.

—Merci, je soufflais, la cravate une fois bien ajustée et qui ne me serraient pas trop le cou.

—Pas de quoi, me disait-elle en m'embrassant.