Chapitre 2

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Trois semaines. Trois longues semaines étaient passées et la situation devenait de plus en plus difficile à gérer et à vivre pour Michael qui ne souhaitait qu'une seule chose : que sa fille soit heureuse.
Mais leur situation s'était corsée depuis maintenant quatre jours. Un vent glacial soufflait sur la ville de Los Angeles. À tel point que presque plus personne ne sortait. Certains lieux publics avaient dû fermer leurs portes, comme les lieux de culte, les écoles, les bibliothèques, les salles de sport... Mais Michael et Spencer étaient toujours à la rue, exposés à la tempête, contre la devanture d'une supérette.

Spencer grelottait, ses lèvres étaient bleues, ses yeux étaient fermés, elle se collait contre Michael qui tentait tant bien que mal de la réchauffer, sans réel succès. Il enleva sa veste usée, se retrouvant en simple chemise, usée elle aussi, et si fine qu'il avait l'impression d'être torse nu dans ce froid. Il posa sa veste sur sa fille et la serra contre lui. Il avait faim et savait pertinemment que Spencer aussi. Seulement, il n'avait plus du tout d'argent.

Il avait réussi à payer l'amende de vingt dollars que lui avait mis sa soeur en l'espace d'une semaine et demie. Le problème était qu'il ne lui restait désormais que ses poches vides. Et cela s'empirait considérablement depuis ces quelques jours puisque plus personne ne sortait ou ne prenait le temps de leur donner un peu d'argent.

Michael sentait ses membres s'engourdir et ses yeux se fermer. Il luttait pour ne pas s'endormir de peur de ne pas se réveiller. Ce n'était pas le fait de mourir qui lui faisait peur, mais plutôt le fait d'imaginer sa fille seule, sans aucun repère dans ce monde dépourvu de toute pitié.

Il décida de se lever pour marcher un peu afin de réveiller son corps. Il se dégagea délicatement de la prise de Spencer et une fois libéré, il remit correctement sa veste sur le corps frêle de sa fille. Il s'avança un peu dans la rue regardant tout autour de lui. Ses yeux se posèrent sur une fontaine d'eau non potable à une centaine de mètres de lui. Il pensa une seconde à aller boire dedans, puis il se dit que s'il voulait de l'eau, il devait aller à l'autre bout de la ville pour boire quelque chose de potable.

Néanmoins, il s'approcha lentement de la fontaine, très intéressé par celle-ci. Il regardait autour de lui de temps à autre pour s'assurer que personne ne le voyait, et comme il devait s'en douter, personne n'arpentait les rues par cette température. Il s'approcha alors d'un pas plus assuré de la fontaine avant d'ancrer son regard dans l'eau. Il s'apprêtait à commettre un acte honteux, un crime qu'il jugeait terrible. Il s'apprêtait à voler, chose qu'il s'était toujours juré de ne pas faire, étant un homme honnête.

Après quelques secondes d'hésitations, il plongea son bras dans l'eau glacée qui lui mordait la peau et ramassa quelques pièces qui traînaient au fond de la fontaine. Il passa moins d'une minute à commettre ce délit, mais cela lui paraissait être une éternité. Il s'en voulait déjà de prendre cet argent destiné à la rénovation de certains édifices de la ville. Mais en une seconde, ses remords disparurent. Il se disait que la survie de Spencer était bien plus importante que des travaux pour des vieux bâtiments qui seraient forcément voués à être détruits un jour ou l'autre.

Il sortit finalement son bras de l'eau, brûlé par le froid, puis il compta l'argent qu'il avait amassé. Douze dollars et quatre-vingt-dix-sept cents. "De quoi tenir quatre ou cinq jours de plus." se disait-il. Il retourna rapidement auprès de sa fille pour s'assurer qu'elle était toujours au même endroit. La voyant tout aussi paisiblement endormie qu'à son départ, il entra sans la supérette contre laquelle elle était appuyée.

Quand il entra, la vendeuse le regarda de travers. Il fit comme s'il ne la voyait pas et se dirigea dans le rayon qui l'intéressait le plus : les boites de conserves. Il saisit trois boites de nourriture, des lentilles, des petits pois, et le plat préféré de Spencer : des raviolis. Il alla ensuite dans un second rayon et attrapa un paquet de bonbons pour sa fille. Enfin il prit une bouteille d'eau et alla payer ses articles.

Homeless... (Terminée) MJFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant