Chapitre 27

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Le lendemain, à dix huit heures, Michael attendait comme prévu dans l'allée de gravier de la prison, menotté et sous la surveillance de deux gardes. Il vit une voiture de police s'approcher d'eux, sûrement celle qui allait l'emmener vers une liberté totalement illégale et probablement difficile à vivre. L'un des deux surveillants ouvrit la portière arrière de la voiture et y fit monter le fugitif. Il referma la portière et le véhicule se mit en route sans attendre. Michael n'arrivait pas à voir la personne qui conduisait à cause d'une sorte de paroi de métal. Soudain une petite trappe s'ouvrit au milieu de la paroi et quelle ne fut pas sa surprise de voir Janet au volant du véhicule. Alors qu'il s'apprêtait à parler, Janet leva la main lui faisant signe de se taire.

- Michael, je fais ça pour toi et je risque ma place et même ma liberté en faisant ça donc ça reste entre nous. Même la famille ne doit pas savoir ce qu'on a fait.

- La famille ? Demanda Michael après un silence. Quelle famille ? Je te rappelle que d'après Joseph je suis pas un Jackson. J'ai pas de famille à ce qu'il paraît.

- Michael arrête...

- Excuse moi mais c'est la vérité et tu ne pourras pas me contredire là dessus. Bref où est ce que tu m'emmènes ?

- À Tijuana.

- C'est où ça ?

- À environ cent cinquante miles d'ici. C'est à la frontière du Mexique. Je te ferai passer la frontière et après ça Andrea et James te récupèreront.

- Tu risques rien à la frontière ? S'inquièta Michael.

- Et bien... Si. Je risque tout même. Mais ça va bien se passer. On passera comme s'il y avait une urgence.

Michael ne répondit pas. Puis il fit une requête à Janet.

- Euh... Dis moi, tu pourrais... Me détacher ?

Janet fronça les sourcils et regarda dans le rétroviseur avant de lui tendre un trousseau de clés.

- Désolée j'avais oublié que tu étais menotté.

Michael enleva les bracelets métalliques et rendit les clés à Janet. Celle-ci les reprit sans rien dire puis elle les glissa dans sa poche. Une bonne partie du trajet se fit dans le silence total. Si quelqu'un avait demandé à Michael qu'elle était l'ambiance dans la voiture, il n'aurait su répondre à la question. Il ressentait une sorte de malaise inexpliqué entre lui et sa petite sœur, ou peut-être était-ce un silence reposant qu'il percevait comme négatif à cause de la pression qui montait en lui. Il pensait à Stuck qui ignorait totalement qu'il était en train de fuir la prison. Il se promettait de le contacter dès que tout irait mieux. Avec un peu de chance, Stuck serait peut être déjà sorti de prison à ce moment là et ils pourraient se voir à l'extérieur. Quoiqu'il en soit, le sommeil rattrapa le jeune homme qui finit par s'endormir alors qu'il restait une bonne heure avant d'arriver à la frontière du Mexique.

Il se réveilla au bout d'une heure, quelque peu désappointé en se rendant compte qu'il était dans une voiture de police dont la sirène était en train de hurler. Il mit quelques secondes à se souvenir de ce qu'il faisait là. Il regarda par la fenêtre en bâillant et il vit qu'ils roulaient à une allure considérablement élevée. Il fronça les sourcils et demanda pourquoi une telle vitesse à Janet.

- On s'approche de la frontière. Il faut qu'on fasse croire que tu es en train d'être transféré vers la prison de Mexico. Et euh... Il va falloir qu'on te fasse passer pour quelqu'un d'autre. J'ai des faux papiers pour toi ici. Ça va nous servir juste le temps de traverser la douane. Si on se fait contrôler, il faudra que tu fasses comme si tu ne parlais pas un mot d'Américain ou d'Espagnol.

- Pourquoi je suis censé être de quelle nationalité ?

- Allemand. Tout simplement parce que l'Allemand n'est pas vraiment une langue enseignée au Mexique. Donc il y a très peu de chance pour qu'on tombe sur un douanier qui parle Allemand.

Michael hocha la tête puis il regarda l'extérieur, la respiration accélérée par le stress. Son coeur battait si vite et si fort qu'il avait l'impression qu'il pouvait lâcher à tout moment.

C'est au bout de dix minutes environ qu'il vit des douaniers postés de part et d'autre d'une route, en train de contrôler la quasi-totalité des voitures franchissant la frontière. Janet passa dans une voie réservée aux urgences d'État qui servaient à des évènements prestigieux comme des venues présidentielles ou bien des simples transferts de prisonniers entre-États, comme dans ce cas.

Il semblerait que la chance ne soit pas avec Michael ce jour-là puisqu'en apercevant la voiture de police, un douanier se mit en travers de la route et faisant signe de s'arrêter sur le côté. Voyant cela, Janet soupira et conseilla Michael.

- Agis naturellement, et n'oublie pas, tu es étranger, tu ne parles pas Américain ou Espagnol. Ça va bien se passer.

Michael n'eut pas le temps de répondre que Janet était déjà sur le bas côté de la route. L'officier s'approcha du véhicule arrêté et se mit à la fenêtre conducteur. Il parla à Janet qui donna les faux papiers de Michael pour justifier le transfert.

Le douanier passa quelques longues secondes à lire le passeport et la carte d'identité européenne de Michael. Ce dernier en profita pour jeter un oeil sur le badge du douanier qui n'avait pas encore daigné regarder le jeune prisonnier.

Michael manqua de tourner de l'oeil en lisant le badge accroché à la veste de fonction du passeur. Il pouvait y lire un nom qui l'inquiéta terriblement : "Hans Friedmann". Ce nom sonnait comme étant très... Allemand. Le jeune homme tenta le tout pour le tout, faisant semblant de dormir. Avec un peu de chance, se disait-il, il le laisserait tranquille. Il entendit simplement le douanier rendre les papiers à Janet, mais il ne s'éloigna pas pour autant. Michael sentait un regard sur lui. Il supposait que le douanier était en train de le fixer du regard. Et cette hypothèse se confirma quand il entendit l'homme se racler la gorge avant de parler.

- Sir, ist alles in Ordnung ?

Michael ne réagit pas, faisant toujours semblant d'être dans un profond sommeil. Il finit par entendre le douanier soupirer.

- C'est bon vous pouvez y aller, la circulation bloque. Finit-il par dire à Janet qui ne se fit pas prier pour redémarrer et reprendre la route.

Michael continuait de faire le mort, restant dans son rôle le plus longtemps possible pour s'assurer qu'il était écarté de tout danger. C'est au bout d'une bonne centaine de mètres que Janet lui dit :

- C'est bon, il ne peut plus nous voir.

- Putain c'était chaud... Dit Michael en rouvrant les yeux. On était à deux doigts de se faire choper...

- Oui. Je n'aurais jamais imaginé qu'on tomberait sur un douanier Allemand... Il y avait une chance sur sept-cent...  Et il a fallu qu'on tombe pile sur lui. Mais ça devrait aller mieux à partir maintenant.

- Si tu le dis... Dit Michael en soupirant, trouvant au contraire que la situation s'empirait au fil des secondes...

Homeless... (Terminée) MJFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant