Chapitre 21

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Michael regardait au loin ces murs de bétons et ces grillages recouverts de barbelés. Ils s'approchaient rapidement de la prison. Michael avait l'impression d'étouffer. Il ne s'imaginait pas vivre dans ces murs infranchissables pendant une année entière. Il aurait aimé voir cette période défiler en un claquement de doigts. Mais il devait purger cette peine de prison qu'il ne comprenait pas. Pour lui il ne méritait pas un tel traitement. Il n'avait que fait le nécessaire pour leur survie, à lui et Spencer. Mais en y réfléchissant bien, il savait que la décision du juge était justifiée. Il devait donc accepter cette punition en priant que tout se passe bien. Il avait déjà vu plusieurs cas qui avaient été libérés pour bonne conduite. Il se disait donc qu'il n'avait qu'à se tenir à carreau et que peut être, le juge reviendrait sur sa décision.

Il vit le portail de la prison se rapprocher, puis s'ouvrir. Le véhicule franchit les portes de fer pour continuer sa route sur un chemin de gravier, entourant de hautes barrières. Michael regarda par la fenêtre et vit des prisonniers dans une cour en train de faire du basket. À l'approche du véhicule il s'arrêtèrent de jouer et ils se rapprochèrent des immenses barrières pour fixer le fourgon. Ce dernier s'arrêta. Les deux policiers en descendirent puis l'un d'entre eux ouvrit la portière arrière, là où Michael se trouvait.

- Terminus tout le monde descend. Dit le policier en prenant le bras de Michael pour l'emmener.

Michael ne résista pas, sachant qu'il n'avait pas le choix de sa présence ici. Le policier l'emmena dans une sorte de petit bureau où quatre hommes armés montaient la garde. Une fois la porte menant à l'extérieur verrouillée, Michael fut libéré de ses menottes. Un autre homme en tenue d'officier lui tendit une petite caisse en lui demandant d'y mettre tous ses effets personnels. N'ayant rien sur lui, Michael rendit une caisse vide avant de suivre un garde. Ce dernier il expliqua le fonctionnement de la prison tout en marchant dans les couloirs.

- Tout les jours à huit heures, tous les détenus sont réveillés. Vous avez jusqu'à neuf heures pour aller prendre une douche et aller chercher votre petit déjeuner. Une fois cet horaire dépassé, tant pis pour vous. Vous aurez droit à une pomme et un verre d'eau. Ensuite de neuf heures à midi, soit vous serez dans votre cellule, soit en travaux forcés, soit dans la cour. À midi, tout le monde se rend au réfectoire jusque quatorze heures maximum. L'après midi c'est quartier libre. Vous pouvez rester dans votre cellule, aider dans les travaux ou rester dans la cour. En cas de d'altercation avec un garde ou un autre détenu, vous serez automatiquement renvoyé dans votre cellule qui sera verrouillée jusqu'au lendemain. À dix-huit heures, c'est le dîner jusque maximum vingt heures. Et à vingt heures, tout le monde retourne en cellule. Compris ?

Michael hocha timidement la tête. Le garde finit par s'arrêter de marcher devant une cellule. La cellule numéro six. Il l'ouvrit, fit coulisser la partie mobile des barreaux et fit signe à Michael d'entrer.

- Bienvenue chez vous. Votre compagnon de cellule est dehors actuellement. Libre à vous de rester ici ou de sortir. Sortir dans la cour évidemment. Dit le garde en riant

Michael hocha la tête. Le garde arrêta de rire en voyant que sa blague n'amusait que lui. Michael regarda la cellule en soupirant. C'était miteux. Certains murs présentaient quelques fissures, d'autres avaient des prénoms gravés dessus... Un bruit de goutte d'eau incessant raisonnait, provenant du petit lavabo sale. Michael détestait cet endroit. Il aurait tellement voulu qu'Andrea soit avec lui pour le soutenir. Ne serait-ce que quelques minutes.

La garde finit par le laisser tranquille, vaquant à ses occupations. Michael regarda le lit superposé. Il comprit rapidement que celui du bas était déjà pris, vu les affaires qui y traînaient et les quelques posters de femmes à moitié nues qui étaient accrochés. Michael alla donc dans le lit en hauteur pour s'allonger. Il aurait voulu pleurer pour soulager sa peine mais il savait que si on le surprenait en train de pleurer dans une prison, il ne ferait pas long feu. Il serait probablement considéré comme un faible et deviendrait rapidement un bouc émissaire. Il ferma les yeux pour tenter de penser à quelque chose d'agréable mais il fut coupé dans son imagination seulement quelques minutes après par des bruits dans le hall.

Il se pencha légèrement pour repérer la source de cette agitation. Un garde se présenta devant la porte avec un homme semblant avoir à peu près le même âge que Michael. Il se débattait légèrement et riait nerveusement.

- Mais t'es pas sérieux mon pote ! Dit-il au policier. Tu vois bien que ce connard me cherche, j'ai rien fait moi ! Il m'a tapé en premier !

- Oui oui je sais. Allez rentre dans cette cellule et à demain. Dit le garde en poussant le jeune homme dans la cellule et la verrouillant ensuite.

- Non mais je rêve ! Dit le détenu en riant et en s'accrochant aux barreaux.

Il finit par soupirer et se retourna vers l'intérieur de la cellule. Il vit Michael et lui adressa un regard interrogateur avec un petit sourire.

- T'es nouveau toi !

Michael ne répondit pas, fixant le jeune homme.

- T'es là pour quel crime ?

- V-Vol d'argent... Et... Et toi ?

- J'ai buté toute ma famille.

Michael sentit son coeur s'arrêter de battre et son sang se glacer. Il devint subitement pâle et avala difficilement sa salive. Le détenu se mit à rire bruyamment devant le visage de Michael.

- Détend toi mon pote c'est juste une blague ! J'ai volé et revendu quelques voitures. Voilà pourquoi je suis là.

- Tu m'as fait peur j'ai cru que j'allais vivre un an avec un sociopathe... Dit Michael en riant légèrement. Tu t'appelles comment ?

- Ici tout le monde m'appelle Stuck.

- Stuck ?

- Ouais. Parce que mon nom de famille c'est Tucker et que je me suis fait "stuck" à cause de mon trafic de voitures. Et toi comment je dois t'appeler ?

- Michael.

- Enchanté Michael ! Alors comme ça tu restes un an ici c'est ça ?

- Ouais et toi ?

- Il me reste onze mois à purger. Ça fait déjà neuf ans que je suis là.

- Neuf ans ?

- Ouais mon pote ! Je t'avoue que le temps se fait long ! Mais maintenant que j'ai à nouveau un pote de cellule ça devrait le faire !

- Il y avait qui avant moi ?

- Stephen, mais le courant passait vraiment pas entre nous. On faisait que de se battre, il était du genre hyper raciste. Alors pour faire arrêter les emmerdes, ils l'ont mis dans une autre cellule. Je viens encore de me battre avec lui d'ailleurs ! Une ordure ce type.

- Je vois. Répondit Michael en hochant un peu la tête.

Bien que le stress de rester enfermé dans cette prison rongeait Michael, il était rassuré de voir qu'il ne serait peut-être pas si seul durant cette période difficile, et aurait aimé qu'Andrea le sache...

Homeless... (Terminée) MJFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant