Chapitre 19

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Michael était de nouveau assis à cette terrible place. Celle qui le dépeignait comme un homme plein de mauvaises intentions. Le procès était passé plutôt rapidement, en une heure c'était bouclé. Michael avait une boule à l'estomac et dans la gorge en attendant le verdict. Il le savait, les chances pour qu'il n'écope pas d'une peine de prison, aussi infime pourrait-elle être, étaient très faibles. Durant cette heure de "débat", les enregistrements de surveillance avaient été diffusés aux yeux de tous. Il ne pouvait donc que plaider coupable. Dire qu'il était innocent aurait été ridicule puisque sur les images, on le reconnaissait parfaitement bien. Des témoignages contre lui avaient également été pris en compte, notamment ceux de William et de sa mère.

De plus, il n'avait trouvé aucun avocat pour le défendre. Il était donc seul contre tous. Andrea était présente dans la salle, elle le fixait, tentant de le rassurer tant bien que mal avec des sourires, des clins d'oeil ou tout autre signe qui pouvait lui montrer qu'elle était là pour lui. Mais au fond, elle aussi était nerveuse. Elle voyait mal comment tout pourrait bien se terminer pour son petit-ami. Le juge revint, faisant augmenter la nervosité du jeune homme. Il vit cet homme qui allait décider de son avenir prendre place devant son pupitre, surplombant la salle. Il se racla la gorge puis il prit la parole, annonçant d'abord que les jurés avaient délibéré. Puis il prononça des mots qui parurent incompréhensibles aux oreilles de Michael qui se sentait vaciller.

- L'accusé est reconnu coupable du crime suivant : vol d'argent à la ville de Los Angeles. Monsieur Jackson sera placé en détention pour une période de 12 mois fermes, à compter de demain à dix huit heures. La garde de Spencer Jackson, fille de l'accusé, sera donnée à Mademoiselle Aventino, qui se porte volontaire pour assurer ses besoins. Monsieur Jackson, vous avez l'interdiction de quitter la ville.

Michael manqua de s'évanouir à ces mots. Il entendit le marteau du juge frapper contre le bois sombre, scellant la décision prise pour lui. Il garda sa tête baissée, fixant ses mains jusqu'alors posées sur ses cuisses. Il entendit du bruit autour de lui, des gens qui parlaient, qui quittaient la salle pour reprendre leur vie paisible comme si de rien était. Alors que lui allait être enfermé pendant un an. Il finit par relever la tête vers la salle qui se vidait rapidement. Il vit Andrea assise face à lui, l'air anéantie par ce qu'elle venait d'entendre. Elle se leva lentement pour rejoindre Michael qui restait immobile sur sa chaise, le visage totalement neutre, comme si aucune émotion ne le traversait.

Elle lui prit lentement sa main, comme pour ne pas le brusquer puis elle lui parla doucement. Elle remarqua que Michael ne l'écoutait pas, les yeux rivés sur le pupitre de bois. Au bout de quelques secondes, il releva la tête vers Andrea et tendit ses bras vers elle pour réclamer du réconfort. La jeune femme le prit tendrement dans ses bras, frottant son dos, se retenant de laisser ses émotions prendre le dessus. Ils restèrent dans cette position quelques minutes, jusqu'à ce que le juge ne les interrompe pour leur demander de partir. Ils sortirent donc de la salle et traversèrent un couloir, se retrouvant à l'extérieur.

Michael n'ayant même pas la force de retourner à leur voiture, il s'assit sur les marches de marbre, les genoux repliés contre sa poitrine, y posant des coudes. Il posa sa tête sur ses bras et attendit simplement.

- Mike ? Chéri on... Viens on va rentrer à la maison mon coeur...

Michael ne bougea pas, se contentant d'observer les gens autour de lui. Il les observait un à un. Et dire qu'aucun d'entre eux n'imaginaient que cet homme assis sur les marches serait un détenu le lendemain même. Au bout d'un moment, il prit la parole.

- Je veux pas aller en prison... Dit-il d'une voix brisée.

Andrea plissa les lèvres et s'assit près de Michael. Elle se colla à lui, passant son bras autour de lui et appuyant sa tête contre son épaule.

- Moi non plus je veux pas que tu y ailles... Mais on n'a pas le choix...

- Un an ferme... Je serai même pas là quand le bébé va naître...

Andrea fronça les sourcils, n'ayant pas pensé à cela. Michael se mit à pleurer silencieusement.

- Et puis... Je vais pas non plus vous voir pendant un an toi et Spencer...

- O-On te rendra visite.

Le jeune homme releva ses yeux remplis de larmes vers Andrea.

- Promis ?

- Promis...

- Je t'aime.

- Moi aussi je t'aime Mike.

Andrea embrassa tendrement Michael comme pour lui prouver ses dires. Elle le prit ensuite par le bras pour qu'il se lève. Le jeune homme la suivit donc jusqu'à la voiture où ils prirent la route pour rentrer chez eux.

Une fois arrivés à l'appartement, Lucie, qui gardait Spencer, leur demanda comment l'audience s'était passée. Michael avait demandé à sa fille d'aller quelques minutes dans sa chambre. La fillette obéit à son père qui s'appuya contre le fauteuil.

- Alors ? Demanda Lucie

- Alors je vais être enfermé pendant un an dans une prison à partir de demain...

- Quoi ? T'es pas sérieux ? C'est une blague que vous me faites...

- J'aurais aimé que ce soit une blague. Vraiment. Répondit Michael

Il quitta ensuite la pièce, probablement pour rejoindre Spencer et passer du temps avec elle. Lucie et Andrea s'installèrent dans le canapé, toutes deux contrariées par la décision prise par le juge et les jurés.
Michael revint quelques minutes plus tard, accompagné de Spencer qui semblait inquiète. Évidemment, elle s'était rendue compte que Michael n'était pas dans son état normal. Il tremblait légèrement, son teint était pâle. Il se rendait clairement malade mais la petite fille de six ans ignorait totalement la raison de ce mal-être.

Il était déjà aux alentours de treize heures. Michael avait préparé des simples pâtes pour le repas, pendant qu'Andrea tentait le tout pour le tout pour annuler la décision du juge. Il mit la table puis il servit Spencer. Il alla ensuite se réfugier dans sa chambre, s'allongeant dans le lit. Il ferma les yeux quelques instants, mais il se réveilla en sentant une main de poser sur son front.

Il avait la sensation d'avoir fermé les yeux que quelques secondes, cela faisait en réalité une trentaine de minutes. Andrea se trouvait à côté de lui, sa main toujours contre le front du jeune homme.

- Ça va ? Chuchota-t-elle

Michael haussa rapidement les épaules provoquant un léger soupir de sa petite amie.

- Chéri, demain on sera séparés pour une longue durée... Tu veux pas venir dans le salon pour profiter du fait qu'on soit réunis tout les trois ? Et puis t'as rien mangé... Déjà hier t'as rien avalé de toute la journée...

- J'ai pas faim...

Andrea soupira. Elle savait que c'était perdu d'avance. Quand Michael ne voulait pas faire quelque chose, impossible de le faire changer d'avis... Elle s'allongea près de lui, saisit son bras et le fit passer autour d'elle. Elle posa sa tête sur l'épaule de Michael qui ne bougeait pas, comme inerte. Voyant son manque de réaction, Andrea se pencha vers le visage du jeune homme et elle vit qu'il fixait le plafond, sans bouger. Elle lui fit plusieurs bisous sur la joue en lui chuchotant qu'elle l'aimait. Même si elle savait au fond d'elle que lui dire ce genre de choses ne changerait rien au fait qu'il serait emmené en prison le lendemain...

Homeless... (Terminée) MJFFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant