Chapitre 38

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Harry

J'entre dans le bar où le pote de Jeff nous a donné rendez-vous. C'est un barbu avec la peau basané, je l'ai déjà vu deux, trois fois et il est très fort, très très fort. Je le vois, il est assis seul a une table entrain de boire un thé. Dans un bar. Bizarre. Je pose mes doigts sur le menton de Louis pour qu'il me regarde.

« Tu as peur ?
- A en crever. »

Je dépose un léger baiser sur ses lèvres pour le soulager. Je prends sa main et on s'approche du gars, il lève le regard vers nous et nous fait signe de nous assoir. Il sort une enveloppe et l'a glisse sur la table.

« Il y a tout, passeport, carte d'identité... tout. »

Je prends l'enveloppe et regarde les papiers pour voir si tout est correcte.

« T'es sur que ça passera sans problème ?
- Tout ce passera bien, je fais ça depuis longtemps et jamais les personnes avec qui j'ai collaboré, ce sont fait prendre. Vous pouvez les utilisez dans toutes circonstances. »

J'ai saisi les trois cartes d'identité. Je m'appelle désormais Edwards Watson, Louis sera William Pearson et Shani devient Shawn Pearson.

« Vous êtes Anglais, donc j'ai choisi vos prénom en fonction de ça.
- C'est parfait, merci. »

C'est très étrange enfaite, mais on n'a pas vraiment le choix.

« Comment ça se passe s'il y a une merde ?
- Il ne se passera rien. Fais-moi confiance, si Abel a fait appel à moi, c'est parce que je suis le meilleur. »

J'acquiesce.

« Il faut juste ne pas faire de faut pas. »

Il m'adresse un clin d'œil. Une fois qu'il nous a tout expliqué, il se lève et laisse cinq dollars sur  la table puis il s'en va sans elle nous saluer. Je me pince l'arrête du nez.

« Tu veux bouffer quelque chose ?
- Non, je n'ai pas faim, dit-il en jouant avec ses mains.
- Tu n'a rien mangé aujourd'hui.
- Parce que, je n'ai pas faim. »

Je soupire et prends sa main dans la mienne.

« Qu'est-ce qui se passe, Louis ? »

Une larme coule sur sa joue, mais il l'essuie en vitesse.

« Pourquoi est-ce que c'est à moi de... de fuir ? Je n'ai jamais fais de mal à personne. Zayn m'a fait souffrir durant la moitié de notre relation et c'est à moi de fuir. Ça devrait être à lui de se cacher, c'est lui qui m'a fait du mal. Il doit avoir honte de m'obliger à changer de nom, et Shani ? Un jeune pakistanais qui va devoir changer de nom pour s'appeler Shawn Pearson. Et toi, j'ai l'impression de t'obliger à abandonner toute ta vie pour ... »

Il rigole nerveusement en frottant son visage avec ses mains. Je ne veux pas quitter Seattle. Je ne peux pas laisser Marcus tout seul dans cette grande ville, c'est ça qui me bouffe. Il faut que je le vois avant de partir, il faut que je lui explique.

« Tu m'oblige à rien. Zayn ne m'oblige à rien. C'est même moi qui le trahit, parce que j'irai où tu ira, Louis.
- Tu es sur que ça va ?
- Oui, ne t'inquiète pas.
- S'il te plaît, Harry, parle moi.
- Il n'y a rien... c'est juste que... j'ai hâte d'être loin, avec toi. »

Il sourit et me dépose un baiser sur le front. Il ne se doute de rien, mais je ne veux pas non plus lui dire tout ça. J'ai pas l'impression de me sentir prêt à lui dire, et pourtant je sais que je devrais un jour ou l'autre, parce qu'il remarquera forcément qu'il y a quelque chose d'anormal chez moi. Quelque chose qui me tient enchaîné dans cette ville... si seulement il était toujours en vie. Si seulement il n'était pas partit...

J'y ai pensé toute la journée et ce n'est qu'au soir, quand Louis s'est endormi devant une émission de télé-réalité débile que je décide de sortir sans faire de bruit. Je met mes chaussures et je sors pour prendre ma moto. Je ne mets pas mon casque, de toute façon, s'il m'arrive quelque chose ce sera tant pis, hein. Je roule juste, le vent s'agrippe à moi et j'ai besoin d'un grand bol d'air avant d'y aller. Je fais durer le moment, je prends des chemins plus longs pour être sûr de ne pas arriver trop vite et devoir partir trop tôt. J'ai tellement de choses à lui dire, j'ai l'impression que je ne lui ai pas parlée depuis une éternité. C'est toujours très dur dit penser, et pourtant j'y pense. J'y pense à chaque seconde qui passe, je culpabilise chaque jour parce que si j'avais été plus prudent, si je n'avais pas cette vie, il serait toujours là, ici, avec moi. Si je n'avais pas cette vie, je ne serais pas obligé de me rendre dans un putain de cimetière pour parler à une pierre tombale dans l'attente qu'un signe se produise. Juste un signe, pour savoir s'il va bien là-haut.

Marcus est une des plus importantes partie de ma vie, si pas la plus importante. Il était et sera à jamais tout pour moi. Je l'ai aimé, je l'aime et je l'aimerais toute ma vie. C'est tellement dur pour moi de l'avoir vu partir comme ça, je m'en rappelle encore, il était... allongé sur le bitume, le sang coulant à flot de son torse, son t-shirt bleu était devenu rouge. Son jean aussi. Il n'avait rien demandé, merde ! Il n'avait rien demandé et à cause de mes conneries, a cause de ce je suis, de la vie que je mène, on lui a tiré dessus pour régler des comptes. Et je n'ai rien su faire, j'ai cru devenir fou quand j'ai entendu les coups de feu. Ceux qui ont fait ça ont payés, je les ai fait souffrir avec tellement de plaisir que j'en frissonne encore. Ils ont payés, mais j'ai beau avoir fait subir les pires tortures à ces gens-là, ça ne me le rendra pas. Je ne pleure pas parce que ça ne sert à rien, quand on pleure un mort ce n'est pas pour autant qu'il va revenir. Et pourtant parfois j'explose, juste. J'explose et je pleure pendant des heures, j'essaye de me retrouver tout seul pour le faire parce que c'est un signe de faiblesse, même si pleurer pour Marcus, ce n'est pas pareil. Je ne veux pas paraître faible aux yeux des gens. Je n'ai jamais pleuré pour mes frères défunts, je n'ai jamais pleuré pour mon père, et encore moins pour ma mère. J'ai pleuré par amour pour Louis parce que je n'avais jamais autant été amoureux que à ce moment, et aussi à cause de ça. De Marcus. Ça faisait déjà longtemps que je n'avais plus versé une seule larme, et tout a explosé cette fois là. Je n'en pouvais plus et l'occasion était trop belle pour ne pas la saisir.

Chained With HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant