Chained With Him

Chapitre 39

Harry

J'arrive enfin devant les grandes grilles de fer forgé, je n'aime pas pas ça. Je n'aime pas venir ici, c'est sinistre, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je laisse ma moto là, je sais que personne ne viendra me la prendre. J'ai l'impression qu'il n'y a du brouillard que sur la zone du cimetière, ça fait froid dans le dos mais je n'ai pas peur. J'ai juste froid. Je marche entre les tombes, entre les allées où sont alignés des centaines de gens ayant perdus la vie par je ne sais quelles causes. Le plus dur, c'est la partie arrière du cimetière, c'est horrible. Je n'aime pas venir ici, mais je n'ai pas le choix, parce qu'il est là. Je le vois déjà, avec toutes ces fleurs que viennent lui mettre les frères. Je souris tristement et sort un mouchoir de ma poche pour aller essuyer la photographie. Il est tellement beau avec ses grands yeux verts et son sourire. Il est tellement beau, et je suis sûr qu'il le serait encore aujourd'hui. Je remets un peu d'ordre dans les vases, j'arrange un peu mieux la pierre pour dire qu'il soit plus ou moins heureux d'avoir ça. Je soupire et me met face à la pierre, assit en tailleur sur les graviers, comme j'ai l'habitude de le faire. Au début, je ne dis rien. Je n'arrive pas à dire quelque chose. Les mots restent bloqués dans ma gorge. J'ai déjà envie d'exploser mais je ne peux pas lui faire ça, il ne serait sûrement pas heureux de me voir, dans cet état. Et plus je regarde la photo, plus je souris, avec des larmes dans les yeux, je souris parce qu'il est beau. Il est plus que magnifique, merde. Comment on peut vouloir faire du mal à un visage aussi innocent que le sien ?

« Je suis pas venu ici depuis un moment... j'te demande pardon, mon ange. »

Comme s'il allait me répondre... j'inspire profondément et regarde vers le ciel. Il y a quelques goûtes qui tombent, j'espère ne pas avoir une grosse pluie. En fait, je m'en fiche, il peut encore neiger, je resterais là, parce qu'il le mérite. Il le mérite tellement.

« Je pense tout le temps à toi, tu sais. Je ne t'oublie pas. Jamais de ma vie. »

Je souris en regardant la photo, c'est bizarre parce que j'ai l'impression de réellement lui parler alors que... alors que non. Ce n'est qu'une photographie qui est immobile. J'ai l'impression d'être déconnecté du monde réel quand je suis ici, j'aimerais tellement le rejoindre juste quelques instants, juste pour... toucher ses petites mains et le voir sourire. Juste pour le prendre dans mes bras et lui dire que je l'aime plus que quiconque, parce que je l'aime et j'ai besoin de lui dire, mais je n'arrive pas à sortir ces mots de ma bouche, c'est tellement dingue. L'image de son corps inerte sur le bitume me revient en tête à chaque seconde de ma vie. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est de ma faute, encore une fois. Je ne serais pas dans ce cimetière si j'avais su le protéger. Si j'avais été la pour lui à chaque fois qu'il en avait besoin, si je ne l'avais pas abandonné à certains moments pour m'occuper du gang, je n'en serais peut-être pas là. Même le fait de savoir qui est au paradis ne me suffit pas, moi je voudrais qu'il soit sur terre tout simplement.

« Je vais quitter Seattle quelque temps... tu ne m'en veux pas ? »

Rien ne bouge, rien ne se passe. Je souris et baisse les yeux.

« Nan, tu m'en veux pas... évidemment que tu m'en veux pas. Mais je reviendrais, c'est promis. Je reviendrais avec certitude parce que tu vas me manquer. Tu me manque déjà mais là, tu vas me manquer encore plus mon bébé... »

Je soupire et essaye de respirer profondément pour ne pas me mettre à chialer.

« C'est dur sans toi... j'ai du mal à vivre, parfois j'arrive même plus à respirer... mais j'ai trouvé quelqu'un et je crois que... tu l'aurait bien aimé. Il est gentil et très beau garçon. »

J'ai besoin de vider mon sac. Il y a trop de chose que je garde en moi et si je ne l'ai libère pas, je vais exploser.

« C'est le fiancé... l'ex fiancé de Zayn. Enfaite, je ne sais pas si je peux encore dire ex, mais je crois qu'il ne sont plus ensemble. Louis tient encore énormément à lui, alors j'ai peur qu'à la dernière minute il décide de retourner avec ce mec qui lui fait énormément de mal. Mais je l'aime et j'ai décidé de lui faire confiance. Il t'aurait adoré. Il a un fils ... et je ne suis pas sûr de vouloir l'emmener en Angleterre avec nous...»

Je serre les poings et j'ai douleur dans la poitrine. Je ne sais pas comment l'expliquer, ça fait juste mal, comme si ça m'aspirait de l'intérieur et que rien ne pouvait soulager ça.

« Je regrette que tu ne sois pas là pour être à mes côtés. Que tu ne puisse pas rencontrer Louis et venir en Europe avec nous. Je n'ai jamais eu la chance de te faire visiter la ville où j'ai grandit. Mais ce n'est pas entièrement de ma faute Marcus. Je n'ai pas choisi de vivre dans toute cette merde. »

Je honte de moi-même. Quand je vois ce que faire partie d'un gang m'a poussé à perdre. J'ai honte d'être moi-même quand je viens ici, parce que je me rends compte que je n'ai pas été foutu de garder un œil sur la personne qui compte le plus pour moi. Je me rends compte que j'ai eu un comportement indigne. Je croyais que ça n'arriverait qu'aux autres, jusqu'au jour où je me suis rendu compte que les autres, c'était moi. Ce n'est pas parce qu'on a un position de pourvoir par rapport à la rue qu'elle va forcément nous donner du respect. Ce n'est pas parce qu'on fait partie d'un gang que l'on est invincible. Je me suis rendu compte à la mort de Marcus je l'on était à l'abri de rien. On est pas là l'abri de coup de feux, ni même de la violence.

« Tu me manque, j'espère que tu te rends comptes, j'espère que tu m'en crois. Tu me manque tellement mon bébé, ça me bouffe jour après jours, mais je me dois de rester debout pour toi... »

La pluie tombe assez fort maintenant, mais de toute façon, je n'ai pas envie de partir. Je ne veux pas partir tout de suite donc je m'adosse contre la pierre et je ferme les yeux. Je reste un peu avec lui avant de partir pour longtemps.

Je suis resté trois heures sur la tombe de Marcus, avant de retourner chez Louis. Les lumières de la cuisine sont allumées et ça sent bon jusqu'au dehors. Je gare ma moto et entre directement à l'intérieur. Le bruit de la hotte confirme mes doutes, Louis a bel et bien fait à manger. Je dépose ma veste sur le porte manteau et vais le rejoindre.

« Où est-ce que tu étais ? Me demande-t-il sans même me regarder. »

Je ne dis rien et vais l'embrasser sur la joue avant de me servir un verre de coca. Je m'assoie sur le plan de travail à côté de lui et le regard couper les légumes. Il fait un Osso Bucco parce qu'il sait que j'adore ça.

« Harry ?
- Hm ?
- Où est-ce que tu étais »

Je ne peux pas lui dire. Je baisse les yeux et hausse les épaules. Je ne veux rien dire, je ne veux pas parler. En fait, j'ai tellement donné de force pour parler avec Marcus que j'en ai plus. J'ai juste envie de dormir et c'est tout. Une bonne nuit de sommeil me fera du bien. Il dépose son couteau et fouille dans sa poche avant de me donner une photo. Je l'a prend en main et l'a regard. Je ressens comme un coup de poing dans le ventre. C'est Marcus... et moi. Au dos de cette photo, il est noté « Je t'aime ». Je le sais sans avoir besoin de vérifier. Je garde cette photo dans mon portefeuille car c'est la seul qu'il me reste.

« Je l'ai trouvé dans le hall d'entrée. Elle a du tombé de ta veste. Alors... qui... qui est-ce ? »

Je ferme les yeux et déglutit. Putain, ça me fait mal de voir cette photo... c'était la bonne époque, il était beau comme tout. Il était magnifique. Je daigne enfin poser mon regard sur Louis. Celui-ci n'a pas l'air fâché, il se poste juste des questions. Il s'approche doucement de moi et vient se mettre entre les jambes, ses mains sur mes genoux. Je pose mon front contre le sien tout en regardant cette photo. Encore et encore.

« Qui c'est, Harry ? »

De toute façon, il finira pas le découvrir un jour, alors autant que ça sois maintenant. Je lâche la photo du regard pour planter mes yeux dans les siens. Je ne dois pas pleurer, je ne dois pas pleurer, je ne peux pas m'empêcher de sentir les larmes monter. Je prends une profonde inspiration.

« C'est mon fils. »