Chapitre 11

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Nous arrivons finalement dans le train sans problème, même si notre wagon est l'un des plus éloignés de la gare, ce qui nous impose une petite trotte. Nous sommes installés l'un à côté de l'autre, moi côté couloir Lisa côté fenêtre. Le train part, puis je somnole quelques instants. À mon réveil, la belle Lisa dort elle aussi, elle est blottie contre moi. J'aime ce petit moment de tendresse. Il n'empêche, je réfléchis à tout ce qu'il vient de m'arriver au cours de ces dernières 24 heures divines, et totalement inespérées. Lisa m'a fait tout découvrir ! Quelle fille, tout de même ! Je ne peux m'empêcher de penser à ma « relation » avec elle, et à ce que j'éprouve à son égard. Est-ce de l'amour ? En fait, je ne pense pas. J'éprouve bien une fascination en ce qui concerne son physique, qu'il s'agisse de son harmonieux visage ou de son corps parfait, mais je ne pense finalement pas en être amoureux.

Et puis de toute façon, ne nous leurrons pas, ce n'est pas plus mal comme ça, puisqu'il y a fort à parier que Lisa n'a de son côté pas de sentiment pour moi. De la tendresse, de l'affection, du désir, peut-être, mais pas de sentiment amoureux. Et puis soyons sérieux, si on devait sortir ensemble, il est évident que notre couple ne tiendrait pas quelques semaines. Qu'est-ce qu'une fille de son envergure ferait avec un gamin dans mon genre ? Elle a beaucoup plus d'expérience et de maturité, et je ne parle pas seulement de sexe. Avec elle, je me sentirais à la traîne. Et puis sortir avec une fille qui fascine autant les hommes doit être une souffrance. Je serais mort de jalousie à chaque fois qu'elle sortirait quelque part, surtout quand je vois à quel point la demoiselle est « libérée » – même s'il est très possible qu'elle soit plus sérieuse lorsqu'elle est en couple.

Mais si je ne sens pas de relation amoureuse potentielle avec elle, je me plais cependant à imaginer un avenir en sa compagnie. Si elle acceptait de me revoir après ces vacances (je dis bien « si », car rien n'est moins sûr : après tout, je l'ai beaucoup moins marquée qu'elle ne m'a marqué moi), elle pourrait devenir ma « sexfriend ». Où le mot « friend » serait tout aussi important, si ce n'est plus, que le mot « sex » : ce serait donc bien plus qu'un simple « plan ». On coucherait ensemble quand bon nous semblerait, tout en s'échangeant des confidences et en se tapant des délires sur tout et n'importe quoi. Bref, j'imagine plutôt une relation centrée sur le plaisir, la liberté, le respect et la complicité. Dans l'idéal, la belle me présenterait ses copines (tout aussi canon qu'elles, évidemment) avec lesquelles je coucherais, et on ferait des trucs à trois avec Lisa. Bon programme, ça !

Bon, comme je commence un peu à m'ennuyer, j'entame le fameux Nothomb que m'a conseillé Lisa. J'accroche. Il se lit très vite, car court, écrit gros, et uniquement constitué de dialogues. C'est l'histoire d'un type qui est harcelé par quelqu'un dans un aéroport. C'est parfois drôle, parfois amer, parfois glauque, mais toujours prenant, car bien rythmé et truffé de répliques qui font mouche. Bref, rien à voir avec les bouquins indigestes qu'on nous assène au lycée. Et j'y trouve un passage où le personnage dit que vivre sans plaire à l'être aimé n'a pas de sens. C'est la version romantique de ce que disait Lisa, selon laquelle vivre sans pouvoir séduire est pour elle inimaginable. Lisa se réveille peu après que je termine ma lecture.

« - Bien dormi ?

- Comme un bébé, répond-elle. Tiens tu as lu le bouquin ? C'était bien ?

- J'ai adoré.

- J'en suis ravie ! On arrive bientôt ?

- D'ici une demi-heure.

- Au fait, j'ai un petit quelque chose pour toi si tu veux bien.

Elle me tend un papier.

- Ton numéro de téléphone ? Génial, ça veut dire que tu souhaites qu'on se voie après ? Tu peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir.

- Attends, tu n'as pas encore regardé ce qu'il y a au verso. »

Des vacances et du sexe (Les aventures de Paulo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant