Chapitre 68

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Malgré cet espoir, j'ai un peu le cafard, ce n'est pas la grande forme. Je décide alors de prendre le meilleur anti-déprime qui soit : j'ai nommé Retour vers le futur 2 ! Ce film (qui est à mes yeux bien plus qu'un film !) est tout simplement le seul que je peux revoir à loisir sans aucun sentiment de lassitude. Au contraire, à chaque fois que je le revisionne, j'y trouve des petits détails, des petits clins d'œil qui montrent à quel point le film est grand. En fait, c'est simple, j'adore tout dans ce deuxième volet : le rythme est parfait, le scénario aussi, les répliques de Doc, définitivement allumé, marchent du tonnerre, et il se dégage de l'ensemble une énergie et un dynamisme d'une extrême rareté. La vision du futur de ce film est également fascinante : comment ne pas tomber sous le charme des « hoverboards » (skateboards volants), des voitures volantes et de tous les gadgets qui y pullulent, comme ces machines qui agrandissent les pizzas en une seconde ! J'adore cette partie futuriste, de même que l'idée de reprendre des scènes du premier film dans la dernière partie. Mais c'est aussi la simplicité que j'apprécie dans ce film, voire même le côté caricatural, assumé et donc savoureux : le fils de Marty n'est autre que son clone, de même que le petit-fils de Biff ressemble à s'y méprendre à son grand-père, que ce soit sur un plan physique ou mental. En parlant de Biff, l'acteur Thomas Wilson nous livre une prestation de haute volée dans cet opus. Ce n'est pas tous les jours qu'un comédien a la possibilité de camper cinq personnages différents dans un même film ! Et chaque fois, il le fait à la perfection. Le Biff loser, orné de son mythique survet' vert particulièrement hideux, le Biff étudiant des années 50, le vieux Biff du futur, vêtu de son fameux pantalon à carreaux (la rencontre entre ces deux Biff est très bonne), le charismatique Biff milliardaire du 1980 modifié, et enfin le grimaçant Griff, « légèrement court-circuité des implants bioniques ». Cette capacité à « bien surjouer » est remarquable, et admirablement mise en valeur par une version française parfaitement à la hauteur : le doubleur Richard Darbois (qui fait notamment le Génie d'Aladdin, Indiana Jones et Danny Glover) est considéré comme l'un des meilleurs, sinon le meilleur, du doublage français. Bref, des scénaristes aux comédiens en passant par les doubleurs et bien sûr les spectateurs, tout le monde s'amuse avec ce film, dont les maîtres-mots sont bel et bien « distraction » et « évasion ». On ne peut qu'oublier ses soucis avec RVLF2 même si le film soulève une question qui me taraude depuis déjà un bout de temps : que se serait-il passé si je n'avais pas passé les vacances de Pâques avec Lisa, qui m'a donné le déclic en me dépucelant et en me donnant confiance en moi ? Imaginons que pour une raison ou pour une autre, elle n'ait pu partir. Je serais peut-être encore puceau à l'heure qu'il est. Et en plus, je n'aurais pas non plus rencontré Lola, puisque c'est Lisa qui m'avait arrangé le coup. Comme quoi il y a parfois, dans notre vie, des événements apparemment anodins qui causent en réalité un vrai bouleversement sans que l'on s'en rende compte de prime abord. C'est la théorie de l'effet papillon. Finalement Lisa est un peu mon Almanach à moi. Il faudra que je lui dise à l'occasion, cette comparaison lui fera sans doute très plaisir !

Mais revenons à nos moutons, c'est-à-dire la belle Christelle. La prochaine fois que je la croise, il va falloir que je brise la glace, il faut bien précipiter les choses pour ne pas rester dans cette impasse. J'essaie donc de faire en sorte de la croiser le lendemain, mais impossible. La belle est introuvable. Je parviens finalement à la croiser le lendemain, alors qu'elle sort de l'ascenseur, à notre étage. Je sens en elle une hésitation. J'ai l'impression qu'elle ne sait pas trop si elle doit continuer à me faire la tête ou laisser une chance à notre « relation » (qui pour l'instant, c'est vrai, n'en est pas vraiment une). Je la regarde dans les yeux, et tout en prenant sa main dans la mienne, lui dis qu'il vaut mieux qu'on se parle un peu, pas vrai ? Je lui propose alors de venir chez moi. Je la guide vers le canapé et lui sers un jus de fruit. J'attaque :

« - Écoute, ma belle, j'ai été très maladroit la dernière fois. Je sais que je t'ai blessée et m'en excuse. Surtout que je ne le pensais pas, en fait.

- Ah ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

- C'est pourtant clair, non ? Je suis moi aussi tenté de faire un bout de chemin à tes côtés. Physiquement, on est très compatibles, mais pas seulement. Loin de là. »

Elle me sourit et dit :

« - Qu'est-ce que t'attends alors ? »

Je lui souris et l'embrasse profondément, sensuellement. Jusqu'ici je l'ai surtout embrassée de façon quasi « animale », mais cette fois, j'y mets bien plus de douceur et de tendresse. Un long et beau baiser qui se conclut par un smack puis un regard complice. Elle se blottit contre mon épaule, pendant que je la caresse doucement. Un long moment de silence et de douceur s'établit, que ma belle finit par rompre :

« - Je suis contente que ça se termine comme ça. C'est vrai que j'ai été un peu blessée. J'aimais beaucoup nos petits jeux de séduction, mais dès le départ, j'ai eu des sentiments pour toi. Je ne pouvais pas me contenter de ce genre de relation. On oublie notre période de froid ? Je préfère. Je me suis comportée comme une gamine en embrassant un autre mec devant toi, à la fois pour me venger, t'oublier, et me rassurer sur ma capacité de séduction... N'empêche que je l'ai utilisé et que je n'en suis pas fière. Donc, on oublie ?

- On oublie, ma chérie. » lui dis-je avant de l'embrasser de plus belle, et d'appuyer un peu plus mes caresses qui jusqu'ici étaient bien agréables mais un peu trop gentillettes à mon goût...

Des vacances et du sexe (Les aventures de Paulo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant