Chapitre 114

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Je suis donc mon supérieur dans son bureau, avec, forcément, un zeste d'appréhension. Cette appréhension que ressentent ceux qui savent qu'ils ont mal agi à un moment mais sans trop savoir lequel... Je plaisante évidemment... Donc je ne suis pas très rassuré. Le bonhomme, qui doit avoir la trentaine, m'invite à m'asseoir, s'installe lui aussi et me demande « ça va mieux ? » sur un ton difficile à cerner. Je ne réponds rien, ne sachant pas trop quel ton adopter, ni même s'il faut répondre à ce type de question. Il continue :

« - Tu sais Paulo, j'ai bien compris que tu n'en avais rien à faire de ce poste. Tu as été pistonné par ta tante, tu n'as pas eu à chercher, tu as passé un vague entretien et c'était réglé. Pourtant, de mon côté j'avais déjà fait passer des entretiens. Des candidats sérieux et motivés, qui s'y connaissaient en vêtements. Il y en avait un au-dessus du lot. J'étais sur le point de le prendre quand ta tante m'a appelé pour me demander de t'engager... Je sais ce que je lui dois, alors je n'ai rien pu faire d'autre que d'accepter. On appelle ça une injustice... Bon sang, Paulo !!! J'ai bien compris que tu t'en fiches des vêtements. Tu es là sans être là. Tu ne sais pas renseigner les gens. Alors d'accord, c'est ton premier job, d'accord c'est un job d'été, d'accord tous les vendeurs ne sont pas forcément surmotivés ni des encyclopédies de la mode. Mais là, Paulo, tu as dépassé les bornes ! Tu crois vraiment que ton manège est passé inaperçu ? Même les clients entendaient, j'avais l'air de quoi, moi ? Tu n'es pas en colo là Paulo ! C'est la réputation de la boutique que tu as mise à mal. Tu imagines le bouche-à-oreille des clients ? Tu imagines s'ils en parlent sur internet ? »

Dis donc il est lancé, me fais-je la réflexion. En mon for intérieur j'imagine une scène où mon avocat me défendrait au tribunal, s'appuyant sur une photo mettant en valeur ma belle Christelle et disant : « Non, M. le juge, il est tout bonnement impossible de résister à la tentation de goûter les fruits du plaisir avec une telle créature (applaudissements)... surtout quand on n'a pas fait l'amour depuis longtemps (encore plus d'applaudissements). Ce garçon vit, est-ce un crime ? Depuis quand la vie est-elle un crime, je vous le demande, M. le juge ! »

Bon ok, on a vu plus convaincant comme argumentation. Mais concrètement, devant le flot de paroles de mon boss, je me contente d'écouter sans rien répliquer. Je n'essaie pas de me défendre, évidemment. Car il faut bien avouer que le bonhomme a un peu raison. C'est vrai que j'ai franchi la ligne rouge, et pas qu'un. Il continue :

« - Bref, Paulo. Tu as dépassé les limites ! Je devrais te licencier, mais ton statut de pistonné-pourri-gâté t'apporte une protection supplémentaire. Je vais donc te laisser une seconde chance. Mais attention, tu n'en auras pas d'autre, je préfère être clair à ce sujet. Tu ne me refais plus jamais ça, Paulo, c'est moi qui te le dis ! Tu te tiens à carreau et tout se passera bien. C'est compris ?

- C'est compris. » Puis je termine la journée de travail, en me disant que je me suis quand même pris un sacré savon ! Mais aussi que le jeu en valait largement la chandelle, donc ça va. Je me dis un bref instant que j'en veux un peu à Christelle... mais pas tant que ça finalement. C'était quand même une super expérience ! Même s'il va falloir que je me calme un peu au boulot... Vivement demain soir en tout cas, car il est prévu que ma jolie voisine me rende une petite visite. Et chez moi cette fois-ci...

Des vacances et du sexe (Les aventures de Paulo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant