Chapitre 10

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On se retrouve peu après pour prendre la navette qui rejoint la gare. Une fois arrivés à destination, on trouve un fast-food où on peut manger sur le pouce. La gare est impressionnante au niveau de l'affluence. Je peux constater une nouvelle fois que Lisa est un véritable « aimant à regards ». Enfin, surtout masculins, bien entendu. Tous les mecs qui croisent notre chemin admirent quelque chose chez elle. Pour certains, c'est l'harmonie de ses traits, pour d'autres la couleur de ses yeux, pour d'autres encore son alléchante poitrine, parfaitement mise en valeur, comme je l'ai déjà dit, par son petit haut moulant. Et l'immense majorité de ces messieurs se retournent plus ou moins discrètement pour admirer son joli petit derrière bien dessiné par son legging noir. Évidemment je ne suis pas le seul à remarquer le succès de la belle : l'intéressée est la première à constater qu'elle est au centre de l'attention. J'imagine qu'elle est habituée, ce doit être la routine pour elle. Même si, comme elle me l'a révélé la nuit dernière, cela ne l'empêche pas de trouver ça flatteur voire excitant.

J'avoue être un peu frustré de marcher avec Lisa côte à côte, sans contact physique. J'ai envie de montrer à tous ces mecs qui bavent devant elle que je COUCHE avec. J'ai envie de leur envoyer le message « hé ouais les gars, cette fille que vous déshabillez du regard, c'est ma nana ! » Bon, même si ce n'est pas tout à fait ma copine, ils n'ont pas besoin de le savoir, pas vrai ? Alors je me décide à poser ma main sur sa taille, en craignant un peu sa réaction : après tout, nous ne sortons pas ensemble. Voyant qu'elle se laisse docilement faire, je décide d'aventurer ma main sur ses jolies fesses. Là encore, la belle ne bronche pas. J'imagine qu'elle a compris que si je fais ça, c'est moins pour la caresse elle-même (quoique, son petit cul est tellement agréable au toucher...) que pour frimer devant les gens. Elle me laisse ainsi mon petit quart d'heure de gloire, se doutant bien que ce genre de petit triomphe ne m'arrive pas tous les jours. On reste comme ça pendant quelques instants. C'est court mais intense.

Elle va directement au café, pendant que je vais aller m'acheter de quoi bouquiner dans le train. Le trajet dure quand même plusieurs heures ! Je vais voir les Nothomb, dont m'a parlé la belle. Comment s'appellent-ils, déjà ? La toilette du meurtrier ? Neptune ? Kamikaze ? Des titres étranges de ce genre. Tiens, Cosmétique de l'ennemi, elle l'avait cité, allez hop, je le prends, en plus il est court et écrit gros – comme vous le devinez, je ne suis pas un gros lecteur. Puis je rejoins Lisa au café. Il nous reste encore une petite demi-heure avant le départ.

Nous sommes tous deux silencieux. Il faut dire que j'ai toujours aimé les gares. Observer les gens dans ce lieu, c'est tellement vivant, et tellement romantique aussi. Ça doit être l'un des endroits les plus « humains » qui soient. Dans la rue ou pire encore dans le métro, les gens sont stressés, pressés, agressifs, déshumanisés. Dans les gares, ils sont au contraire pleins d'enthousiasme, pleins de vie et d'amour. Je trouve touchant de voir ces couples de tous les âges s'embrasser. Qu'il s'agisse d'étreintes de départ ou de retour, les baisers échangés sont intenses, je me surprends à vouloir me retrouver dans la peau de cet homme dont l'amie lui saute au cou avant de l'embrasser fougueusement pour leurs grandes retrouvailles. Ça me fait d'ailleurs penser à cette fille dont Lisa me parlait, et qui selon elle s'intéressait à moi. Aurait-il pu se passer quelque chose entre nous ? Je ne le saurai malheureusement jamais. Tant pis, et puis de toute façon, de quoi je me plains ? Je viens de passer une nuit magique avec une créature de rêve ! J'en suis à ce stade de ma réflexion lorsque ladite créature finit par interrompre ma rêverie :

« - On dirait que ce spectacle te rend mélancolique ?

- Un peu. Pas toi ?

- Non, voir ces jolis couples ne m'attriste pas autant que toi. Il faut dire que ma vie est assez... mouvementée. Et toi, tu as eu beaucoup de copines, dans ta vie ?

- Pas tellement. Très peu, même. Les rares filles que j'ai eues ne m'ont pas vraiment marqué, et ce n'était pas loin d'être réciproque. Ça n'a jamais duré plus de quelques semaines. J'aurais voulu avoir plus de choses passionnantes à te raconter, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Mais avec toi, je me sens en confiance, je sais que je ne serai pas jugé. Je ne ressens pas le besoin, comme je le fais souvent, de bricoler sur ma vie sentimentale. Et de ton côté ?

- J'ai eu pas mal de conquêtes. Un certain nombre pour du pur divertissement, mais quelques-uns pour du sérieux. Mais même pour eux, ça a duré au maximum quelques mois. Ça a parfois capoté par infidélité (tantôt la leur, tantôt la mienne), mais le plus souvent parce que je m'ennuyais avec eux, je finissais par me lasser. Mais il faut dire que je n'ai pas connu de grande passion, contrairement à eux. Je n'avais pas la flamme qu'ils pouvaient avoir à mon égard. Bref, c'est moi qui ai le plus souvent rompu, ce qui n'a pas toujours été chose facile d'ailleurs : certains étaient fous de moi. Et rompre avec eux a été très dur, même pour moi, car culpabilisant. Enfin, je n'ai pas encore trouvé la perle rare, mais ça ne m'empêche pas de vivre, bien au contraire. Et puis je t'avoue qu'à la réflexion, je ne me sens peut-être pas encore prête pour quelque chose de vraiment sérieux. J'ai trop besoin de séduire et de m'amuser pour vraiment m'engager. Oh mais regarde l'heure, il faut y aller. Si on ne se dépêche pas, on va louper le train. »

Des vacances et du sexe (Les aventures de Paulo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant