⌜ NOCIF ⌟ ᴺᵃᵐᵍᶤᵀᵃᵉ

18.

Jeudi 6 juin :

– Je suis désolé.

Ce sont les seuls mots qui me viennent à l'esprit à ce moment même, et sûrement les plus adéquats. Taehyung me regarde de façon détachée mais je ne peux m'empêcher de lui trouver un air attristé.

– Tu me l'as déjà dit.

– Je sais, mais... je ne veux vraiment pas qu'on soit fâché. Ça me... ça me fait mal.

Même très mal, savoir que Taehyung m'en veut, me rend malade. Je ne veux pas être en conflit avec lui, surtout pas. Il compte de trop.

– Tu penses que ça m'a fait plaisir de te crier dessus comme ça la dernière fois ?

– Non ! Evidemment que non.

– J'étais... obligé. Tu m'as rendu dingue...

– Oui, je sais.

Après tout, je n'ai même pas réussi ce qu'il m'avait demandé. Il a raison, je suis qu'un moins que rien.

– Je ne m'énerve pas souvent en plus. Mais là... Franchement, j'étais dans la merde. Je te faisais confiance...

J'ai envie de m'enterrer six pieds sous terre.

– Oui, je sais. J'en suis conscient.

Je termine ma phrase sur le ton du condamné à mort et finalement, l'ambiance s'adoucît un peu. La tension que je ressens depuis le début de notre conversation n'est plus à deux doigts de me faire rendre mon petit déjeuner de champion (une demi-biscotte). Cinq minutes auparavant, j'aurais pu me défenestrer face à son regard...

Je suis arrivé à la fac en retard et Jimin ne m'avait pas attendu. Je l'ai directement rejoint dans l'amphithéâtre et il était là. Assis de manière désinvolte, j'ai directement remarqué toute la somme des détails qui avait changé chez lui. J'en connais les contours et les évolutions par cœur. Sa coupe avait été rafraîchie, les côtés de sa tête et sa nuque étaient désormais dégagés. Dorénavant, ses cheveux bouclaient encore plus qu'avant. Il était vraiment magnifique et pourtant, impossible de lui parler. Je ne pouvais pas le complimenter, encore moins l'embrasser. Je me suis senti coincé, acculé par sa distance : il ne m'avait pas accordé un regard.

Pendant la courte pause entre les deux cours et le changement de prof, je me suis rapproché de lui. Je voulais le voir, lui assurer qu'il fallait que je lui parle. Il n'a pas bronché. Nous avons laissé Jimin seul pour s'isoler dans un couloir tranquille.

Et je me suis tout bonnement excusé.

Nous en étions là.

– Je n'aime pas être en froid avec toi. Ça me fait mal au cœur, tu sais.

Taehyung s'est enfin rapproché de moi. Il pose délicatement sa main contre ma joue et quand il me murmure tout ce que je veux entendre à deux doigts du visage, c'est comme si on me débranchait le cerveau :

– Tu m'as tellement manqué Yoongi. J'ai pensé à toi constamment.

Sa déclaration me rassure et me réchauffe. J'allais lui dire que c'était réciproque mais je me reprends au dernier moment : à vrai dire je n'ai pas fait que penser à lui. Non, il est certain qu'un autre à occuper mes pensées alors je préfère me taire plutôt que de lui mentir.

– Tu ne m'en veux plus alors ?

– Non, finit-il par acquiescer.

Un sourire incertain apparaît sur mon visage, je suis soulagé de savoir qu'il baisse enfin les armes.