Bonus 6.

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Message éphémère : je ne suis pas très satisfaite de cette fin ! Il s'agit là du dernier bonus de la Partie 3, ce qui veut dire que la Partie 4 va bientôt débuté, désolée pour le retard !

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     Il vivait dans une bulle. Les sons, les voix et les bruits ne lui parvenaient que comme un écho lointain, comme des cris étouffés dans un oreiller. Sa vue n'arrivait à s'étendre au-delà du bout de son nez et chaque pas qu'il faisait lui semblait plus difficile que le précédent.

C'était comme s'il était perdu dans la plus haute et la plus froide des montagnes, la neige n'empêchant d'avancer, les flocons l'empêchant de voir, le vent l'empêchant d'entendre. Glacé, il était glacé jusqu'au plus profond de son être et subissait les tornades qui lui arrivaient en pleine figure sans dire un mot.

Ses pensées étaient froides tout comme son cœur et son regard qui semblait dépourvue de tout esprit. Balloté d'un endroit à un autre, il n'était pas vraiment absent, mais il n'était pas vraiment là.

Et puis une nouvelle main l'attrapa pour l'emmener dans un nouvel ailleurs. L'agitation qui régnait autour de lui ne le fit pas réagir, il suivit le mouvement sans broncher.

Le regard vide, il marchait à côté de cette agitation qui l'emmena à l'extérieur, pour le renfermer dans un autre petit intérieur. Celui-ci se déplaça à toutes vitesses dans le monde plus grand qui l'entourait avant de finir sa course devant une nouvelle immense masse dont il ne distinguait pas les traits.

En automatique, il sortit de la boîte de conserve et une masse le serra dans les bras sans qu'il ne réagisse à cela. D'autres se mirent à lui parler mais les mots, indistincts, se perdaient dans la tempête aussitôt prononcés.

Son esprit ne pouvait se concentrer sur ces paroles qu'on lui partageait, trop fatigué pour faire le moindre effort. Fatigué, épuisé même comme vidé de toute son énergie, de tous ses espoirs. Malgré son jeune âge, le monde entier s'était écroulé sur ses épaules, provoquant les éboulements qui le bloquaient sur cette montagne. Il n'avait plus de force, il n'avait plus rien en réserve. Sec, rien ne coulait de son être que cette expression fade et désinvolte.

Le passé ne lui sera jamais rendu et son avenir s'annonçait rempli d'incertitude.

Pourquoi cette injustice ? Comment aller de l'avant ? Les drames qui l'accablaient n'étaient pas ceux d'un enfant de seize ans, pourtant c'étaient les siens, et ils avaient absorbé avec eux les miettes d'âmes d'enfant qui lui restaient. L'innocence avait été brisée d'un coup de poignard suivi d'un coup de poing qui avait tout réduit en miette.

Entouré de toute cette neige, il se demandait alors si ça valait la peine d'avancer. Si tout ne serait pas plus simple s'il se laissait tomber en arrière et tout abandonner.

L'agitation le mena à l'intérieur de l'immense masse et le fit attendre avant de lui faire prendre des couloirs, puis des escaliers, et encore des couloirs. Chaque pas était plus difficile que le précédent, et la tentation de se laisser choir se faisait de plus en plus grande.

On le mena à un autre escalier, puis à un autre couloir pour le faire attendre encore avant de le pousser dans une salle. On lui parla avec rapidité, on le tira dans une petite pièce et on lui fourra un paquet dans les bras.

Un paquet petit, tout petit, minuscule, fragile, tout chaud.

Son regard vide se fixa sur ce paquet qui se gonflait et se dégonflait dans ses bras. Dans la tempête de flocons, il ne distinguait rien, rien que le flou de sa bulle. La chaleur du petit paquet se répandit sur son torse, il sentit quelque chose le chatouiller, comme si la glace qui recouvrait son cœur était en train de fondre.

Doucement, le dégèle s'empara de lui, stoppant le vent d'hiver et transformant les parois de la montagne en flaques humides. Ses pas se risquaient à glisser mais il ne faillit pas, puisant dans toutes ses maigres forces pour rester debout, juste là, à l'endroit parfait pour voir, se montrer timidement derrière le sommet, le soleil qui venait d'apparaître.

Ce soleil avait une petite bouche, un petit nez et deux grands yeux noisette entrouverts, fixés sur lui.

Le dégèle fit couler une larme. Il ramena la minuscule chose à son visage, faisant frôler le bout de son nez à son petit front pâle. L'emprise de ses bras se fit plus forte, voulant maintenir le fragile petit être couvert de langes du mieux possible. Il le serra doucement contre lui, comme l'enveloppant de tout son buste.

Sa bulle disparu et le bruit des pas des sages-femmes, les cris des nourrissons de la pièce d'à-côté lui parvinrent soudainement plus clairs. Les couleurs criardes des murs s'écrasèrent au fond de sa rétine tandis que tout son corps se fit soudainement plus léger.

Les yeux posés sur la chose qu'il tenait entre ses bras, il se remit doucement à réfléchir, et son esprit se fit plus clair, plus vif.

Il ne pouvait plus reculer maintenant. L'enfant qu'il tenait dans ses bras et qui ne cessait de le fixer était bien réel, ce n'était plus cette vague idée abstraite qui l'empêchait de dormir le soir. Il était bien là, ce petit tas de chair enrobé de langes, et sa chaleur réchauffait son torse comme un feu de cheminée en hiver.

Le passé ne lui sera jamais rendu et son avenir était rempli d'incertitudes, mais son présent était là, dans cet instant où son regard se mélangeait à celui qui n'avait que ses bras pour tout foyer.

Il était son père.

Elle était sa fille.

Et cette vérité était maintenant tout ce qui faisait sa vie.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 16, 2020 ⏰

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Haruka Aizawa (Partie 3) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant