Haruka Aizawa (Partie 3) [MHA]

Chapitre 58.

     Assise aux côtés du garçon, Haruka sentait qu'émanait de lui une drôle d'aura pesante. D'ordinaire d'un calme à toute épreuve, Shoto bouillonnait de rage, et ses sourcils ne se défronçaient pas. Ses maigres échanges avec son géniteur ne cessaient de le remuer, et la jeune fille cherchait, en vain, un sujet qui pourrait le distraire de sa frustration.

A force de remuer tous les sujets possibles dans sa caboche, Haruka était arrivée à la conclusion qu'il valait mieux laisser le bicolore se calmer de lui-même. Qui sait ce qui aurait pu se passer si elle avait osé ouvrir la bouche ? Les colères de Shoto étant si rares qu'il valait mieux rester prudente et ne pas rajouter du bois dans la cheminée.

Soudain, une main affublée d'un téléphone portable allumé vint interrompre l'immobilité des deux compagnons. S'agita alors devant leurs yeux surpris l'article Internet d'un journal peu connu affichant un titre aussi racoleur que de mauvais goût : « La psychopathe en uniforme ». Haruka y put lire ces quelques lignes :

« Une élève de seconde année du lycée Sujuru a été introduite en hôpital psychiatrique après la découverte de sa responsabilité dans le meurtre par arrachement d'yeux de l'un de ses camarades, disparu un an plus tôt. Les suspicions de la police contre la jeune fille se sont confirmées lors de son arrestation dans un appartement abandonné, alors qu'elle y avait tenté d'arracher les yeux d'une autre de ses camarades. »

« C'est toi, l'autre camarade ? »

Le visage d'Haruka se durcit. Elle fronça les sourcils. Remuant la question dans son esprit, elle répondit simplement :

« Oui. »

Le bras se retira sous le nez de Shoto, alors que celui-ci essayait vainement de comprendre les quelques lignes. Assis devant eux, Katsuki se réinstalla dans son siège en silence, avant de déclarer :

« T'as qu'à faire gaffe à qui tu fais confiance. »

Elle garda ce visage fermé tout en s'appuyant contre son siège. Ne donnant aucune réponse, elle fixa son regard sur le paysage, s'attendant à la vue d'une ombre qui n'apparut jamais.

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     Enfin, Haruka ferma son dernier cahier et poussa un long soupir. Bien qu'elle soit heureuse de ne plus être assignée à résidence, cette reprise des cours de rattrapage signifiait également la reprise des devoirs effectués jusque tard dans la nuit. Et cela ne lui avait pas tellement manqué.

Consciente que la Lune était bien trop haute dans le ciel pour qu'une lycéenne soit encore debout, elle ne jeta aucun regard sur son réveil aux chiffres brillants et vint se jeter sur son lit telle la loque qu'elle était. La jeune fille tira la couette sur son corps « enpyjamaté », éteignit la lumière d'un coup d'interrupteur et ferma les yeux, se préparant au passage du marchand de sable. Quand une sonnerie retentit.

Haruka se tourna vers sa table de chevet, et se saisit de son téléphone portable, prête à éteindre ce bruit de malheur. A quel moment avait-elle pu, linotte qu'elle était, programmer un réveil à une heure pareille ?

Mais ce n'était pas la sonnerie d'un réveil qui faisait vibrer ainsi son téléphone.

C'était un appel de Shoto.

Le visage d'Haruka passa de la surprise, à l'incompréhension, tout en se dégradant de plus en plus vers le rouge tomate. Incertaine, elle hésita avant de décrocher :

« Allô ? fit sa petite voix de fatiguée. »

« Allô, Haruka ? »

La situation aussi inédite que stressante, la jeune fille aurait bien voulu se détendre en répondant « Non, c'est All Might ! », mais la partie censée de son cerveau reprit le contrôle juste à temps, empêchant la catastrophe.