Haruka Aizawa (Partie 3) [MHA]

Chapitre 34.

     Le jeune garçon se tenait à quelques mètres d'elle, de l'autre côté de la cuisine. Son visage impassible affichait un air légèrement surpris. Il ne s'attendait pas à voir sa camarade debout à une heure si tardive, il s'attendait à ne voir personne en réalité.

« Pardon, dit-il simplement après le sursaut de la jeune fille. »

Haruka s'appuya au meuble qui était derrière elle et posa la boîte de poudre de chocolat, ne voulant risquer d'en renverser. Elle prit une profonde inspiration, tenta de calmer ses esprits ainsi que toute sa crainte. L'entrée du jeune garçon lui avait fait si peur qu'elle avait cru à une nouvelle apparition de cette ombre factice.

Cependant, malgré son angoisse apaisée, son cœur ne cessait de battre la chamade. Pire, il s'amplifia quand elle se rappela l'accoutrement dans lequel elle était, là, juste en face de son camarade. Le rouge lui monta aux joues tandis qu'elle se sentait soudainement honteuse dans ce pyjama à pantalon choisi par cette très chère Nemuri et ce gilet à capuche gris délavé qu'elle possédait depuis de nombreuses années, soit un mélange plutôt mal assorti. De plus, ses cheveux châtains étaient plus qu'ébouriffés et son visage aussi blême qu'un cadavre. La jeune fille avait l'impression que le slogan « je suis une grosse larve moche agonisante et flippée » était marqué en gros sur son front.

Quant à son camarade, il était frais comme la rosée du matin, son pyjama lui seyait à merveille et on ne pouvait faire plus beau que lui.

Haruka secoua brusquement ses pensées, ce n'était pas le moment de se comporter comme une idiote. N'avait-elle pas décidé de mettre ses sentiments de côté ? De profiter de sa rancœur de l'examen du permis provisoire pour se détacher de lui ?

Elle savait qu'elle n'avait pas échoué par sa faute, ni par celle d'Inasa. Du moins, pas directement. Mais elle continuait de lui en vouloir, un petit peu, de ne pas s'être excusé après l'annonce des résultats, de ne pas s'être rendu compte qu'il l'avait mêlé à une dispute qui lui avait causé du tort et de faire comme si de rien était.

« Ce n'est pas grave, lui répondit l'adolescente, J'étais perdue dans mes pensées. »

L'un face à l'autre, les deux jeunes gens se dévisagèrent un instant. D'un côté planté debout, de l'autre appuyé à un meuble de cuisine, ils restaient muets. Leurs regards se détaillaient puis se perdaient dans la contemplation de cette grande cuisine et salle-à-manger, sans savoir quoi se dire, presque gênés, ou hésitants.

« Ça va ? demanda soudainement Shoto.

-Oui, répondit la jeune fille d'un ton machinal, Tu... Tu venais pour quelque chose ?

-Un verre d'eau. Et toi ?

-Euh... Un chocolat chaud. »

Il se tut de nouveau quelques secondes, pensif, avant de dire :

« Finalement, je veux bien un chocolat chaud, moi aussi. »

Toujours en silence, Haruka se retourna pour sortir une deuxième tasse et Shoto partit s'asseoir à une table non loin.

Installé sur sa chaise de bois, les doigts liés sur la table, le jeune garçon ne put s'empêcher de relever le regard sur son amie et de détailler chacun de ses gestes. Il remarqua alors qu'elle agissait d'une étrange façon.

Ses mouvements étaient précipités, presque tremblants. Sa main se cramponnait à la bouteille de lait et faisait crisper chacun de ses doigts, si bien qu'elle en renversa un peu sur le plan de travail. Le regard de la jeune fille semblait profondément préoccupé et son visage affichait un air angoissé qui ne lui était pas anodin. Le claquement sec de la porte du micro-onde qu'elle laissa résonner dans toute la grande pièce le conforta dans l'idée que sa camarade n'agissait pas comme à son habitude. Où étaient passées toute la délicatesse de sa timidité et la précaution de sa discrétion ?