Chapitre 35.

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     Songeuse, devant le miroir de sa coiffeuse, elle regardait le creux bleuté de ses cernes et les rougeurs bordant ses yeux. Cette nuit, elle avait encore pleuré et, cette nuit, elle s'était encore endormie aux horaires les plus tardives.

Un discret soupir s'échappa de ses lèvres et elle se saisit de sa poudre avant de s'appliquer à l'étaler autour de ses yeux. Tout le monde devait déjà se douter de sa détresse, personne n'avait été très discret en ce lendemain de dure soirée, mais elle espérait paraître moins triste qu'elle ne l'était vraiment, masquer ces signes qui trahissaient toute sa douleur.

Jamais elle n'avait ressenti ça pour personne d'autre, jamais personne ne l'avait mise dans cette état-là. La jeune fille n'aurait jamais pensé être à ce point jalouse, se laissant dévaster par une émotion qui était bien loin de son caractère d'ordinaire si calme et mesuré.

Elle tenait tellement à elle. Si bien que ses émotions se mélangeaient, s'entrechoquaient, se confondaient, pour produire ce cocktail explosif d'affection exacerbée et irrationnelle. Mais elle tenait tellement à elle, elle ne pouvait faire autrement.

Depuis ce soir-là, c'était comme si une moitié d'elle-même était partie. La moitié qui se confiait, qui rigolait, qui aimait discuter et prendre soin d'autrui. Sa moitié qui faisait d'elle la personne si douce et si gentille qu'on disait d'elle.

Elle soupira une énième fois et se força à ravaler ses quelques larmes, cela aurait détruit son travail minutieux de camouflage. Reprenant un peu de contrôle, elle noua ses longs cheveux noirs en arrière et laissa une mèche raide revenir sur son visage.

Enfin, elle quitta sa chambre et sortit de l'immense bâtiment déjà vidé de son monde. D'un pas qui se voulait assuré et rapide, elle rejoignit une plus grande bâtisse, ou plutôt une gargantuesque construction, dans laquelle elle monta jusqu'à une salle qui lui était bien familière. Là, devant la porte ouverte d'où émanaient plusieurs exclamations et autres bruits de discussions, elle calma sa respiration et tâcha d'afficher un sourire naturel.

Sans vraiment se contrôler, en entrant dans la pièce, son regard chercha immédiatement le vingt-et-unième bureau. Ses yeux sombres se posèrent sur un siège vide et de nombreuses interrogations traversèrent son esprit.

La nuit précédente l'avait alarmée au plus haut point, tout ce qu'il s'était passé avait été d'une telle confusion qu'elle ne savait quoi croire. La seule chose dont elle était sûre, c'était que tout n'allait pas bien. Et ce bureau abandonné l'inquiéta profondément.

Elle sentit son cœur se serrer et la peur nouer son estomac. Pourquoi n'était-elle pas là ? Que s'était-il passé après qu'elle était partie ?

Elle n'aurait jamais dû la laisser seule ce soir-là, elle n'aurait jamais dû lâcher son poignet. Maintenant, où était-elle ?

Son regard alarmé balaya la pièce pour voir si quelqu'un d'autre avait remarqué cette étrange anomalie. Puis, son cœur se calma, ses interrogations se turent et l'inquiétude fit place à la faible et mélancolique tristesse qui lui était dorénavant quotidienne.

Elle était là, au bout de la salle, son visage doux penché sur un cahier que lui montrait leur camarade Shoto. Le jeune garçon semblait lui expliquer quelque chose tandis qu'elle restait debout, juste à côté de lui, ramenant ses cheveux châtains derrière ses oreilles comme pour mieux se concentrer sur les paroles du bicolore.

Elle semblait bien, même si cela était un euphémisme. Sa peau était pâle et ses yeux fatigués, mais elle n'affichait plus l'air si triste, si malheureux, si paniqué ou si perdu qu'elle avait pu avoir ces derniers jours, et même ces dernières heures. Au contraire, elle paraissait légèrement plus tranquille, ce qui était agréable

Haruka Aizawa (Partie 3) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant