Chapitre 39.

3.2K 339 46
                                    


     Une image de champs apparu sur l'écran. Bordé d'arbres verts, l'immensité dorée ne semblait pas avoir de fin. Elle semblait s'étendre jusqu'au bout du monde tandis que sa ligne d'horizon embrassait le bleu azur d'un ciel sans nuage, aussi immense qu'elle.

L'image disparut, laissant place à celle d'une forêt orangée. Les feuilles avaient délaissé leurs arbres pour former un tapis de dorure au sol. Les branches nues se croisaient entre elle et s'élevaient vers un ciel qui leur était hors d'atteinte.

Puis apparut une maison. Plantée au milieu de nulle part, elle semblait être sortie de terre comme naissent les champignons. Ses murs étaient faits de bois, sa petite allée de pierres et quelques oiseaux étaient posés sur le haut de son toit. Une vieille voiture dormait près d'elle, tout semblait si calme.

Un nouveau sanglot s'échappa de sa gorge. Elle l'étouffa dans son poing pendant que les larmes continuaient de couler sur ses joues.

D'une simple pression de son doigt, elle fit partir la petite maison et se trouva face à une fleur des champs en gros plan. Puis de nouveau une forêt, puis une route perdue entre les prés, un nouveau champ, l'écorce d'un arbre, une forêt, un champ, une forêt, un champ...

Haruka faisait défiler les photos de sa forêt devant ses yeux embués de larmes. En quête de photos floues à jeter, elle parcourait tous ses derniers clichés, un à un, rapidement, ne prenant même pas le temps d'admirer les lignes de forces ou la profondeur de l'image. D'habitude, trier ses photos la calmait, c'était une activité qu'il lui permettait de s'endormir quand quelques pensées noires venaient se glisser dans son esprit. Mais cette nuit, non.

Cette nuit, Haruka n'arrivait pas à se calmer.

Les larmes ne cessaient de couler de ses yeux et la colère ne voulait lâcher ses muscles crispés. Elle sanglotait par moment, désespérée et détruite par la conversation qu'elle avait tenue avec son père quelques heures plus tôt. Son cœur s'était déjà serré par le passé à l'entente de ses piques mais, aujourd'hui, il était totalement détruit. Il l'avait complètement détruit.

Depuis le début, son père avait compris pourquoi son alter faisait souffrir les gens comme cela, mais ne lui en a jamais parlé. Que ce soit après le Championnat, après l'examen de fin de trimestre, il n'est jamais venu la voir pour en discuter. Jamais.

Pourquoi ne venait-il jamais ? Pourquoi l'abandonnait-il tout le temps comme cela ?

Elle faisait pourtant tout ce qu'elle pouvait pour le rendre fier. Elle avait drastiquement progressé depuis son arrivée en ville, elle avait intégré la seconde A, écouté tous ses conseils, s'était bien entraînée tous les soirs. Alors pourquoi continuait-il de l'ignorer ?

Bien sûr, elle avait fait des erreurs et l'avait mis en colère. Mais elle n'était qu'une adolescente et une adolescente fait des erreurs et met son père en colère parfois. Pourquoi ne lui pardonnait-il pas comme un père le ferait ? Pourquoi ignorer sa fille était-il plus simple pour lui ?

Et pourquoi l'avait-il pris ainsi dans ses bras à l'orée de la forêt s'il n'avait rien à faire d'elle ?

Haruka pleurait sa colère et son chagrin de ne pas comprendre l'homme qui lui avait donné la vie, lui-même qui ne la comprenait pas en retour. Il ne lui parlait jamais, elle ne lui parlait jamais, et la douleur de ce silence lui dévorait les entrailles.

Ce fut d'épuisement, que la jeune fille s'endormit sur son bureau, le dos courbé et la tempe reposée sur la surface plane. Elle plongea dans un sommeil sans rêve, seulement bercée par les bras froids de la tristesse qui l'accompagnait à chaque instant.

Haruka Aizawa (Partie 3) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant