Hiacynthe était en train de marcher vers le Grand Théâtre, son téléphone à la main. Relisant le message que lui avait envoyé Charlotte. Elles devaient se retrouver mardi après-midi, donc aujourd'hui, au café qui se trouvait juste à l'entrée de la rue Sainte-Catherine. L'avocate lui avait alors expliqué plus en détails ce sur quoi elle bossait. En gros, elle aidait Billy Mayeux, le fameux Mayo, comme l'appelait sa patronne, pour préparer une convention sur le BDSM, avec le reste de la bande.
La barmaid était déjà au courant de tout ça, vu qu'elle avait été présente le soir ou Billy avait annoncé l'idée à la rouquine. Mais cette fois, toute la bande était au courant et l'engrenage de l'organisation s'était mit en place. Elle trouvait cette idée de convention vraiment pas idiot. Car à part le Salon de l'érotisme, il n'y avait rien d'autre d'aussi visible par tous concernant la communauté. Et encore, ce qu'elle avait vu pendant ce salon n'avait pas été des plus originaux ou reluisant. Ils faisaient miroiter un BDSM soft et fantasmé, c'était dommage, car il n'y avait pas que la possibilité d'attacher son partenaire avec des menottes pour se redécouvrir.
Certes, c'était un sujet assez particulier pour un premier date. Car il s'agissait bien d'un rendez-vous galant entre les deux femmes, ça sautait aux yeux que Charlotte voulait l'inviter à sortir depuis belle lurette. Mais cela était complètement égal à la jeune femme aux cheveux court. Après tout, elles se tournaient autour depuis bien plus d'une semaine et en vérité, la rouquine lui plaisait depuis bien plus longtemps...
Arrivée devant le café, elle chercha une tête rousse parmi les clients, mais rien à l'extérieur. L'intérieur, peut-être ? Non, rien. Alors, elle commanda un moka et alla s'asseoir à l'extérieur, à une table qui pouvait facilement attirer l'œil des passants. Elle envoya un message à celle-ci, pour lui signifier qu'elle était arrivée. Priant intérieurement pour qu'elle ne la laisse pas tomber. Pas qu'elle doutait de l'avocate, au contraire, vu ses déboires amoureux précédents. Mais il fallait dire qu'elle aussi avait quelques problèmes en amour. Déjà, elle se faisait tout le temps draguer par des mecs. Et quand elle disait qu'elle était lesbienne, elle se faisait souvent agresser. Mais en plus de ça, on lui posait souvent des lapins lors de ses premiers rendez-vous. Elle n'avait jamais su pourquoi. Peut-être à cause de sa couleur de peau ? Les gens ne s'en rendaient-ils pas assez compte sur les photos ?
C'est alors qu'à la moitié de son moka, une furie rousse atterrit sur la chaise en face d'elle, complètement essoufflée et dégoulinante. La voir enfin se montrer l'a rassura, au moins, elle était venue. Et à en croire ce qu'elle pouvait voir... Elle s'était vraiment dépêché. Ne pouvant s'empêcher de glousser, elle appela un serveur pour que l'avocate prenne sa commande.
- Je suis vraiment désolé Hiacynthe !... Mon patron m'a appelé en astreinte alors que c'est mon jour de repos ! Il n'avait pas envie de me lâcher ce vieux croûton !
- Ce n'est pas grave, tu es la maintenant. Détends-toi.S'ensuivi bien vingt minutes de discussion amicale avant que Charlotte décide enfin de se mettre au boulot. Elle sorti de son porte-document un bloc-note ainsi qu'un stylo. Ses yeux verts croisant ceux de la barmaid, ce qui la fit sourire. Même un peu fatiguée, la dominante semblait sûre d'elle, égal à elle-même, comme toujours. Hiacynthe ne pouvait s'empêcher de l'admirer. Elle dégageait quelque chose de fort.
- Bon, on va faire la liste des stands qu'il pourrait y avoir à la convention. Comme ça, on pourra commencer à appeler les marques.
- C'est une bonne idée, mais on n'aura pas le nom de toutes les marques, il faudra faire une liste plus poussée plus tard, avec internet., précisa Hiacynthe, ce qui arracha un sourire à Charlotte.Oui, ça voulait dire, une soirée chez elle, pour pouvoir revoir la rouquine.
- Absynthe m'a dit que tu étais professeur de Shibari en free-lance ? Faire un atelier d'initiation te tenterais ?
- Oui, ça pourrait être pas mal. Pourquoi pas en proposer deux ? Un, avec plusieurs panelles d'horaires, très simple, sur les vêtements, pendant la convention et un autre atelier, toujours pendant les jours définit de l'évènement, mais le soir, dans la salle ou je donne mes cours, sur inscriptions, avec cette fois, quelque chose de bien plus intime et érotique ?
- C'est une super idée ! En plus, ça te fera de la pub comme ça.
- Ensuite... Elliot pourrait faire des défilés sur la scène et faire se balader les mannequins dans les allées... Pour la nourriture, on pourrait même demander au Space Coffee. Ils font de base des donuts et des tartes sur des thématiques de la culture geek, ils pourraient avoir un stand et faire des pâtisseries sur les différents thèmes du BDSM ?
- Wah ! Mais d'où tu sors tout ça !, demanda Charlotte, les yeux écarquillés, complètement ébahi.
- Peut-être parce que je sors bien plus que toi ? Tu as l'air d'une bourreau de travail.
- Touché... Heureusement que tu m'aides ! J'aurais facilement trouvé les stands et animations de base concernant le BDSM, mais rien qui pourrait être attractif pour des gens lambda...
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Les bas-fonds du Crimson
Non-FictionL'histoire se forme autour du Club BDSM "Le Crimson Klub", ou l'on suit la vie et les problèmes de la bande d'amis de la patronne. Faisant ainsi voir avec humour et amitié le réel milieu BDSM et pas ce monde fantasmé de dominant ténébreux et soumis...