C'était le dernier effort qu'Elliot avait à faire. La dernière fois qu'il passait du temps avec ses parents. On était vendredi et sa mère l'avait à nouveau appelé quelques jours avant. C'était bien évidemment Absynthe qui avait écouté le message, mais en comprenant que c'était une invitation, elle insista pour faire écouter le message au styliste. Sa mère avait été très douce dans son message. Lui disant qu'ils repartaient pour l'Angleterre dès le samedi matin et qu'ils voulaient dire au revoir à leur fils. Elle lui avait même promis que son père se tiendrait à carreau. Sa mère avait-elle enfin donné son avis sur quelque chose et réussi à dompter son démon de mari ? Il l'espérait pour elle.
Après une discussion avec la dominatrice, il avait consenti de faire cet effort, vu que pour le coup, ils repartaient enfin chez eux. Après tout, ce n'était qu'un simple repas, et dans un restaurant en plus. Ils auraient tous les regards attirés vers eux si son père osait hausser la voix ne serait-ce qu'un tout petit peu. Alors il savait qu'il ne tenterait pas de le convaincre ou même... De lui crier dessus à quel point il était une honte pour lui... Surtout qu'il le savait déjà. Ce n'était pas par plaisir qu'il avait quitté sa famille à l'époque. Même si ses parents, enfin, surtout son père, n'avait jamais vraiment passé du temps avec lui, à profiter de leur enfant, il n'empêche qu'Elliot tenait à sa famille. Il en était des plus déçu, mais souffrait de ne pas avoir de foyer dans lequel rentrer pendant les fêtes. Ni même aucun parent à appeler quand ça n'allait pas. Avoir des amis, c'était bien, mais la chaleur du foyer et de la famille lui avait beaucoup pesé plus jeune. C'est pour cela qu'il avait préféré les oublier, pour ne pas souffrir inutilement et se forger lui-même une famille. Qu'il avait à présent. Les membres du Crimson. Il les aimait tellement qu'il était capable de tout pour eux. Faisant passer leur bonheur avant son bien-être personnel... Héritage de son éducation ? Sûrement... Mais il était fier de ce qu'il était, et pourtant, il ne pensait pas un seul instant que c'était grâce à son père, qui était tout le contraire de lui. Acariâtre, vaniteux et élitiste, alors que le styliste avait le coeur sur la main.
Malgré tout ça, il ne comprenait pas vraiment pourquoi ses parents l'invitait. Il n'avait pas vraiment envie de leur dire au revoir. À sa mère, si, pourquoi pas. Mais dans ce cas-là, elle l'aurait appelé en lui donnant rendez-vous dans un salon de thé en ville. Pas avec son père au restaurant. Il était presque certain que son père allait lui annoncer quelque chose. Le déshéritait-il ? Il ne connaissait pas trop les droits de succession anglais, donc n'en savait rien. Mais de toute manière... S'il devait être retiré du testament... Ne l'avait-il pas été le jour ou il avait fugué ? Peut-être que c'était tout autre ? Peut-être son père allait-il vraiment le faire chier pendant tout le repas en fin de compte ? Pour le pourrir jusqu'à sa dernière seconde sur le sol français pour mettre en pièce l'estime de soi de son seul fils ?...
Plus il pensait à tout ça, et plus il se mettait à stresser. Il venait de terminer de s'habiller à sa boutique, mettant un costume classe mais passe partout pour la journée. Vu qu'il avait été invité au restaurant de l'hôtel, qui était le même que le jour de la soirée de gala... Donc à quelques minutes à peine de marche.
Arrivant, il ouvrit les premiers boutons de sa chemise, car plus il se rapprochait du lieu, plus il se sentait étouffer dans ses vêtements. Alors, à l'entrée, il s'arrêta, pour prendre de profondes inspirations. Tout allait bien se passer. Et si ça n'allait pas, il pourrait toujours s'en aller, retourner à son magasin et mettre le panneau « fermé » pour être tranquille. Il donna son nom à l'accueil et pu rejoindre ses parents à leur table. Sa mère se levant pour lui faire la bise, sauf qu'il refusa, à contrecoeur. Il fallait qu'il soit ferme. Qu'il n'accepte rien d'eux, pour que son père se sorte de la tête l'envie de le ramener avec lui. Et qu'ils comprennent bien que les insultes et le rabaissement ne lui ferait rien. Même si à l'intérieur, ça allait le briser de subir tout cela en quelques longues minutes de repas, comme si de rien était. Après tout... Les masques, les faux semblants c'était la spécialité des nobles et gens aisés... En particulier des grandes familles anglaises. Elles excellaient dans ce domaine.
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Les bas-fonds du Crimson
Non-FictionL'histoire se forme autour du Club BDSM "Le Crimson Klub", ou l'on suit la vie et les problèmes de la bande d'amis de la patronne. Faisant ainsi voir avec humour et amitié le réel milieu BDSM et pas ce monde fantasmé de dominant ténébreux et soumis...