Épisode 6, partie 4: Absynthe

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Cela faisait bien trois jours que la gérante du Crimson avait envoyée son SMS à la tatoueuse de la bande. Depuis, la brune s'était rongé les sangs, se demandant pourquoi Equinoxe ne répondait pas. Lui en voulait-elle à ce point ? Voulait-elle simplement être tranquille quelques jours ? Ou bien lui était-il arrivé quelque chose ? Si ça se trouve, la jeune femme était tombée inconsciente dans son appartement. Vu qu'elle ne répondait à personne, pas d'inquiétude de la part des autres, alors qu'elle était peut-être en train de succomber à une chute grave ? C'est Elliot qui avait d'abord dû calmer Absynthe, puis Léo, son meilleur ami après une longue discussion au téléphone sur le comportement basique de la soumise.

Heureusement, comme l'avait fait entendre inconsciemment le styliste, la réponse de l'intéressait à la proposition avait fini par arriver. Oui, Nox' ne pouvait résister à faire la soumise d'apparat, en particulier pour les nouvelles collections de chez « Elliot & Co' ». Tant que le créatif n'obligeait pas la demoiselle à porter du rose, bien entendu. C'était un accord tacite entre les deux parties.
'Oui, la proposition m'intéresse. Comme toujours. Envoie-moi les informations par email avec un devis de prestation. Comme d'habitude.'

En voyant le message de son amie, le coeur de notre dominatrice se serra. D'un côté, parce qu'une joie sans nom l'emplissait. Avoir des nouvelles après tant d'angoisse lui faisait un bien fou au moral. D'un autre côté, elle avait envie de pleurer. Elle qui pleurait absolument jamais. Ici, son envie devenait de plus en plus forte. Simplement à cause du contenu du message. Il était froid, distant. Sans aucun amour, ni aucune amitié. Pas de bonjour, ni d'au revoir ou de merci. Même pas un je t'embrasse, ou un simple bisou. Rien, absolument rien. Peut-être que la demoiselle n'était pas assez remise ou qu'elle aussi angoissait, allez savoir. Absynthe n'était pas dans sa tête après tout. Un sourire sincère éclaira son visage pour autant.

Elle fila alors dans son bureau après avoir monté les escaliers en métal pour se mettre devant son ordinateur et entreprendre l'écriture du devis. Bien évidemment les prestations de soumise d'apparat d'Equinoxe étaient toujours rémunérées. Sachant très bien qu'elle n'était pas intéressée par l'argent, mais que cela pouvait lui faire un petit plus dans le mois. Surtout que ce type de scène n'était pas payé des mille et des cent non plus. Un petit extra, simplement. Une fois le papier terminé, elle lui envoya sur l'email qu'elle utilisait pour tout ce qui touchait au BDSM. C'était plus simple pour elle. Comme Equinoxe était tatoueuse, elle avait son mail personnel, son mail professionnel pour ses clients du tattoo shop et son mail pour le BDSM, utilisé pour les sites de rencontres, les forums, les invitations et la newsletter du Club...

C'était peut-être un peu rapide comme réponse à son message, mais la pauvre patronne n'en pouvait plus d'attendre. Tout ceci étant un véritable calvaire, surtout qu'en plus d'être une dominante parfois égocentrique et égoïste, elle était aucunement patiente dans la vie, détestant attendre plus que tout. La pire punition pour elle ? Lui faire attendre quelque chose sans lui dire ce que c'était. Ça pouvait facilement la rendre complètement chèvre. Malheureusement, Absynthe était plutôt chat que chèvre. D'ailleurs, cela faisait quelque temps qu'elle n'avait pas croisé Seth, le chat Sphinx qui se baladait dans le Crimson. Ce chat ne lui appartenait aucunement. Simplement, un beau jour, il s'était pointé et semblait se sentir comme chez lui, alors la patronne ne l'avait jamais chassé. De plus, il était bien utile, chassant les souris et les rats qui grouillaient sous la scène en hiver et en été.

C'est une bonne grosse semaine plus tard qu'avait lieu la soirée spéciale de présentation. Dans ses moments-là, le Club ouvrait ses portes, comme d'habitude. Seule différence, les spectacles et les performances ne commençaient que vers vingt-et-une heures. De l'ouverture jusqu'à l'heure dites, tous les employés d'Absynthe qui pratiquaient sur scène à temps plein, donc pas les performeurs comme Léo par exemple, étaient réunis dans la plus grande salle privée se trouvant à l'arrière du Crimson. C'est aussi à la même heure que les salles privées étaient accessibles pour ne pas qu'il y ait de fuite potentielle sur les nouveaux costumes.

Les bas-fonds du CrimsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant