Erwann était dans son bureau, à travailler depuis tôt ce matin, n'ayant vraiment pas vu le temps passer tellement il était concentré. Enfin, concentré et énervé, en réalité. Cela faisait bien plus d'un mois que le Clovis, son nouveau Club venait d'ouvrir. D'ailleurs, il avait déménagé pour vivre dans le panthouse au sommet du bâtiment. Plus d'un mois et ça faisait une bonne semaine et demie que les problèmes commençaient à s'accumuler.
Lui qui pensait que ce nouveau commerce allait passer comme une lettre à la poste... Il s'était lourdement trompé. Pourtant, il s'était bien renseigné sur le quartier et les alentours. Il avait même payé un détective privé pour recueillir des informations sur son concurrent, le Crimson Klub et sur sa patronne, la redoutable Absynthe Raven. Cette femme le faisait tourner en bourrique, sans plus aucun contrôle sur les rumeurs de son établissement, le brun au regard d'émeraude piquait de plus en plus de crise de colère. Il était assez maniaque du contrôle et tout ceci ruinait ses routines.
Basiquement, il pensait n'avoir aucun problème avec elle, vu qu'ils n'attiraient pas le même type de clients et qu'en plus de ça, leurs établissements étaient vraiment différents l'un de l'autre. Mais non, elle venait lui chercher des poux chaque jour que Dieu faisait.
D'abord, il avait eu connaissance de clients étranges, un qui avait posé de nombreuses questions à un danseur, alors qu'habituellement, les clients ordonnaient, sans demander si le danseur en question le faisait ou non. Bon, ça pouvait arriver d'avoir un nouveau client qui ne connaissait pas du tout le fonctionnement de son Club, mais généralement, c'était du bouche à oreille, donc la clientèle même nouvelle savait à quoi s'attendre en entrant au Clovis.
Mais ce qui lui mit la puce à l'oreille, fut que dans la même soirée, un homme ressemblant à une femme, s'était fait soumettre et avait aussi soumis dans une chambre, avec deux des employés. Et qu'ils leur auraient posés des questions. En tout les cas, pour la jeune soumise. Pour ce qui était du dominant, il s'était apparemment emporté dans une colère noire. Son employé lui disant qu'il se serait jeté sur lui s'il n'était pas parti à temps. Tout ceci était vraiment particulier. Surtout qu'on avait vu ce switch rejoindre les deux autres avant qu'ils ne partent. Ils étaient donc ensemble.
Erwann avait donc visionné les enregistrements des caméras de surveillances de la grande salle pour mettre un visage sur ces troubles-fêtes. Et oh, comme de par hasard, il en avait reconnu un immédiatement. Ne le connaissant pas personnellement, mais avant de s'établir durablement à Bordeaux, il avait fait un listing des lieux en rapport avec le milieu BDSM pour avoir des renseignements sur la communauté de la ville. Elliot, de chez Elliot & Co', styliste des plus reconnu dans le milieu. C'est vrai qu'il pouvait avoir une allure très féminine avec son visage fin et ses cheveux en trompe l'oeil qui pouvait être long une fois sa queue de cheval lâchée.
Il avait donc fait immédiatement le lien entre lui et le Crimson. Étant adepte des enquêtes, il savait donc qu'il était un ami proche de cette Absynthe. Et qu'il allait dans ce Club au moins une fois par semaine. Quant aux deux autres, ils étaient apparemment aussi clients du même établissement. Sans doute étaient-ils amis. Ils étaient donc sans aucun doute possible, venu en repérage au Clovis pour cette folle hystérique. Oui, Erwan disait de la patronne, qu'elle était hystérique, vu tous les courriers et toutes les plaintes qu'elle lui avait fait parvenir.
Passant une main dans ses cheveux longs et épais, coupé avec un side-cut sur le côté gauche, il se gratta nerveusement en fixant sur son bureau, une pile de lettres qui étaient à la fois des plaintes officielles reçues du commissariat le plus proche et des courriers manuscrits ou frappés à l'ordinateur, directement signé de la dominante adverse. Il y en avait beaucoup, elle n'avait pas chaumé pendant cette longue semaine. Le brun n'avait pas lu les plaintes déposées, car de toute manière, elles n'aboutiraient aucunement. Ayant un pécule certain, il avait bien sûr graissé la patte du Maire de la ville ainsi que de la police. Après tout, le BDSM était un monde de transgression et de violence. En tout les cas, c'était ça, sa vision du BDSM. De la violence, de l'interdit transgressé, de la douleur et du sang. Une sorte d'Enfer accessible sur la Terre.
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Les bas-fonds du Crimson
Non-FictionL'histoire se forme autour du Club BDSM "Le Crimson Klub", ou l'on suit la vie et les problèmes de la bande d'amis de la patronne. Faisant ainsi voir avec humour et amitié le réel milieu BDSM et pas ce monde fantasmé de dominant ténébreux et soumis...