Épisode 8, partie 4: Charlotte

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Cela faisait bien une semaine et demie que Charlotte avait été purement et simplement radiée du Crimson Klub. Au départ, cela ne l'a dérangé aucunement. Se disant juste qu'elle ne verrait plus Absynthe et que ça lui allait parfaitement. Après tout, elle avait le numéro de tout le monde sur son portable. Si elle voulait voir quelqu'un, elle pouvait toujours appeler. Ou plus simple, pour faire littéralement chier dans ses bottines la brune, elle pouvait organiser une petite soirée avec la bande, sans la patronne, bien entendu, dans son luxueux appartement avec vue sur le Jardin Public.

Sauf que malgré tout, pendant cette semaine et demie de déconnexion avec ses amis. Car elle n'avait réellement téléphoné à personne. Si tant est que Hiacynthe faisait partie de la bande, ce qui n'était aucunement le cas. Les seules personnes avec qui elle avait été en contact était celles de son cabinet, dont Nathaniel. Tiens, d'ailleurs, elle devrait l'inviter à dîner un soir. Ça faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas passé une soirée ensemble. La dernière datant sans doute de l'époque de la fin de leurs études de droit. Et Hiacynthe. C'était tout. Il était vrai que ne pas aller aux soirées du vendredi, ne pas envoyer de message à Elliot ou Léo lui faisait comme une sorte de vide à l'intérieur. Même ses collègues l'avaient remarqués. Elle avait une petite mine et était bien moins combative dans ses dires. Que ce soit pendant un procès ou au bureau envers son patron.

Comme quoi, ce qui venait de se passer l'avait quelque peu affecté, même si, vu son caractère, elle ne l'avouerait pas. Pour que le sourire suffisant d'Absynthe n'apparaisse jamais sur son visage. Qu'elle ne le voit jamais plus. Hiacynthe, voyant tout de même cette baisse de morale elle aussi, car les deux demoiselles se voyaient de plus en plus... Lui avait dit qu'elle pouvait venir au Club les dimanches ou la barmaid était certaine que sa patronne ne serait pas présente. Pour boire un coup, possiblement voir les autres... Et discuter avec elle et Billy. Mais la rouquine avait préféré refuser. Elle était inconsciente à certains moments. Mais pas quand ça concernait le travail. Ne voulant pas que son amie ait des problèmes à cause d'elle. Absynthe était si virulente qu'elle pouvait vraiment virer le vigile qui l'avait autorisé à entrer dimanche dernier... Elle ne voulait pas que la même épée de Damoclès se balance au dessus de la tête de la mâte de peau dès à présent.

De ce fait, elle avait fini par demander un jour de repos hier. Oui, vous avez bien lu. Charlotte, une bourreau de travail, venait de demander pour la première fois un jour de vacances. Si on peut dire ça comme ça. C'était le vrai bordel dans sa caboche rousse, elle avait donc besoin de se retrouver seule avec elle-même pour arriver à mettre en ordre ses pensées. Elle aurait très bien pu le faire aujourd'hui et demain, pendant le week-end, mais non, elle en avait eu besoin avant. Du coup, elle avait été à la Cathédrale de Pey Berland pour profiter de la fraîcheur et de son calme pour réussir sa mission du jour.

Voilà ou cette réflexion de presque une journée, assise sur les chaises tressées du lieu l'avait conduite. Venir s'excuser auprès d'Absynthe. C'était ce qu'elle était partie faire aujourd'hui. Vous devez vous demander ce qu'il prenait à notre rouquine favorite ? Car celle-ci n'est pas du genre à s'excuser... Pourtant... Elle avait fini par se rendre compte que sa vie ne tournait qu'autour du BDSM. Que sans ce gros détail dans sa vie, celle-ci était complètement vide. C'était super de tout donner pour son travail, de s'immerger dedans. Mais ce n'était pas ce qui la faisait s'épanouir le plus. Le travail d'avocate y contribuait, mais pas à la majorité. C'était un peu comme avec Equinoxe, qui avait besoin de se faire soumettre, Charlotte, elle, avait ce besoin de dominer.

Bien sûr qu'elle pouvait trouver une soumise sans le Club. Néanmoins, c'était plus compliqué, car les soumises sur les sites tels que Fetlife, un site de rencontre BDSM, la plupart des soumises sans Maîtres étaient trop jeunes, trop inexpérimentées et ça, Charlotte s'y refusait. Les minettes fantasmant sur Christian Grey après la lecture du roman ou le visionnage des films, c'était le type de soumise qui lui donnait envie de vomir ou même de taper dans un sac de frappe. Si elle pouvait brûler chaque exemplaire de cinquante nuances et de Twilight, elle ne s'en priverait pas et la Terre s'en porterait bien mieux.

Les bas-fonds du CrimsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant