Épisode 12, partie 4 : Léo

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Cela faisait bien longtemps que Léo n'avait pas fait de dédicace. En réalité, il n'en avait fait qu'une seule fois depuis qu'il avait commencé à être publié chez son éditeur. D'abord, il avait était des plus réticents face à cette démarche, ne voulait pas être démasqué et craindre un renvoi par l'administration de son université. Une idée un peu absurde, il fallait le dire, car il ne s'agissait que de romans. Oui, mais des romans érotiques évoquant une pratique des plus tabous. Bien qu'elle faisait pleinement écho à sa spécialisation en tant que professeur de sociologie sur la soumission à l'autorité. On se demande bien pourquoi.

Se rappelant alors cette journée, qu'il détestait. Il s'était retrouvé à devoir dédicacer ses ouvrages dans une grande surface spécialisée dans la culture et les loisirs. Là, sur sa petite table, il avait attendu les lecteurs. Faisant très professeur de base, avec sa façon de s'habiller très académique. Il ressemblait à Robert Langdon, le personnage de Da Vinci Code, mais en plus jeune et en blond. Avec des lunettes sur le nez. Les lecteurs venant petit à petit, il n'avait pas une grosse communauté, même s'il était plus ou moins connu, il n'était pas un auteur à succès reconnu dans le monde. Encore heureux pour lui. Sauf qu'il avait totalement oublié un détail. Un professeur de sociologie, celui spécialiste de la déviance, comme par hasard, n'habitait pas loin et venait tous les samedis à ce Cultura pour trouver de nouvelles oeuvres à mettre dans sa bibliothèque. À l'époque, il n'avait pas encore parlé de cette activité à certains de ses collègues.

Quand son collègue le vit, il s'approcha, intrigué, ce qui fit se figer le soumis au plus profond de lui, clairement en train de voir sa vie défiler devant ses yeux en cet instant. L'homme avait regardé avec attention les romans, lisant certaines quatrièmes de couverture. Pour finalement, lui demander d'en signer un. Tout s'était passé très vite, mais pour Léo, ça avait était un temps interminable. Dans sa tête, si son collègue ne lui avait rien dit, c'était qu'il allait garder le secret. Sauf qu'à son arrivée, le lundi matin... Il fut horrifié de découvrir que leurs plus proches collègues de travail étaient au courant. Heureusement, après une discussion des plus sérieuses, ils lui promirent de ne rien dire à qui que ce soit d'autre.

Depuis ce jour, il avait toujours refusé de refaire des dédicaces. De temps à autre, pour la sortie d'un nouveau roman, il faisait une opération avec son éditeur. Que les cent premières commandes sur le site seraient dédicacées par l'auteur. Ce qui faisait souvent flamber les stocks, ce qui était un bon point. Cela ne le gênait pas de signer autant de livres chez lui et de charger la maison d'édition de l'expédition. Même si ça lui faisait très mal aux poignets à force.

Aujourd'hui, il avait accepté la proposition de Charlotte, car Absynthe l'avait rassuré, lui disant qu'aucun de ses associés de la faculté n'allait se pointer ici, ou alors que ça serait rare. Sauf si les concernés étaient des adeptes du BDSM. Son éditeur semblait en joie quant à lui de pouvoir faire un salon en plein rapport avec sa ligne éditoriale. Pour l'occasion il avait fait chauffer la carte bleue pour mettre en place un stand attractif.

Il s'était donc assit ce matin pour faire ses dédicaces de la moitié de la journée. Qui heureusement, n'était pas constituées que de simples signatures. Il avait aussi discuté avec de nombreux visiteurs, pour expliquer sa démarche, du pourquoi écrire ce genre de littérature. De son processus d'écriture, ses inspirations. Ne manquant pas de faire de la publicité pour le Crimson. Seule chose qu'il refusait était les photos. Voulant vraiment se protéger. Autant quelqu'un pouvait avoir le même nom que nous, autant la même face... C'était peu probable.

Voyant Charlotte et la barmaid, Hiacynthe, arriver vers lui. C'était bientôt l'heure de sa pause repas. Il était bien quatorze heures et n'avait pas encore pu manger quelque chose. Face au cadeau que la brune fit à l'avocate, il ne put que sourire. Pour dédicacer l'exemplaire à « Charlotte, mon amie et ma fan numéro 1 », de bon coeur. Les deux femmes semblaient filer le parfait amour. Il était heureux de voir la rouquine dans cet état, comparait à ce soir ou elle avait bu à l'excès dans son coin.

Les bas-fonds du CrimsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant