Épisode 16, partie 3 : Erwann

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Erwann n'était pas dans son état normal et ce depuis quelques jours déjà. En réalité, c'était depuis cette fameuse soirée qu'il avait passé avec Absynthe. Il pouvait même qualifier cela de nuit, même si elle n'avait pas dormi chez lui pour repartir au petit matin, ils avaient quand même couché ensemble plus d'une fois au cours de la soirée. Après cela, le brun s'aimait à penser que ce n'était qu'une baise, qu'il aurait pu s'en passer, mais non. Ce fut tout le contraire...

Depuis qu'elle avait foulée les draps de sa couche, la vie du patron du Clovis avait complètement basculé. Lui qui s'était dit qu'il allait pouvoir l'amadouer, pour ensuite la soumettre à lui, histoire qu'elle se sorte de la tête cette histoire de dominant pour ne plus jamais le soumettre n'était à présent plus possible. En effet, à présent, ses pensées n'étaient tournées que vers cette diablesse hypnotique. Comment avait-elle pu lui jeter un tel sort ? Lui qui ne s'était jamais engagé avec personne, désirait aujourd'hui tout lâcher pour une femme... Et pas qu'une simple femme. Une talentueuse entrepreneuse, il fallait le dire !

La nuit, il ne dormait plus, ou alors, quand le sommeil le rattrapait, ses songes étaient amplis d'images inventés et de souvenirs d'Absynthe pendant l'acte du coït, gémissante et merveilleusement sensuelle. Alors, il se réveillait en sursaut, en nage, se ruant sur sa salle de bain pour prendre une douche froide, histoire de se remettre les idées en place. Car après de tels rêves, il n'avait qu'une seule envie, l'appeler et la supplier de revenir ici pour à nouveau la prendre dans ses bras. Mais non, il ne devait pas céder. Pour lui, cela revenait à une trahison, se trahir lui-même, envers ce qu'il était.

Pourtant, quand elle l'avait appelé dernièrement, il avait réagi comme un chien fidèle à son maître. Voyant d'abord son nom apparaître sur l'écran de son portable, il avait tout de suite imaginé qu'elle voulait le revoir, lui proposer un rendez-vous galant ou bien une soirée en toute amitié. Mais non, son espoir tomba à l'eau quand il comprit ce qu'elle voulait. Qu'il lui prête son cuisinier. Habituellement, il aurait catégoriquement refusé, après tout, ses amis ou relation n'avait qu'à avoir ce qu'il fallait pour se payer un chef personnel. Sauf qu'avec Absynthe... C'était comme si l'envie de lui refuser quelque chose n'existait plus. Qu'il s'était assagit. Il pensa d'ailleurs à la scène dans le film Harry Potter, ou l'un des trois protagonistes lançait un Impero sur un gobelin pour qu'il fasse ce qu'il souhaite à la banque Gringotts. Lui prêtant sans rien demander en retour, son employé. Il était même prêt, si elle se osait à lui demander, de payer à nouveau ce grand chef Bordelais qu'il avait commandé pour cette précédente soirée avec elle.

Il avait bien compris qu'il ressentait des sentiments forts pour la brune aux yeux mauves, pourtant, il ne pensait pas que ça allait aussi loin. Ne comprenant pas vraiment comment en si peu de temps, il pouvait ressentir un amour si intense, si profond... Si addictif.

Depuis lors, il n'était pas ressorti de l'immeuble abritant son appartement et son commerce. Il ne descendait même plus au Club pour voir si tout se passait bien, faisant totalement confiance à son manager qu'il avait justement bien choisi pour le seconder parfaitement. Son bureau aussi était alors déserté, restant littéralement cloîtré au fin fond de son appartement. Il avait fini par renvoyer quelque temps son cuisinier et refusait l'entrée aux femmes de ménage. Ne faisant que commander sur une application quand une fringale le prenait, il arpentait alors sans relâche, tel un lion tournant dans sa cage, les mètres carré de son appartement. Se triturant l'esprit pour trouver une solution à son problème.

Tout d'abord, il se demanda si quitter la ville serait une bonne idée. S'en étant persuadé pendant bien une heure, il avait commencé à ouvrir une valise pour mettre en désordre ses vêtements, puis finalement, s'était rendu compte de l'absurdité de son raisonnement. Il était le patron du Club juste en dessous de ses pieds, alors même s'il quittait la ville, il serait bien obligé de revenir de temps à autre pour contrôler et s'occuper de l'administration... Le hic était que le Crimson était à quelques minutes à pied... Arriverait-il à résister à l'envie de courir là-bas pour apercevoir Absynthe quelques minutes tel un paria ?

Les bas-fonds du CrimsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant