Épisode 17, partie 4 : Absynthe

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En ce mercredi, Absynthe était de bonne humeur, il fallait le dire. Elle avait appris que le nouveau petit couple de la bande, Nikolaï et Billy étaient venu un soir et avait loué une chambre. La patronne était heureuse de constater que celui-ci avait une vie active et amusante et surtout que Billy s'acclimatait parfaitement à tout ceci, aux vues de ce que lui avait raconté Hiacynthe du soir ou le russe était venu faire du rentre-dedans au petit blondinet.

Son travail de la journée n'était pas très important, elle devait vérifier le planning des prochaines soirées à thème et trouver celles du mois prochain. Rien de très dur, en soi. Il fallait simplement de l'imagination. Heureusement, ses amis en avait à revendre et elle avait même fini par mettre en plus une sorte de liste, dans laquelle elle pouvait piocher des thèmes et ajouter de nouvelles idées. Elle pouvait gérer son Club seule, mais pour ce qui était du renouvellement des idées pour les spectacles, être à plusieurs aidait grandement.

Il était à peine seize heures quand sa journée se clôtura, si on pouvait dire. Vérifiant une dernière fois son agenda, elle s'apprêtait à sortir du bureau quand on frappa à la porte. C'était Alexandre, un des serveurs, qui tenait une enveloppe dans sa main.
- Cette lettre vient d'arriver par coursier, patronne.
- Bien, merci.

Elle réceptionna le pli pour ensuite aller se rasseoir à son bureau une fois seule. Inspectant l'enveloppe, son angoisse commença alors à monter en flèche. Une lettre d'Erwann, elle était estampillée du Clovis. Qu'est-ce que c'était que cette merde encore ? Il voulait lui mettre à nouveau des bâtons dans les roues ? Ou bien peut-être lui faire jurer de passer sous silence la soirée qu'ils avaient passée à son appartement ? Il se prenait décidément bien trop la tête le petit patron de Club.

Soupirant, elle se passa une main dans les cheveux, il fallait qu'elle se calme. À vrai dire, elle avait une sacrée mauvaise expérience avec les lettres de ses amis... Car oui, elle considérait Erwann comme un ami à présent, sans le lui dire, bien sûr. Il fallait dire que depuis la lettre de suicide d'Equinoxe... Elle angoissait de recevoir une lettre d'un de ses amis... Mais... Et si c'était un message affreusement triste, comme dans la lettre de la tatoueuse ?

Bon, d'accord, il faut que tu te calmes Absynthe. Ce n'est qu'une lettre. Si ça se trouve, Erwann voulait à nouveau l'inviter chez lui, ou bien à une soirée de son Club et lui avait fait parvenir une lettre pour faire un peu plus officiel ? Oui, ce devait sans doute être ça. Attrapant son coupe-papier, elle brisa la fine membrane qui fermait l'enveloppe pour en retirer la lettre. Elle était écrite à la main, avec la belle écriture rapide et sèche du brun. C'était presque une écriture de médecin, sauf qu'on comprenait mieux ce qui était inscrit. Elle respira un grand coup avant de commencer sa lecture.

« Ma chère Absynthe.

Je n'en peux plus. Il fallait que je t'écrive cette lettre. Que je t'avoue ce que j'ai sur le coeur. Même si après tu jettes ce bout de papier inutile au feu et fait comme si ce que tu y as lu n'existait pas. Je m'en fiche. Je veux simplement que tu le saches, car ça me torture. Tous les jours que j'affronte depuis ta rencontre est un véritable calvaire.

Quand je t'ais rencontré, je t'ais trouvé attirante, à mon goût, il faut le dire. Et j'avais des pensées machistes et pas très catholiques à ton encontre, mais ça, je pense que tu t'en fiches, clairement.

À un moment, j'ai eu envie de te séduire, pour te faire payer ce que tu me faisais. J'étais jaloux et impulsif. Sauf qu'à force de te cotoyer... J'ai fini par ressentir quelque chose. Quelque chose de bien plus puissant que l'amitié. Quelque chose que je n'avais jamais vraiment ressenti pour quelqu'un. J'ai l'habitude des coups d'un soir... Mais... Depuis que mon éducation a été fini, j'ai ressenti un gigantesque manque dans mon coeur.

Les bas-fonds du CrimsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant